Le WRC version hybride rechargeable, c'est déjà fini: après seulement trois saisons, les instances dirigeantes du sport ont choisi de "suspendre" cette technologie dans la catégorie reine afin de "réduire les dépenses globales" des constructeurs.
"C'était une question de survie", explique à l'AFP Cyril Abiteboul, patron de Hyundai. Outre les problèmes de fiabilité, "on en avait besoin pour maintenir M-Sport (l'écurie privée soutenue par Ford, ndlr)", poursuit le Français, même si "cela ne fera pas venir de nouveau constructeurs" l'économie étant "tellement modeste".
Il faut dire qu'entre le WRC et les constructeurs, la mayonnaise ne prend plus. Cette saison encore, il ne seront que trois constructeurs engagés dans l'élite : Toyota, Hyundai et M-Sport Ford.
"Le rallye est à la croisée des chemins", détaille Abiteboul. La discipline, sans héros ni stratégie marketing clairement définie et coincée entre deux ères, "se cherche", selon l'ancien directeur Renault en Formule 1.
"Le rallye reste très cher et ne génère pas de revenus", rappelle-t-il aussi.
Fin 2024, la Fédération internationale de l'automobile, qui a mis en place un groupe de travail pour plancher sur l'avenir du rallye, a dévoilé le futur règlement pour 2027 faisant la part belle à la réduction des coûts et la souplesse pour les constructeurs. Pour l'heure, aucun nouveau constructeur ne s'est officiellement manifesté.
14 manches, un record depuis 2008
D'avis de pilotes interrogés par l'AFP, le public continue pourtant d'affluer sur les bords des routes. Ce week-end encore, les fans les noirciront, carminant la chaussée de fumigènes pour le traditionnel "Monte-Carl'".
Au total, l'édition 2025 du championnat compte 14 manches, un record depuis 2008. Parmi les nouveautés, les îles Canaries, le Paraguay et l'Arabie saoudite font leur entrée au calendrier.
Selon le promoteur, certains rendez-vous pourraient adopter un format différent, avec des rallyes plus courts ou plus longs. L'an dernier, le Rallye de Sardaigne (prévu en juin) était passé en mode "sprint", avec une distance parcourue de seulement 266 km (contre 300), un format supposé plus attrayant.
Par ailleurs, le nouveau barème de points introduit en 2024, jugé illisible par beaucoup, a été repensé et le classement final du rallye davantage valorisé.
Il y aura un maximum de 35 points à décrocher par week-end, au lieu de 30, et le deuxième de la course ne pourra pas en marquer plus de 27, limitant la possibilité que le vainqueur du rallye inscrive moins de points que son dauphin, ce qui s'était produit en 2024.
Adrien Fourmaux rejoint Hyundai
Cette année, les voitures seront équipées de pneus Hankook, qui remplacent ceux de Pirelli.
Sportivement, le cru 2025 verra le retour à plein temps du double champion du monde finlandais Kalle Rovanperä (Toyota), qui avait choisi de faire une saison partielle l'an dernier, face au tenant du titre belge Thierry Neuville (Hyundai).
L'octuple champion Sébastien Ogier, 41 ans, conserve toujours son statut de pigiste de luxe chez Toyota pour sa 6e saison avec l'équipe japonaise. Sur "ses" routes du sud-est de la France, le natif de Gap vise dimanche une 10e victoire sur l'épreuve.
Toyota, actuelle championne chez les constructeurs, alignera également cette année le vice-champion en titre, le Britannique Elfyn Evans, le jeune Finlandais Sami Pajari, et le Japonais Takamoto Katsuta.
En face, chez Hyundai, Neuville pourra notamment compter sur le champion 2019, l'Estonien Ott Tänak, pour tenir la dragée haute à sa rivale japonaise - et le Français Adrien Fourmaux, qui rejoint le constructeur après trois saisons dans les rangs de la modeste équipe M-Sport Ford.
Muni "de tous les outils pour réussir" aux côtés de deux champions du monde, le Nordiste espère désormais décrocher sa première victoire dans l'élite. Dès ce week-end sur le Monte-Carl' ?