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Sans forcer, l'Espagne domine facilement les Bleues en amical

Aitana Bonmatí a ouvert le score
Aitana Bonmatí a ouvert le scoreFREDERIC DIDES / Sipa Press / Profimedia
À Nice, l'Espagne a rapidement mené 2-0 contre des Bleues qui ont réduit l'écart par deux fois mais sont tombées logiquement (4-2). C'est la deuxième défaite consécutive contre une nation européenne depuis la fin des JO.

Après avoir battu le Nigéria (3-1) à Angers il y a 4 jours, l'Equipe de France féminine voulait valider ses progrès et se jauger contre un adversaire d'un tout autre acabit, rien de moins que l'Espagne, championne du monde en titre. Si les Bleues ont changé de sélectionneur, la Roja, elle, traverse une nouvelle période de turbulances (détaillée ici) qui s'ajoute à la décevante 4e place obtenue aux JO. 

La "reconstruction" est à Laurent Bonadei ce que la "réoxygénation" est à Didier Deschamps, c'est-à-dire un élément de langage qui ne se vérifie pas dans les faits, ou alors a minima. Le terme de construction convient davantage tant l'écart technique et tactique (pressing, placement, jeu sans ballon) a sauté aux yeux lors de cette nette défaite (4-2). Les années d'auto-satisfaction tricolores pendant que toutes les autres nations avançaient se reflètent de plus en plus quand la pente s'élève, alors même que la Roja n'était pas à 100% de leurs capacités et de leur jeu. 

2-0 en 20 minutes

Dans une Allianz Riviera de Nice qui a péniblement attiré 7000 spectateurs après les 5300 de samedi dernier (de quoi rester particulièrement interrogatif quant aux choix de la FFF pour valoriser le football féminin, ce qui n'est pas nouveau quand on se remémore le pathétique France-Angleterre disputé dans un Geoffroy-Guichard vide aux deux-tiers en juin dernier), les Bleues ont vite été mises face à leurs lacunes, même face à une Roja remaniée. 

Une passe en retrait mal assurée a permis à Lucía García de faire passer un premier frisson (4e) mais c'est sur un mouvement limpide que les Espagnoles ont ouvert le score. Revenue en sélection, Claudia Pina a profité de ses anciens automatismes avec son ex coéquipière du Barça Mariona Caldentey pour créer un décalage côté gauche. Le centre de la nouvelle joueuse d'Arsenal a été coupé comme à la parade par Aitana Bonmatí, absolument seule à bout portant (6e). 

La Roja commettait néanmoins des erreurs de relance, ce qui aurait pu profiter à Clara Matéo. Las, son contrôle trop lent a permis à Adriana Nanclares de fermer l'angle et le centre de la joueuse du Paris FC n'a trouvé personne (14e). 

En revanche, la Selección n'a pas gâché. Trouvée par Bonmatí, Pina s'est retrouvée en situation de frappe plein axe : son tir du droit a laissé Constance Picaud très loin du ballon (23e).

Le pressing haut et la qualité technique des Espagnoles ont étouffé les Bleues, en difficulté à chaque transition qui transperçait le rideau défensif. Et quand elles ont enfin eu un contre à négocier, Kadidiatou Diani a marché sur la cheville de María Méndez, ce qui a arrêté l'action quand Sandy Baltimore prenait de la vitesse à gauche (30e). 

Pour marquer, il a fallu compter sur Méndez qui a détourné dans son propre camp un centre sans danger mais puissant de Vicki Becho (37e).

Dans un temps fort, Sakina Karchaoui a eu l'égalisation au bout du pied mais son tir du gauche a fui le cadre de peu (40e). Pina a eu la dernière occasion de la première période : elle a été contrée par le talon de Wendie Renard (45e). 

Les Bleues ne désarment pas mais restent en-dessous

Le rythme n'était pas très intense en ce début de deuxième période. Teresa Abelleira a sorti le stade de sa torpeur en percutant avant de déclencher une frappe qui partait en pleine lucarne si Picaud n'avait pas réussi une parade de grande classe (52e). 

Même sans faire montre d'une envie démentielle, la Roja a inscrit un troisième but au bout d'une séquence limpide avec une passe dans l'intervalle de Mariona pour Ona Battle qui a servi García sur un plateau (60e). 

Karchaoui a tenté sa chance mais Nanclares a bloqué la tentative (61e), avant d'être sortie par Bonadei en compagnie de Matéo, remplacées par Melvine Malard et Sandie Toletti (65e). Montse Tomé a imité son homologue : Olga Carmona et García ont cédé leur place à Leila Ouahabi et Amaiur Sarriegi (68e).

Sans temps fort, les Bleues se dirigeaient vers un revers plus important. Une nouvelle fois, ce sont par une offensive adverse sur leur côté gauche et une intervention défensive vers leurs propres cages que les Espagnoles ont encaissé un deuxième but. Le centre de Baltimore a été contré par Codina et Diani, seule au second poteau, a poussé de la poitrine (71e). Son premier but avec la sélection après une disette de dix matches. 

Mararena Portales et Maite Zubieta ont succédé à Pina et Abelleira (79e) après que Sarriegi a gagné un corner que Kenza Dali a touché de la main. Mariona a ouvert le pied pour transformer le penalty (81e). 

Les deux pistons Baltimore et Becho sont sorties pour faire entrer Marie-Antoinette Katoto et Delphine Cascarino (82e). MAK s'est immédiatement mise en évidence en interceptant une passe en retrait manquée de Patri Guijarro. Elle a transmis la ballon à Diani qui a tiré tout droit sur Nanclares (83e). 

Selma Bacha et Maëlle Lakrar ont disputé les dernières minutes en remplacement d'E.Cascarino et Grace Geyoro (89e), tout comme Bruna Vilamala et Sheila García pour Bonmatí et Mariona. Sur un dernier centre, Malard a surgi de la tête, sans cadrer (90e+6).

Cette défaite, la 2e en 4 matches depuis l'intronisation de Bonadei et la 2e contre une nation européenne à quelques mois de l'Euro, a de quoi inquiéter. Les niveaux d'agressivité, d'impact et de technique doivent clairement monter en volume pour cette Équipe de France, au risque d'accélérer son déclassement.