Ça pour une surprise ! Søren Wærenskjold n'avait encore jamais gagné en World Tour et il a surgi quasiment de nulle part pour s'adjuger le Het Nieuwsblad au bout d'un sprint qui a failli sourire à Paul Magnier, finalement 2e et très frustré alors qu'il avait dompté Jasper Philipsen, le favori de ce sprint massif.
Alors qu'une échappée de 7 coureurs a abordé le Molenberg à 43 kilomètres de l'arrivée, il ne faisait guère de doute que les fuyards matinaux effectuaient un baroud d'honneur. Et si Joshua Tarling avait pris un peu d'avance pour durcir la course, l'allure du peloton était sur le haut du curseur, au point que des coureurs ont dû mettre pied à terre pour achever la courte mais raide ascension (400m à 6.4% de moyenne avec des passages à plus de 10%).
Pour l'ouverture de la saison des classiques, Wout van Aert, vainqueur en 2022, voulait éviter l'arrivée massive pour perpétuer la série victorieuse des Visma de trois succès de rang. Pris dans une cassure, il a voulu résorber en solitaire, tandis qu'Arnaud de Lie semblait plus serein. Devant les Alpecin-Deceuninck de Jasper Philipsen procédaient à un tour de vis, ce qui mettait, outre WVA, le tenant du titre Jan Tratnik à plusieurs hectomètres. Attentif, Paul Magnier était dans le bon groupe.
Après le deuxième passage du Leberg, la Visma a fait rouler pour combler les 20 secondes d'écart. À la faveur du Berendries (900m à 6.9% de moyenne), Tiejs Benoot a retiré le frein à main pour ramener son leader. Échappée avalée et digérée dans la descente, le peloton s'est complètement reformé... ou presque car De Lie restait dans un petit groupe rincé par l'ascension. Le champion de Belgique a définitivement calé à 27 kilomètres de l'arrivée.
Tout se jouerait-il dans l'enchaînement Mur de Grammont-Bosberg ? Au passage sur le pont de Geraardsbergen, Tratnik a été victime d'une crevaison, rédhibitoire à ce niveau de la course. Dans les plus forts pourcentages du Mur, c'est Tim Wellens qui a mis ses rivaux au rupteur, relayé par Mathias Vacek. Pas de quoi créer d'écarts définitifs.
Dans le Bosberg, Vacek a retenté sa chance alors qu'il ne restait plus qu'une quinzaine d'éléments à l'avant. Derrière, des coureurs comme Tom Pidcock et Paul Magnier n'avaient pas abdiqués alors que le groupe de tête se regardait. Stefan Kung n'avait aucun chance au sprint, alors il a tenté sa chance en solitaire, suivi par Matteo Trentin et Wellens. Lieutenant de van Aert, Matteo Jorgenson a repris le Belge, l'Italien mais pas le Suisse. Le peloton s'est agrandi, ça flinguait de partout alors que Kung n'avait aucun question à se poser avec ses 14 secondes d'avance à 7 bornes de l'arrivée.
Le spécialiste du chrono avait gagnait encore une seconde sous la banderole des 5 kilomètres quand la poursuite s'est organisée. Souvent placé mais rarement vainqueur, Kung allait-il être battu à quelques encablures du but ? Les faux-plats ont eu sa peau à 1500 mètres...
C'est donc un sprint qui allait décider du dénouement. Et sur la ligne, c'est un outsider, Søren Wærenskjold (24 ans) qui s'est imposé au nez à la barbe de Magnier et Philipsen ! Le Norvégien, en jambières et manchettes, s'est fait oublier sur la droite de la route pour s'offrir la plus belle victoire de sa carrière, lui qui s'était imposé lors de la 2e étape de l'Étoile de Bessèges le mois dernier. C'est le 2e Norvégien à s'imposer sur le Het Nieuwsblad après Thor Hushovdt en 2009.
Chez les féminines, la Belge Lotte Claes a remporté cette édition du Circuit Het Nieuwsblad, pour signer son premier succès en carrière à 31 ans. Elle a devancé au sprint la Polonaise Aurela Nerlo. Ce duo d'attaquantes a mis plus de trois minutes à la favorite néerlandaise Demi Vollering, qui a complété le podium.