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Nouvelle révélation française, Valentin Royer peut-il s'installer au plus haut niveau ?

C'est quoi la suite pour Valentin Royer ?
C'est quoi la suite pour Valentin Royer ?AFP

Finaliste surprise à Hangzhou, Valentin Royer est désormais bien installé dans le Top 100 ATP. Une belle récompense pour une progression linéaire, mais peut-il aller plus haut ?

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Sacrée saison pour le tennis français, considéré comme moribond, mais qui a raflé pas moins de cinq titres, ATP et WTA confondus : Alexandre Müller à Hong Kong, Gaël Monfils à Auckland, Ugo Humbert à Marseille, Lois Boisson à Hambourg et Tiantsoa Sarah Rakotomanga Rajaonah à São Paulo. Sans compter, par exemple, le parcours de la même Boisson vers le dernier carré à Roland-Garros, ou encore celui de Terence Atmane depuis les qualifications jusqu'aux demi-finales à Cincinnati. 

Un sixième titre a bien failli tomber ce mardi à l'ATP 250 d'Hangzhou. En effet, Valentin Royer a signé sa semaine référence sur le circuit principal. Engagé en qualifications, il a remporté six victoires d'affilée avant de menacer un des hommes de la saison, Alexander Bublik, en finale, ne s'inclinant que 7-6 (4), 7-6 (4).

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À 24 ans, le voilà 76e au classement ATP, ce qui est bien évidemment son plus haut sommet. Le tout avec une marge de progression, mais nombreux sont les espoirs qui ne parviennent jamais à franchir les derniers caps pour devenir Top 20, voire mieux. Au vu du nombre de joueurs français présents dans le Top 100 (13), Royer a-t-il l'étoffe d'un futur grand ?

Talent et solidité

Déjà, il s'appuie sur une arme essentielle dans le tennis actuel : le service. Toujours autour des 60% de première balle, atteignant souvent la barre des 10 aces par match, il peut construire ses points de la meilleure façon possible. Ce qui lui permet souvent de diriger l'échange avec son grand coup droit, ce qu'il a parfaitement fait notamment dans son succès référence à Hangzhou : contre Andrey Rublev en 8ème de finale. 

Alors que la veille, il était passé à deux points de la défaite contre le modeste Aleksandar Kovacevic, il a torpillé en deux sets la tête de série n°1 du tournoi et Top 15, avec pas moins de 31 coups gagnants ! Et surtout, un tiebreak gagné 7-2 avec une incroyable maestria, alors qu'il s'agissait de son premier 8e de finale sur le circuit principal. 

Sa finale, contre un des joueurs les plus en forme du moment, est clairement porteuse d'espoir. Défaite en deux tiebreaks contre un Bublik qui a pris tous les risques au service dans les moments chauds, sans jamais concéder sa mise en jeu, en étant ultra-solide sur son service et en passant très proche, finalement, du titre. À un léger manque d'expérience près...

Une semaine référence pour un énième Français issu des circuits secondaires. Sa carrière juniors n'avait rien d'extraordinaire (au mieux un quart de finale à l'US Open en 2019). Il commence à s'échauffer sur les circuits ITF et Challenger quand le Covid frappe. Il lui faudra attendre 2022 pour obtenir son premier titre professionnel, un modeste M15 au Monténégro.

Entre le Challenger et l'ITF, il gagnera au total 10 titres, mais il souffrira de multiples blessures, dont une au poignet en 2023, et son entrée dans le Top 200 ne date que de la fin de saison 2024. Un an plus tard, il est 76e mondial et finaliste ATP : comment expliquer une telle progression ? 

Un sacré aplomb

Réponse évidente : la confiance. Quand, après le match, il lui est demandé ce dont il est le plus fier, la réponse transpire l'ambition (propos recueillis par L'Équipe)

"L'aspect mental, sans hésiter. J'ai réussi à rester calme toute la semaine, mes émotions ne sont pas parties dans tous les sens et c'est sur ça que je mets l'accent. J'ai aussi mieux servi, mieux retourné, il y a plein de choses positives. Je ne me suis jamais dit que je ne pouvais pas regarder dans les yeux ces gars comme Rublev ou Bublik, proches du top 10. Honnêtement, ces mecs-là, je me dis que je peux les accrocher, il y a la place d'aller chercher quelque chose de grand. Je suis content de m'en approcher et j'espère que ce n'est que le début."

Évidemment, s'il joue toute l'année à ce niveau, le Top 50 sera une formalité, et peut-être bien plus encore. Le plus dur, ce n'est pas d'arriver au sommet, mais d'y rester. La position entre 50e et 100e est la plus compliquée, car cela implique des premiers tours souvent compliqués, en Grand Chelem ou ailleurs. Un peu de malchance enchaînée au tirage, on se retrouve à jouer des Top 10 sur quatre ou cinq tournois d'affilée, et on ne gagne aucun match pendant trois mois. 

Attention à la suite

Pour éviter ça, il va retourner jouer au niveau inférieur directement, puisqu'il est censé affronter Borna Gojo au premier tour du Challenger de Jingshan ce mercredi - en admettant qu'il ne déclare pas forfait, ce qui serait entendable. Derrière, direction les qualifications du Masters 1000 de Shanghai, dont il peut raisonnablement espérer sortir. 

Sur les trois derniers matchs de la saison 2024, il n'a gagné que 5 matchs, tous au niveau Challenger. Ce qui veut donc dire qu'il n'a que très peu de points à défendre. L'occasion est belle de faire un push vers le Top 50, qui n'est actuellement qu'à 200 points. Problème, il a déjà énormément joué cette saison.

L'objectif était de rentrer dans le Top 100, et il l'a finalement achevé en août. Mais à quel prix ? Il a joué pas moins de 76 matchs cette saison, pour un bilan tout à fait honorable certes (53 victoires - 23 défaites), quand il en avait joué 78 sur toute la saison dernière, son plus haut totale en carrière. Cela a déjà commencé à se payer, car il est apparu clairement les traits tirés en finale à Hangzhou. Et bien sûr, les effets de son nouveau classement vont tarder quelque peu à se faire sentir, ce qui fait qu'il devra sans doute passer par les qualifications pour le début de la tournée en salle européenne. 

Le plus sage serait sans doute de terminer la saison au niveau Challenger, ce qui n'est pas exclu. Mais qu'importe pour un joueur qui apprécie chaque occasion. Quand il était encore englué sur les Challengers, avec pour but les qualifications de Roland-Garros, il confiait à Dicodusport "Si je dois laisser des poumons sur le terrain pour me qualifier à Roland-Garros, j’y vais tous les jours. Et même si je dois faire sept matchs à 7-6 au dernier set pour me qualifier, je n’en ai rien à faire, let’s go !"

Cet objectif-là est rempli, tout comme celui du Top 100 donc. La suite ? Un premier titre, le Top 50, 40, 30, 20 ? Après sa défaite contre Denis Shapovalov au deuxième tour du dernier US Open, il déclarait à L'Équipe "Il faut aller de l'avant et rester positif. Il faut continuer à travailler intelligemment, faire de mon mieux et, après, on fera les comptes." Les comptes sont bons, et pour l'instant, on ne voit pas de limites. Alors, des 13 Français dans le Top 100, Valentin Royer sera-t-il celui qui explosera pour de bon ? 

Les 13 Français dans le Top 100 (au 23 septembre)

Ugo Humbert (23) - Arthur Fils (24) - Giovanni Mpetshi Perricard (36) - Corentin Moutet (37) - Alexandre Müller (38) - Benjamin Bonzi (47) - Gaël Monfils (53) - Arthur Rinderknech (54) - Adrian Mannarino (60) - Terence Atmane (68) - Quentin Halys (75) - Valentin Royer (76) - Arthur Cazaux (80).