"Je pense que celui qui gagnera cette édition des 24 Heures sera celui qui aura une course limpide, une course sans pénalité, sans bac à gravier (...) il va falloir faire la course parfaite", pronostique le Français Kévin Estre, qui s'élancera en pole position au volant d'une Porsche officielle, après avoir dominé les qualifications.
Depuis 2023 et l'arrivée de plusieurs grands noms de l'automobile, l'endurance vit un âge d'or : à ce jour, les principaux bénéficiaires en ont été Ferrari, vainqueur dans la Sarthe l'an dernier, Toyota, champion du monde 2023, et Porsche, qui domine la saison en cours du championnat du monde.
Au total, 23 Hypercars seront au départ au Mans (avec 16 LMP2 et 23 LMGT3, les catégories inférieures), et aucune équipe n'accepte l'étiquette de favori.
Ferrari, qui aligne trois prototypes, fait profil bas: "je crois que nous ne sommes pas l'équipe à battre cette année", assure à l'AFP le directeur de l'endurance Antonello Coletta. "J'espère être parmi les teams qui se battront pour gagner, mais je préfère garder les pieds sur terre, donc je dirais qu'un podium peut déjà être un très bon résultat."
La revanche de Toyota
"L'an dernier, nous étions un peu plus rapides par rapport à nos concurrents, mais nous avions des soucis de fiabilité", complète le pilote Ferrari Alessandro Pier Guidi, vainqueur 2023 au volant de la N°51.
"Cette année, nous avons beaucoup progressé sur la fiabilité, mais il nous manque de la vitesse. On verra ce qu'on peut faire avec ça", poursuit l'Italien.
Outre Ferrari, Toyota et Porsche semblent au-dessus du lot. La marque allemande, représentée au Mans par six voitures (trois officielles et trois "clientes") a largement dominé le début de la saison. "Comment Porsche peuvent-ils ne pas être favoris quand ils font un triplé au Qatar, un doublé à Spa, et deuxièmes et troisièmes à Imola ?" ironisait à quelques jours du départ le pilote suisse chez Toyota Sébastien Buemi. "S'ils ne sont pas favoris, alors qui l'est ?"
Toyota justement, selon certains. Vainqueur de cinq éditions consécutives du Mans entre 2018 et 2022, mais battu l'an dernier, le constructeur japonais a une revanche à prendre.
"Il y a de la concurrence comme jamais, mais Toyota reste l'archi-favori au niveau des performances aujourd'hui sur le papier", estime ainsi le pilote manceau Sébastien Bourdais, dont la Cadillac N°3 partira en première ligne à côté de la Porsche N°6.
"Rouler sur la glace"
Cette semaine, un sujet a dominé les conversations dans le paddock : l'interdiction de chauffer les pneus – pour assurer une adhérence rapide – y compris pendant la nuit, qui promet d'être fraîche.
"Avec les médiums et les durs froids, c'est comme rouler sur de la glace", témoigne le pilote Ferrari Ye Yifei, "on n'a aucune référence, il faut piloter à l'instinct" pendant les premières minutes. Perte de temps estimée sur le tour de sortie des stands : dix secondes au minimum. Pour ne rien dire du risque de sortie de route ou de collision.
"On parle tout le temps de sécurité, et là, on prend une mesure qui présente un réel danger, où des pilotes peuvent être blessés, je ne comprends pas", renchérit Robert Shwartzman, coéquipier de Ye dans la Ferrari N°83.
"Le Mans est une course qui choisit souvent son vainqueur", philosophe Bourdais, qui n'a jamais remporté l'épreuve en catégorie reine en 16 participations : "Il y a tellement d'impondérables. Tu ne peux pas tout contrôler. Il y a un facteur chance". D'autant que la pluie pourrait jouer les trouble-fête.