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Exclu Flashscore : Pliskova se confie sur sa longue blessure avant son retour sur les courts

Karolina Pliskova est une ancienne numéro un mondiale
Karolina Pliskova est une ancienne numéro un mondialePaul Bonser / Actionplus / Profimedia
Impossible de la trouver dans le classement WTA. Plus d’un an s’est écoulé depuis son dernier match officiel. Pourtant, Karolina Pliskova fait enfin son retour sur les courts après une longue période de soucis de santé. Sa reprise a lieu à Caldas de Rainha, au Portugal, une ville située au nord de Lisbonne. Juste avant le tournoi, l’ancienne numéro un mondiale a accordé une longue interview à Flashscore.

L’année 2024 a très bien commencé pour Karolina Pliskova. Après de longs mois d’absence, elle avait réussi à remporter le tournoi de Cluj. Elle avait ensuite tenu tête aux meilleures joueuses, restant proche du top 40 mondial, avant de même disputer la finale sur gazon à Nottingham.

Mais le pire est arrivé. À l’US Open, contre l’Italienne Paolini, tout s’est arrêté subitement au deuxième tour après seulement deux minutes. Depuis le 29 août 2024, elle n’a plus pu jouer au tennis. Soit 383 jours... jugés interminables.

Flashscore : Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand vous repensez à ce match de l’US Open contre Jasmine Paolini l’an dernier ? Il n’y a eu que trois échanges...

Pliskova : « Ma cheville a lâché et on m’a évacuée en fauteuil roulant. La plus grande honte... Je suis allée directement à l’hôpital. Ils ont découvert que tout était fissuré. Ligaments, tendons... Seuls les os tenaient encore. Donc, l’opération était évidente. »

À ce moment-là, saviez-vous que vous alliez être absente plus d’un an ?

« Pas vraiment. À vrai dire, je n’ai jamais été très attentive à ma santé, parfois j’ai eu un souci au poignet, parfois un blocage quelque part, mais sinon je n’ai jamais raté un tournoi. Je n’ai jamais abandonné. Mon corps a toujours bien tenu. Donc, je pensais que ça irait, que je reviendrais trois mois plus tard. Mais ensuite, tout a changé... Je prévoyais déjà de jouer en Australie. Et si ce n’était pas possible, je voulais faire Miami et Indian Wells en mars. Et finalement, je ne rien fait de tout cela.. »

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?

« Il y a eu des complications pendant la guérison. Et au final, j’ai dû subir une autre opération parce que ça n’allait pas mieux et ma jambe restait très enflée. Impossible de supporter la moindre charge, rien. Voilà... et ça fait plus d’un an, même si je n’en ai pas l’impression. C’est passé assez vite. »

De joueuse à podcasteuse

Vous ne vous êtes pas ennuyée. Vous vous êtes fait remarquer chaque semaine avec votre mari, Michal Hrdlicka, en lançant le podcast Rakety.

« Ça me plaît. Ça me pousse aussi à regarder un peu de tennis, alors que habituellement je n’en aurais pas regardé. Maintenant, je visionne certains matches enregistrés pour rester à jour. Le début était un peu difficile, mais maintenant c’est devenu agréable. Ça été ma façon de rester proche du tennis. »

Est-ce difficile de trouver de nouveaux sujets à chaque épisode ?

« Je sais que ça donne l’impression qu’on déteste le tennis. Ce n’est pas le cas. C’est juste se retrouver et parler tennis pendant une heure. On pourrait discuter trois heures, mais personne ne nous écouterait. » (rires)

Comment tout cela a-t-il commencé ?

« C’est mon mari Michal qui a lancé l’idée. Au départ, il voulait le faire avec sa sœur, car elle avait commencé à commenter et elle avait vu beaucoup de tennis. Et quand je me suis blessée, ils m’ont proposé de participer aussi.

« On est quatre, Fanda Haspl commente aussi, donc il voit beaucoup de matches. C’est un vrai passionné. Il est fou, il regarde les challengers, tout, il a une vision très large. Maintenant, on verra comment ça se passe. Ce sera peut-être plus compliqué car je vais voyager. Et puis, je n’ai pas trop envie de critiquer ou de parler des autres. Parce que si je joue contre elles, c’est gênant si je perds. Donc je participerai peut-être moins souvent maintenant. »

Revenons sur le court. Vous débutez au Portugal. Quel est le plan global pour votre retour ?

« Je vais disputer mon premier tournoi officiel maintenant. Mon objectif, c’est de jouer un peu en cette fin d'année. Mais je n’ai pas de grandes attentes sur ce que ça va donner. Je ne sais pas... Peut-être que ce sera super, peut-être pas. Mais je pars avec l’idée d’être prête pour l’Australie et toute la saison prochaine. »

Est-ce difficile de pouvoir s’inscrire aux tournois ?

« Je ne figure pas du tout au classement actuellement. Mais avec le classement protégé, je suis dans le top 40, ce qui est plutôt bien. Je peux en fait entrer presque partout. Et je vais recevoir quelques wild cards. Donc oui, il y a une certaine sécurité. »

Vous commencez au Portugal. Et pour les autres destinations, vous avez déjà des idées ?

« J’ai reçu une wild card pour le Portugal, puis j’en ai aussi en Asie. Je crois que j’en ai une pour Tokyo et ailleurs au Japon, et on m’a aussi proposé quelque chose en Chine. Mais ça, ce sera plus tard, quand je me sentirai mieux et en confiance.

« Pour l’instant, avec ce premier tournoi, on vit au jour le jour. Je ne peux pas encore planifier à cinq ou six semaines d’avance. Bien sûr, j’aimerais jouer le plus de tournois possible, mais on verra ce que mon corps me permet. »

Pensez-vous être une attraction pour les organisateurs de tournois ? Tout le monde sait que vous voulez revenir....

« Pour les petits tournois, oui, mon nom compte encore. Mais pour les grands, je ne sais pas vraiment. Bien sûr, c’est toujours compliqué d’entrer dans les Grands Chelems, mais grâce au classement protégé, je peux en choisir deux l’an prochain, et je vais en profiter. »

Vous savez déjà lesquels ?

« Je prendrai probablement l’Australie et Wimbledon. Je pense que ce sont ceux où j’ai le plus de chances de jouer pour gagner. Et l’US Open, j’espère pouvoir y accéder sans aide. Je zapperais juste Paris, mais peut-être que je jouerai quelques tournois et que j’y arriverai aussi. Mais c’est difficile de prendre une décision à long terme, on ne sait pas ce qui peut arriver dans six mois. Mon corps est incertain en ce moment. Je vois que ce n’est pas seulement la jambe, je gère d’autres soucis. Il est juste abîmé après tant d’inactivité... »

Vous avez été éloignée des courts pendant un an, sans pouvoir jouer. Qu’avez-vous ressenti en reprenant la raquette ? N’avez-vous pas perdu confiance dans votre jeu ?

« Le tennis, ça va. J’ai rejoué après six mois, et j’ai eu l’impression que la pause n’avait duré que deux semaines. Mon bras va très bien. Je ne pense pas avoir perdu mon toucher. C’est la condition physique qui est plus difficile. Je ne pouvais même pas marcher, donc il m’a fallu énormément de temps pour recommencer à courir et à bouger normalement.

« Le déplacement est vraiment le plus compliqué, ce n’est pas encore ça, mais je crois que je vais passer un cap et enchaîner les matches officiels petit à petit. Mais j’ai la force, j’ai continué à m’entraîner en salle, et ce dès deux mois après l’opération. À ce moment-là, je me disais qu’il fallait être rapide, au cas où la jambe tiendrait, autant être prête. »

Avec qui vous êtes-vous entraînée ? La plupart des joueuses voyagent beaucoup...

« Ça a été un vrai problème. Ces dernières semaines, j’ai joué avec des garçons parce qu’il n’y avait pas grand monde à Prague, ou les filles étaient blessées. On n’a pas réussi à trouver quelqu’un. Donc le vrai test, ce sera le tournoi officiel. »

Vous avez attendu plus d’un an pour revenir. Vous avez observé Belinda Bencic et Petra Kvitova, par exemple, qui ont aussi connu une longue pause forcée.

« Chacune vit ça différemment. Mais elles, c’était après leur grossesse, et c’est différent d’une opération. Je ne sais pas comment elles l’ont vécu émotionnellement, mais je pense qu’elles ont repris assez tôt. Belinda, c’est sûr, elle a rejoué après un an. Et comme elle, je voulais recommencer par un tournoi plus petit, pas aller à Pékin et tomber sur une adversaire injouable.

« Ce n’est pas la période de la saison où je peux choisir. Mais c’est une catégorie 125 et je pense que c’est bien pour débuter. Ensuite, je prévois d’aller en Asie, j’aimerais jouer quelques tournois plus modestes là-bas, mais peut-être aussi Wu-chan, qui est un 1000. »

Une concurrence féroce

Il y a beaucoup de critiques dans le monde du tennis sur le trop grand nombre de tournois, la surcharge des joueuses et la multiplication des blessures. Quel est votre avis ?

« Je pense que c’est pareil, voire mieux qu’avant. Je sais qu’il y avait beaucoup de déplacements. Il y avait la Fed Cup trois fois par an, ce qui prend moins de temps maintenant.

« J’ai l’impression que les filles se plaignent tout le temps, mais je ne sais pas pourquoi. Elles sont aussi mieux payées qu’avant. »

Mais le calendrier des tournois a changé…

« Oui, il y a maintenant des tournois sur deux semaines, mais j’ai l’impression que c’est juste pour occuper le temps. Tout le monde s’entraîne de toute façon, reste actif. Ce n’est pas comme si on prenait une semaine de repos. Donc, je ne suis pas vraiment d’accord avec ça. »

Où voyez-vous le vrai problème ?

« Je n’aime pas comparer les saisons. Mais avant, par exemple, en Grand Chelem, c’était évident que les trois premiers tours, la tête de série passait facilement, les dix meilleures étaient intouchables. Maintenant, peut-être seule Sabalenka a cette assurance. La concurrence est plus rude, le tennis est plus physique. Aujourd’hui, il y a 120 filles capables de battre n’importe qui du top 10. Toutes travaillent dur, ont des équipes autour d’elles, des préparateurs physiques, tout. »

Comment est composée votre équipe ?

« J’ai monté une sorte de mini-équipe avec deux entraîneurs de notre académie, Michal Franek m’a accompagnée sur certains tournois et était là lors de ma victoire à Cluj l’an dernier. L’autre, c’est Martin Triska, mais il n’est pas avec moi au Portugal. Il est aussi ancien joueur, et il connaît bien Michal.

« Bien sûr, Martin Salvador, mon kiné, avec qui je travaille depuis plus de dix ans, il sera partout avec moi. Et j’ai aussi un préparateur physique, avec qui j’ai commencé à travailler l’an dernier avant l’US Open. Il viendra sûrement sur quelques tournois aussi. »

Quand déciderez-vous si votre retour est réussi et quels sont vos objectifs ?

« J’ai une bonne équipe autour de moi et je veux y aller tranquillement. Je ne veux pas d’entraîneur star, ni de pression, je n’attends rien de particulier pour l’instant, je veux juste avancer sereinement. Peut-être que ça marchera. »

Suivez le retour de Pliskova sur Flashscore.