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Simon Gauzy, ou comment briller par sa magnifique persévérance

Simon Gauzy au China Smash le 30 septembre 2025.
Simon Gauzy au China Smash le 30 septembre 2025.SUN FEI/XINHUA VIA AFP

Après cinq défaites sur le circuit WTT, Simon Gauzy est parvenu à battre son jeune compatriote Félix Lebrun en 8ᵉ de finale du Champions de Montpellier jeudi. Un exemple de persévérance pour un joueur qui, à 31 ans, semble vivre plus que jamais la plus belle période de sa carrière.

Pour la seconde fois de sa vie de pongiste, Simon Gauzy va disputer un quart de finale en Champions. La dernière fois, c'était en Corée du Sud en 2024, à Incheon, lorsqu'il avait battu successivement Dang Qiu et Lee Sangsu avant de s'incliner à la belle contre le Chinois Liang Jingkun dans un match d'anthologie (14-16, 8-11, 13-11, 16-14, 11-5).

Jeudi soir, le N°3 français a également livré un match complètement dingue, mais cette fois-ci, c'est lui qui en est sorti vainqueur. Et, lorsque l'on regarde en arrière, il n'a pas souvent pu profiter d'une victoire malgré ses très belles performances.

C'est cruel, car il élimine le tenant du titre, la légende locale, mais Gauzy a aussi mérité son moment de gloire. Ce dernier n'avait jamais battu Félix Lebrun. 4-11, 11-8, 12-10, 6-11, 11-5, le N°1 français n'a pas su trouver les solutions pour dérégler son adversaire en fin de match – tout en manquant légèrement d'efficacité dans le troisième set. "Il a joué de mieux en mieux au fil de la rencontre. Simon est un joueur exceptionnel dans l'échange. Il fallait que je sois agressif sur les premières balles pour pouvoir dominer et qu’il recule un peu. Ça a été le cas au début mais au fil du match, je n'arrivais plus à le gêner", a-t-il déclaré au micro de RMC Sport après la rencontre.

Fin de l'aventure pour Félix, mais pas pour Simon, qui pourrait être le dernier Bleu en lice. Alexis Lebrun joue ce vendredi soir (20h50) contre le Japonais Tomokazu Harimoto, la tête de série N°2.

"Bravo à lui. Perdre face à un Français est mieux que de perdre face à un étranger même si j’avoue que je suis très déçu", a ajouté l'actuel 5ᵉ mondial. Et, au regard du niveau affiché par son coéquipier en équipe de France, il n'y a peut-être pas à rougir.

"Pour moi c'est une fierté de le battre enfin, c'est quelque chose d'exceptionnel. Il est fantastique. Merci à Felix pour tout ce que tu fais pour le ping français", a d'ailleurs déclaré Simon juste après sa victoire.

Un niveau fantastique

Un succès qui porte une symbolique forte. Dans l'imaginaire collectif, la passation de pouvoir se fait de la sagesse à la jeunesse. Sur l'Infinity Arena jeudi soir, c'est finalement l'inverse qui s'est produit. L'expérimenté l'a emporté sur le plus précoce des deux. À 31 ans, Gauzy n'a jamais semblé aussi fort. Voilà déjà un an et demi qu'il surfe sur sa dynamique et il ne souhaite certainement pas s'arrêter là. 

Pendant des années, il n'a jamais pu concrétiser son travail par des victoires. Désormais, c'est plus que de simples succès d'estime, c'est un accomplissement.

En 2025, il y a notamment eu son formidable parcours au Smash Europe, dont seul le Chinois Lin Shidong a réussi à mettre fin – non sans mal. Une demi-finale dans une compétition aussi prestigieuse, c'est fort. Glaner une médaille d'or avec les Bleus, c'est également sublime. Et désormais, il y a cette qualification pour les quarts de finale d'un Champions devant son public. 

À ses yeux, ça n'a probablement plus grande valeur. "Jouer devant vous va être incroyable", a d'ailleurs réagi Gauzy juste après sa victoire.

Mais, plus globalement, c'est une récompense logique quand on rembobine sa carrière. Il l'a dit à plusieurs reprises, le public français ne cesse de lui dresser des louanges et cela lui donne envie de se dépasser toujours un peu plus. Face à Félix Lebrun, malgré le contexte délicat de jouer un compatriote à Montpellier, on a senti un joueur essayant de donner son maximum pour régaler la Sud Arena.

"J'avais l'impression qu'il était imbattable. Je suis très triste qu'il soit dehors mais je suis content de passer. Que je joue bien ou mal, j'ai tout donné. J'ai très bien joué. Je n'avais perdu sept fois d'affilée contre quelqu'un. J'ai passé un moment dingue. Je suis content. Je vis un rêve éveillé. Je n'ai jamais reçu autant d'amour", a-t-il déclaré pour RMC Sport après coup. Maintenant, il va pouvoir profiter à fond et n'émettre plus aucun regret pour aucun adversaire jusqu'à dimanche... excepté Alexis Lebrun ?