Deux manières d'être coach. Deux façons d'être des hommes. Deux manières d'être Toscan. Luciano Spalletti et Massimiliano Allegri ne sont pas exactement des opposés polaires, mais pas loin. Et c'est précisément leur origine territoriale commune qui les empêche d'être si différents, et pourtant si Toscans.

Leur tempérament, leur caractère, leur fierté sont les mêmes, même si l'entraîneur de la Juventus a tendance à être plus flagrant dans ses réactions, alors que son collègue ne s'emporte que lorsqu'il n'en peut plus. Et même quand il le fait, il n'abandonne pas le fatalisme qui l'accompagne éternellement en dehors du terrain.

Sur le terrain en revanche, c'est une autre histoire. S'il est vrai qu'Allegri fait également attention à chaque détail, Spalletti a une véritable obsession. On l'entendrait à peine se plaindre du résultat final si son équipe ne jouait pas le match qu'il avait préparé durant la semaine.

Même après le revers 1-0 à Giuseppe-Meazza contre l'Inter, le premier de la saison en Serie A, l'entraîneur florentin - de Certaldo précisément -, a clairement fait savoir qu'il était beaucoup plus déçu de la performance que de la défaite.

"Tu devrais avoir honte de toi !"

La ville natale d'Allegri est Livourne. Sa façon de vivre le jeu est décidément plus exubérante. Spalletti préfère garder les mains dans les poches et quand il les sort, c'est pour donner des indications à ses joueurs en espérant que personne ne s'en aperçoive. Une tout autre histoire que celle de l'entraîneur de la Juventus dans les dernières minutes du match face à l'Udinese (1-0), quand tout le monde s'est rendu compte qu'il était en colère.

Depuis quelque temps, la relation entre les deux n'est plus ce qu'elle était. "Une querelle entre Toscans", avait déclaré Allegri en zone mixte à l'issue du match que la Juve a perdu à Naples le 11 septembre 2021 et qui s'est terminé par une discussion édifiante entre les deux. "Tu devrais avoir honte de toi !", a crié le natif de Livourne à Spalletti, coupable, selon lui, d'avoir tenté de conditionner l'arbitrage avec ses plaintes. "De quoi tu parles ? Contre toi, j'ai toujours perdu. Pour une fois quand je gagne et viens te saluer, tu me sermonnes ?", a répondu le Florentin, qui préfère depuis quelque temps sa veste et sa doudoune corporate.

Vendredi soir, cependant, il y aura bien plus en jeu qu'une rivalité de gladiateurs toscans. Une victoire de la Juventus relancerait le championnat, tandis que si les Azzurri l'emportaient, les hommes de Spalletti donneraient un vrai coup de massue sur la tête de leurs concurrents.

Il est difficile d'imaginer que le match se déroule autrement que ce à quoi tout le monde s'attend, avec Naples jouant avec le ballon dans les pieds et la Juve prête à se détacher et à agresser les leaders du championnat en contre-attaque.

Cette fois, pourtant, même Spalletti se contentera de gagner. Ces trois points sont trop importants pour être ruinés par ses propres obsessions tactiques et ne pas en savourer pleinement le goût.