Marina Dunach, responsable WRC au sein de la Fédération internationale de l'Automobile, reconnaît dans un entretien à l'AFP un "besoin de changement".
QUESTION : Cette saison, 14 rallyes sont au programme, un record depuis 2008. Pourtant, le championnat n'est plus aussi populaire qu'il y a 15 ans. Qu'est-ce qui ne fonctionne plus ?
RÉPONSE : "Les voitures sont très coûteuses pour les constructeurs engagés dans la catégorie reine. Quand le règlement actuel a été décidé, l'idée était d'avoir quelque chose de moins cher, mais en réalité, en optant pour des voitures hybrides (arrivées en 2022, NDLR), cela a augmenté les coûts. C'est pourquoi, cette année, nous avons décidé de supprimer cette technologie. Ce n'est pas la même chose d'utiliser l'hybride sur les circuits et sur des routes de rallyes, sur lesquelles ce type de moteur est plus facilement endommagé. L'idée première était d'utiliser une seule unité hybride pendant la saison, mais la réalité a été complètement différente – et cela a augmenté les coûts. Nous avons donc réfléchi à un nouveau règlement technique pour 2027 afin de les réduire (...). La chose la plus importante est de reconnaître le besoin d'un changement, et nous y travaillons, mais nous aurons peut-être besoin de quelques mois supplémentaires pour avancer."
Q : Est-ce qu'un championnat des rallyes tout électrique est aujourd'hui envisagé ?
R : "Ce n'est actuellement pas notre priorité, car cela rendrait les choses très coûteuses. Pour le moment, le moteur thermique est au menu du règlement pour 2027, nous verrons à l'avenir quels sont les besoins."
Q : Les sports mécaniques font face aujourd'hui à de nombreux enjeux écologiques, leurs détracteurs considérant qu'ils n'ont plus lieu d'exister à l'heure du dérèglement climatique. Pourquoi le championnat des rallyes doit-il être maintenu ?
R : "Les rallyes sont une discipline très ancienne du sport automobile. On peut même dire que le sport auto trouve ses racines dans les rallyes. Mais c'est vrai que cela n'est plus très bien vu aujourd'hui – même s'il faut quand même rappeler qu'on a tous une voiture chez soi. L'idée qu'un constructeur utilise les rallyes pour améliorer ses voitures et vendre cette technologie à ses clients est très importante, c'était autrefois l'une des principales raisons d'être des rallyes."
Q : Qu'est-ce qu'il manque aujourd'hui au championnat pour être aussi populaire que la Formule 1, par exemple ?
R : "Selon moi, il faut travailler sur la façon d'attirer de nouveaux spectateurs, des jeunes. Peut-être aussi changer la façon dont nous communiquons pour s'adresser à eux sur les réseaux sociaux. Nous devons mieux expliquer ce que nous faisons. L'exemple de Netflix (à propos de la série "Drive to Survive" sur la F1, NDLR) aide beaucoup le sport à se faire connaître dans le monde entier. Je pense que nous avons des spectateurs pour tout, mais nous devons être en mesure d'arriver à atteindre plus de nouvelles personnes, car les gens qui aiment les rallyes savent où trouver des informations. Pour les autres, nous devons être capables d'arriver jusqu'à eux et d'expliquer ce que nous faisons."
Q : Est-ce une mission qui incombe à la FIA, l'instance dirigeante du sport auto – et donc du WRC ?
R : "C'est davantage le travail du promoteur (qui détient les droits commerciaux du WRC, ndlr) mais nous devons travailler ensemble à comprendre que nous avons ce besoin et à le satisfaire. La catégorie des rallyes est complexe. Comprendre le sport n'est pas facile, ni pour le public, ni pour les concurrents pour qui les règlements, la façon de participer, etc. peuvent être complexes. C'est un sport compliqué que nous devons apprendre à présenter aux gens pour le rendre compréhensible et le faire aimer."