"Il faut arrêter de penser à ce qui se passera demain". Quand Jean-Pierre Caillot, président du Stade de Reims et du collège des clubs de Ligue 1, a évoqué l'intérêt de signer un accord de diffusion avec DAZN le 14 juillet dernier, songeait-il que ses propos, rapportés conjointement par L'Equipe et France 2 mercredi, seraient aussi lourds de sens 7 mois plus tard ?
L'écart se resserre avec le bas
Le 10 novembre au Stade Océane, les Champenois battent Le Havre (3-0) et, après 11 journées, le club est 7e du championnat avec 17 points. De quoi en faire un potentiel concurrent pour les places européennes. Onze matches de Ligue 1 plus tard, Reims n'a pris que 5 points supplémentaires. Luka Elsner a été viré après une défaite à domicile contre Nantes (2-1), remplacé par son adjoint Samba Diawara qui avait assuré l'intérim post Will Still en fin de saison dernière. Cette fois-ci, ce ne sera pas du provisoire. Mais si le club s'est qualifié pour les 1/4 de finale de la Coupe de France en venant à bout de Bourgoin-Jallieu (N3) aux tirs au but, il n'y a pas eu de point d'inflexion en championnat : lourde défaite à Lyon (4-0) suivi d'une autre à Auguste-Delaune contre Angers (1-0).
La marge avec Saint-Étienne, 16e et barragiste, n'est que de 4 points, et Le Havre, 17e et relégable pointe à 5 longueurs. Avec une différence de buts de "seulement" -8, Reims dispose encore d'un joker en cas d'égalité. Mais jusqu'à quand ? Si Rennes a perdu contre Lille dimanche dernier (2-0), le club managé par Habib Beye avait engrangé 6 points auparavant pour s'oxygéner et ce duel inaugural de la 23e journée pourrait quasiment valoir le maintien pour les Bretons.
Contraint de vendre Emmanuel Agbadou et Marshall Munetsi cet hiver à Wolverhampton pour 38M€, des départs qui font écho à ceux d'Azor Matusiwa à Rennes en janvier 2024 pour 15.5M€ et d'Amir Richardson à la Fiorentina l'été dernier pour 9M€, Reims n'a plus les moyens de penser à demain, parce que demain c'est loin et que ce sera peut-être en Ligue 2 si la chute se poursuit. Le modèle économique du club arrive au bout du chemin et Reims représente l'allégorie du football français qui peine à remplir ses tribunes, à susciter l'enthousiasme comme l'empathie mais persuadé qu'il s'en sortira toujours, comme si le futur, le CVC et les clauses de retrait des diffuseurs n'existaient pas.