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Lundi Olympique #7 : Mathis Desloges aborde avec appétit les Mondiaux de ski de fond

Pas de limites pour Mathis Desloges.
Pas de limites pour Mathis Desloges.ČTK / NTB Scanpix / Geir Olsen / Flashscore
Tous les lundis, focus sur un athlète, une équipe de France ou une compétition en rapport avec les Jeux Olympiques en vue de Milan - Cortina 2026 et Los Angeles 2028. À l'aube des Championnats du monde de ski nordique, focus sur Mathis Desloges, jeune promesse de l'équipe de France de ski de fond, pas dénué d'ambitions alors que sa carrière ne fait que commencer.

Dès mercredi, le gratin du ski nordique mondial sera en Norvège, à Trondheim, pour les Championnats du monde. Si les équipes de France de saut à skis et de combiné nordique ne semblent pas en mesure d'aller jouer pour le podium, celle de ski de fond sera attendue pour faire au moins aussi bien qu'en 2023 (deux médailles de bronze). 

Si Lucas Chanavat est une chance de médaille évidente en sprint, si Hugo Lapalus ou Jules Lapierre jouent souvent placés, les Bleus ont reçu le renfort de Mathis Desloges. Champion du monde U23 la saison passée, il est désormais intégré à plein temps dans le groupe élite, a signé ses premiers Top 10 en Coupe du monde, et occupe la 11e place du général. Suffisant pour jouer les premiers rôles aux Mondiaux ?

"Je suis en forme, c'était des fois compliqué avec l'enchaînement des courses, mais on a réussi à avoir un peu de fraîcheur." Déjà des Mondiaux séniors à 22 ans, "une bonne nouvelle que cette sélection", alors qu'il aurait pu retourner aux Mondiaux U23 pour enrichir son palmarès. "Ce n'était pas un choix facile à faire, mais je suis tombé un peu malade après le Tour de Ski (autour du Jour de l'An, NDLR), je n'ai pas pu m'entraîner pendant quelques temps, et ça ne rentrait pas dans une préparation optimale pour les Mondiaux, qui restent l'objectif de la saison."

Un titre mondial U23, ça change quelque chose ? "C'était l'objectif de la saison dernière. J'avais eu l'occasion de faire mes débuts en Coupe du monde juste avant. Je savais que la forme était là, mais entre être capable et le faire, il y a souvent un écart. C'était un très bel accomplissement." De quoi le booster pour performer chez les séniors. "J'ai la chance de m'entraîner avec des athlètes qui ont un palmarès long comme le bras. On se tire beaucoup vers le haut. L'an dernier, j'étais en découverte sur la Coupe du monde. Cette saison, dès le début, je voulais performer."

La saison de l'équipe de France est bonne, mais il manque toujours quelque chose pour une grosse performance. "Il faut attendre les Mondiaux. Il peut se passer n'importe quoi sur la saison de Coupe du monde, si on en claque une aux Championnats du monde, tout sera oublié. Mais on a eu du mal à débloquer le compteur. Quand Lucas Chanavat est monté sur le podium à Davos, tout s'est enchaîné. On a été performant sur le Tour de Ski, qui reste toujours un gros objectif. Hugo Lapalus a fait podium au général, a ramené le premier maillot violet de meilleur grimpeur, je fais 8e du général, je pense que c'était une réussite collective". 

Et l'excitation des Mondiaux commence à monter. "Il me tarde d'arriver en Norvège, ressentir l'ambiance." Objectif médailles ? "C'est possible et on s'est entraînés tout l'été pour. Je pense surtout au Team Sprint, les gars sont super costauds". Et à titre personnel ? "J'ai eu l'occasion de jouer devant sur les deux skiathlon de la saison, j'étais là dans le dernier kilomètre. Mais entre la 10e place et la victoire, c'est parfois une histoire de quelques secondes, de placement dans la dernière bosse, ça peut très vite tourner du bon côté. Depuis le début de saison, je ne me fixe aucune limite."

"Je prendrai le départ du skiathlon, mais aussi du 50 km en style libre, qui me correspond bien. J'ai remporté le titre de champion de France sur cette distance l'année dernière. Mon corps répond bien à la distance, c'est un peu un objectif". Le 50 km, une épreuve mythique, mais de moins en moins courue, hormis aux Mondiaux et Jeux Olympiques, "mais il y en aura un en classique aux finales de Coupe du monde à Lahti" nous apprend-t-il. "J'ai grandi avec le 50 d'Oslo-Holmenkollen, la course la plus mythique du ski de fond. Cela a toujours été un rêve de la faire. Je pense qu'à Trondheim, ça va être aussi bien sinon mieux en terme d'ambiance. Mais c'est moins télévisuel, je comprends qu'il y en ai moins en Coupe du monde."

 Avant la question à laquelle tout fondeur doit répondre : style classique ou style libre ? "En début de saison, je souhaitais performer sur les Mass Start en libre, mais j'ai eu l'occasion de concourir en classique, et ça répondait plutôt très bien. J'ai fait une 8e place à la poursuite classique à Toblach. C'est pour ça que le skiathlon peut me convenir."

Et les Jeux Olympiques dans tout ça ? "Je les ai en tête, mais chaque chose en son temps. Les JO, c'est demain, mais on les a tous en tête, et aussi ceux de 2030 en France. De plus, on a eu la chance d'essayer les pistes olympiques de Val di Fiemme lors du Tour de Ski, c'était un bel avant-goût des JO. Moi, je n'essayerai rien de nouveau en terme de préparation. Je vais bien prendre le temps de récupérer de ma saison avant de lancer la préparation. Je me baserai sur ce qui marche."

Il faudra aussi composer avec les sollicitations médiatiques qui vont inévitablement augmenter. "C'est quelque chose dont je n'ai pas du tout l'habitude, mais on prendre les choses les unes après les autres. Pour l'instant, ce n'est pas à un niveau important. Mais l'engouement monte. L'Équipe enverra quelqu'un pour faire des insides, ce n'est jamais arrivé avant" Tout pourrait monter en flèche en cas de gros résultat aux Mondiaux. Aucune peur, des ambitions, une volonté claire de grimper petit à petit dans la hiérarchie de son sport : Mathis Desloges est le présent et le futur du ski de fond, mais ne veut pas brûler les étapes. Le succès est à ce prix.