Plus

Des "doutes" puis le "mental", Jean-Philippe Gatien se souvient du titre mondial de 1993

Jean-Philippe Gatien en février 2019.
Jean-Philippe Gatien en février 2019.PHILIPPE MILLEREAU/DPPI via AFP
Des doutes après les JO de Barcelone au "plus grand titre" de sa carrière en Suède, Jean-Philippe Gatien est revenu pour l'AFP sur son sacre aux championnats du monde de tennis de table en 1993 et évoque la nouvelle génération.

Il y a 32 ans à Göteborg, au terme d'un "combat" remporté en cinq sets face au Belge Jean-Michel Saive, Gatien se hissait au sommet du ping mondial, demeurant encore aujourd'hui le seul champion du monde français en simple.

"Ça reste le plus grand titre de ma carrière, ça reste à vie", affirme l'ancien pongiste de 56 ans à quelques jours du début des Mondiaux de Doha (17-25 mai) ce samedi.

Pas à son meilleur niveau "techniquement parlant", Jean-Philippe Gatien se souvient avoir été à son "apogée mentalement" pour décrocher le titre, quelques mois après avoir été médaillé d'argent aux Jeux de Barcelone en 1992.

"Je gagne 21-18 au cinquième set. Ces trois points, il ne faut pas aller les chercher ailleurs que dans l'expérience d'avoir déjà vécu une grande finale", raconte-t-il.

L'après Barcelone n'a pourtant pas été qu'une partie de plaisir pour le Français dont "la gestion de la notoriété a été très complexe".

"Cette volonté de profiter de cette médaille, de répondre présent aux invitations médiatiques car je voulais qu'on parle de mon sport et de moi, s'est retrouvée en totale opposition avec la rigueur nécessaire au quotidien pour continuer à être performant", se rappelle-t-il.

"Grosse période de doute"

Pris dans "une grosse période de doute", Jean-Philippe Gatien ne gagne quasiment plus un match après les JO. "J'ai totalement perdu pied, mon efficacité", souligne-t-il pour expliquer sa décision de couper entre décembre 1992 et février 1993 : "Pendant deux mois, je n'ai pas touché la balle. Je me reposais, profitais, voyageais". Une décision salvatrice pour mieux repartir vers la quête d'une victoire aux Mondiaux.

Alors selon lui, "la gestion post-olympique des Lebrun a été exceptionnelle", marquée entre autres par les titres de champion d'Europe – simple pour Alexis Lebrun et en double – ou celui de Félix au WTT Champions de Montpellier.

Et si ce dernier a été en difficulté début 2025, "ce n'est pas vraiment une surprise d'avoir des périodes de mou dans une année post-olympique", rappelle Gatien.

"Félix passe du temps à transformer son jeu. Ça ne se fait pas dans une ascension permanente et il s'en sort extrêmement bien", ajoute-t-il.

Alignement des planètes

Quant à Alexis, à court de forme après plusieurs semaines d'absence pour une blessure à la main et encore incertain jusqu'au dernier moment pour Doha, "tout le monde peut comprendre s'il n'est pas à son meilleur niveau, et il peut aussi être transcendé par cette envie de jouer. En tout cas, c'est bien pour tout le monde qu'il soit là", assure Gatien.

Outre les Lebrun, Jean-Philippe Gatien se réjouit également pour l'ensemble de la nouvelle génération, représentée par exemple par Léana Hochart (16 ans) à Doha ou encore Flavien Coton, 17 ans, et sacré champion d'Europe U21, il y a quelques jours.

"Félix et Alexis, qui sont quand même très jeunes, sont déjà talonnés par des jeunes pousses", constate Gatien qui évoque "un alignement des planètes pour le tennis de table français" et "de belles perspectives dans la durée pour les résultats masculins et féminins de notre sport".

À commencer par des résultats à Doha ? "Les Lebrun nous font perdre nos repères. On en arrive à se dire qu'une médaille aux Mondiaux, c'est facile, alors que ça va se chercher, c'est un long tournoi. Mais j'espère que la France, comme elle le fait depuis quelque temps, répondra présente."