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Avant-dernière journée du Tournoi des Six Nations 2025, mais dernière chance pour le XV de France. Pour garder une chance de victoire finale, les Bleus devaient absolument s'imposer en Irlande. Une mission extrêmement compliquée, dans un classique du rugby européen qui promettait énormément à l'Aviva Stadium.
Et on sentait, après un avant-match interminable, que les Verts voulaient marquer au fer rouge les Bleus. Un pilonnage en règle à la première occasion, une première pénaltouche trouvée, repoussée avec aplomb par les Bleus, très solidaires tant au plaquage qu'au grattage, pliant sans rompre. Et Sam Prendergast échouait de plus à valider l'avantage des siens au pied. Après avoir écœuré l'attaque irlandaise, le XV de France faisait de miettes un festin sur un contre lancé par Damian Penaud et conclu par Antoine Dupont entre les perches, mais la vidéo venait doucher l'espoir naissant (14e).
Néanmoins, cela réveillait les Bleus, mais en attaque, l'affaire était compliquée. Il fallait un exploit, et Louis Bielle-Biarrey manquait de l'accomplir sur son aile, mais cette action occasionnait le jaune de Joe McCarthy, qui avait retenu Thomas Ramos sans raison. L'occasion d'une pénaltouche, d'un groupé parfait pour que Dupont prenne le petit côté et envoie "LBB à l'essai (21e). Le réalisme à la Française.
L'Irlande était chancelante, et les Bleus tentaient d'appuyer là où ça fait mal. Mais on sentait un brin de suffisance dans le jeu français, des passes moins bien assurées, avant un premier énorme tournant : la blessure d'Antoine Dupont, touché au genou, sorti en larmes et remplacé par Maxime Lucu (28e). Ce qui ne ternissait heureusement pas les ambitions françaises.
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On avait alors droit à un échange de pénalités pour meubler quelque peu le score, et le niveau de jeu chutait fortement. Les Bleus se mettaient le feu tout seul dans leur camp, heureusement sans conséquences, et sur une dernière faute française, Prendergast passait une pénalité de 50 mètres pour limiter la casse à la pause (6-8).
Il fallait néanmoins s'attendre à un assaut irlandais au retour des vestiaires. Il suffisait d'une pénaltouche, d'un groupé parfaitement construit, et Dan Sheehan s'extirpait pour pointer en coin (43e). Mais la France réagissait du tac-au-tac sur une action incroyablement décousue qui voyait Jean-Baptiste Gros ouvrir la porte à Maxime Lucu, qui servait acrobatiquement Paul Boudehent pour l'essai (47e).
Et la vidéo venait de plus envoyer Calvin Nash au frigo après un plaquage dangereux sur Barrassi, ce qui envoyait donc Oscar Jegou ferrailler au centre. Et ce moment de trouble, les Bleus l'exploitaient de façon incroyable, une double sautée de Damian Penaud envoyant Bielle-Biarrey manger la craie, suivre au pied et aplatir le premier l'essai du break, puisque pour la première fois, la France avait plus de sept points d'avance (51e).
Les Irlandais étaient KO debout, chaque ballon français semait le trouble dans la défense adverse. Ramos rajoutait trois points sur pénalité (55e), les Bleus campaient dans le camp irlandais, à la recherche d'un quatrième essai pour aller chercher le point de bonus. C'est finalement Oscar Jegou qui allait réussir à l'heure de jeu, en filou, au ras, lui le troisième ligne reconverti centre, à inscrire cet essai et tuer le match.
Car il était bien terminé, ce prétendu sommet. Les Irlandais n'arrivaient plus à rien, butaient sur la défense française qui avait sorti plus que les barbelés, elle avait construit un mur de béton. Il semblait se fissurer après un jaune logique pour Cros, mais alors que l'essai vert chauffait, Thomas Ramos sortait l'interception décisive et envoyait Damian Penaud sonner l'hallali, en plus de devenir le meilleur marqueur de l'histoire du XV de France à égalité avec Serge Blanco.
Après un essai pour l'honneur du vétéran Cian Healy, et un dernier sur la sirène pour Jack Conan, les Bleus s'imposent donc 27-42, une démonstration aussi incroyable qu'inattendue. La victoire, le bonus, la première place du classement, et la cerise sur le gâteau : une victoire bonifiée contre l'Écosse samedi prochain, et ce sera la victoire dans le Tournoi des Six Nations. Et clairement, ce serait un tournant pour cette génération.