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"Plus de jeu au pied, moins de passes", le jeu de l'Irlande a évolué, observe McNamara

McNamara le 23 février.
McNamara le 23 février.ROMAIN PERROCHEAU/AFP
L'entraîneur irlandais des arrières de Bordeaux-Bègles Noel McNamara porte pour l'AFP un regard avisé sur le choc de la 4ᵉ journée du Tournoi des six nations samedi à Dublin entre les Bleus et la sélection de son pays, en pleine évolution dans son jeu, "ce qui la rend plus forte".

QUESTION : Depuis le début du Tournoi, on a l'impression que l'Irlande a évolué au niveau de son jeu. Vous confirmez ?

RÉPONSE : "Oui. C'était une équipe de possession, qui tenait le ballon pour fatiguer la défense adverse jusqu'à trouver un franchissement ou pour casser les lignes. Là, on voit qu'il y a un peu plus d'occupation, plus de (jeu au) pied, moins de rucks, moins de passes. Je pense que ça les rend plus fort. La dernière tournée d'automne a été dure, l'Irlande a été battue par la Nouvelle-Zélande (13-23), cela a été compliqué contre l'Australie (22-19) donc ils ont un peu changé leur style de jeu. Il y a plus de 'kicking game', de jeu sans ballon et ce n'est pas une coïncidence, le Leinster a aussi changé avec l'arrivée de Jacques Nienaber qui a une façon de voir le jeu, un style et un projet qui ont très bien marché avec l'Afrique du Sud. C'est plus une adaptation."

Q : Les Français parlent énormément du "Crunch" face aux Anglais, mais ces derniers temps, le grand match semble être contre l'Irlande…

R : "Je pense. Pour l'Irlande, c'est un grand test de jouer la France, pour progresser. Je l'ai vu quand je m'occupais des U20, l'Irlande a gagné plusieurs tournois, trois Grand Chelems, mais la France a été championne du monde. Il y a aussi une vraie rivalité en Champions Cup avec Toulouse, La Rochelle et le Leinster qui ont disputé les dernières finales."

Q : Les points forts de l'Irlande sont connus: l'ossature composée de joueurs issus d'un même club, le Leinster, l'expérience avec des joueurs trentenaires, et aussi la parfaite connaissance de l'arbitrage…

R : "Cela fait longtemps que l'Irlande bosse avec les arbitres. En U20, j'avais un arbitre qui travaillait avec nous lors de chaque séance. C'est une partie importante du jeu de bien comprendre les règles. Chez nous, on parle toujours de ce gain marginal, ces petites choses, cet apprentissage pour changer notre comportement. Le gain marginal, c'est savoir quelle opportunité vous avez pour trouver un plus. Ça fait partie des 'mental skills', que ce soit autour de la règle, des rucks, des touches..."

Q : Deux duels savoureux s'annoncent samedi impliquant deux de vos joueurs à l'UBB : Yoram Moefana face à Bundee Aki au centre et Damian Penaud face à James Lowe à l'aile…

R : "C'est quelque chose d'hyper intéressant même si on ne connaît pas encore la composition des équipes. Bundee a fait une rentrée énorme contre les Gallois, mais je trouve que Yoram a atteint un niveau très intéressant, avec de la consistance. L'an dernier, il y avait beaucoup de débats, 'c'est (Gaël) Fickou, c'est (Jonathan) Danty'. Maintenant, on ne se pose plus la question, c'est Yoram. C'est le N°12 de l'équipe de France et je suis fier du niveau qu'il montre et j'ai hâte de voir ce duel des deux côtés de la ligne d'avantage, en attaque et en défense où les deux sont importants. Ils se sont déjà affrontés avec l'UBB et le Connacht mais Bundee montre quelque chose de différent quand il est avec l'Irlande."

"Damian et James ont des personnalités un peu similaires. James est un bon mec, mais un peu spécial aussi. Quand tu parles avec lui, il n'est pas toujours connecté avec le plan de jeu, parfois, il est un peu hors zone. C'est un mec particulier, il a un pied énorme, il est très dur à plaquer, c'est son point fort, comme Damian qui a un peu plus l'instinct de tueur pour marquer des essais. Ça va être un gros 'contest' entre les deux. Une des forces de Damian est sa capacité à dézonner, il ne sera pas toujours en face de James. Ce ne sera pas le même niveau de contest qu'entre Yoram et Bundee."