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Santi Cazorla, le rêve exaucé du magicien avec le Real Oviedo

Santi Cazorla contre Villarreal lors de la 1re journée
Santi Cazorla contre Villarreal lors de la 1re journéeMatthieu Mirville / DPPI via AFP

Ce dimanche (21h30), le Real Oviedo accueille le Real Madrid pour le grand retour de la Liga à domicile, 24 ans après la descente. Contraint de partir en 2003, Santi Cazorla est revenu deux décennies plus tard pour enfin porter le maillot de l'équipe première et l'aider à remonter parmi l'élite.

À quoi rêve encore un jeune quadra qui a remporté deux Euro avec l'Espagne, connu les pires souffrances à cause d'un corps récalcitrant et qui, après un détour au Qatar, aurait pu tout arrêter avec le sentiment du devoir accompli ?

Pour Santi Cazorla, il en restait un à assouvir : enfin jouer dans l'équipe professionnelle du Real Oviedo, le club de son coeur. Passé par les catégories de jeunes des Carbayones, "El Mago" voulait boucler la boucle. Alors en 2023, il est revenu dans ses Asturies natales, il a demandé le plus bas salaire possible, que 10% des ventes de son maillot floqué 8 aillent au centre de formation, et il est venu donner un coup de main pour faire remonter Oviedo, tombé de Liga en 2001 sans jamais revoir le soleil de l'élite et passé tout proche de la disparition pure et simple après avoir chuté jusqu'en 4e division. Et vous savez quoi ? Il y est arrivé !

Décisif en barrages d'accession

Pas seul, certes. Preuve que tout est cyclique pour qui sait attendre, quand Oviedo est tombé, Veljko Paunovic était sur le terrain; quand Oviedo retrouve l'élite, c'est lui qui est sur le banc. Mais le rival du Sporting de Gijón y serait-il arrivé sans Cazorla ? Au-delà d'être un supplément d'âme, le bajito (1.68m) a été buteur sur coup franc lors de la demi-finale retour du barrage d'accession contre Almería puis sur penalty au Carlos-Tartiere en prolongation de la finale retour contre Mirandés alors que l'invité surprise était tout proche de faire plier le favori. 26 titularisations en 37 apparitions malgré des pépins physiques de la mi-décembre à la fin février : dans un championnat aussi long et disputé que la Segunda espagnole, ce n'est pas anodin quant aux motivations du joueur qui n'est pas revenu pour la gloriole. 

Pour mieux comprendre ce besoin viscéral d'enfin porter le maillot bleu, il faut tout à la fois y voir l'envie de rendre hommage à l'héritage d'un paternel ambulancier décédé en 2007 et la volonté de conjurer le sort. Car si Cazorla est parti à Villarreal en 2003, c'est contraint. Deux ans après la descente, les circonstances économiques envoient Oviedo en Tercera (désormais Segunda RFEF, le 4e échelon national) l'ont poussé à quitter sa patrie pour devenir une référence à son poste en Espagne et à Arsenal

Grand supporter du club, le célèbre journaliste anglais du Guardian Sid Lowe a écrit au lendemain de la remontée historique que, quand Cazorla a dit qu'il y a eu beaucoup d'années dans la boue, c'était au sens littéral, pas métaphorique. Montée en Segunda B (désormais Primera RFEF) en 2005 puis 10 ans pour retrouver la Segunda, et  encore 10 pour accéder à la Liga, avec comme ultime torture, une élimination en finale de playoff la saison dernière contre l'Espanyol : Oviedo a mangé du charbon. 

Ce dimanche soir, le Carlos-Tartiere fera le plein et se délectera de la venue du Real Madrid pour inaugurer sa saison à domicile. Le chemin fut long mais les grands soirs sont de retour, grâce notamment aux coups de baguette du magicien Cazorla.