La victoire en Irlande a marqué un véritable tournant dans la campagne du Tournoi des Six Nations du XV de France. En effet, elle offre aux Bleus la possibilité de plier l'affaire contre l'Écosse ce samedi, à domicile de surcroit. Une belle occasion d'aller chercher un premier titre depuis 2022, malgré la grave blessure qui a frappé Antoine Dupont.
Les Français en vue ont été nombreux depuis le début du Tournoi. Grégory Alldritt est revenu à un niveau monstrueux, Yoram Moefana se révèle, tout comme Mickaël Guillard, Thomas Ramos est un métronome, François Cros et Paul Boudehent sont impressionnants de densité défensive. Mais pour magnifier ce travail collectif, les Bleus ont trouvé l'arme absolue : Louis Bielle-Biarrey.
Le chemin parcouru par l'ailier de l'Union Bordeaux-Bègles est stupéfiant depuis 2023. Quand, avant la Coupe du monde U20 cette année-là, il a été retiré du groupe pour intégrer celui des séniors avant le Mondial en France (avec Émilien Gailleton, qui n'a pas eu la même trajectoire), mais sur le papier, c'était seulement pour "faire le nombre". Mais dès le premier match de préparation (contre... l'Écosse), on a compris.
Quelques semaines plus tard, il intégrait le groupe de 30, et là encore, on ne l'imaginait pas chambouler la hiérarchie. Titularisé pour la première fois lors du deuxième match de poule contre la Namibie, il allait inscrire son essai, et n'allait plus jamais quitter le XV de départ. Si cela n'allait pas permettre aux Bleus de remplir l'objectif suprême, cela semblait signer le début d'un long bail avec le XV de France.
Une ascension irrésistible, visible déjà lors du Tournoi 2024 : en délicatesse physique, il n'était titulaire dans que trois matchs sur cinq, n'étant pas.. de la déroute contre l'Irlande et du nul apocalyptique face à l'Italie. Très vite, il a intégré la fameuse liste "premium", se retrouvant protégé en Top 14, et il est devenu ce qu'il est aujourd'hui : incontournable, seulement trois ans après ses débuts en pro avec l'UBB !
Le voilà désormais auteur de 17 essais en 18 sélections, et avec désormais un statut supérieur : celui de meilleur ailier du monde. Un statut dû bien évidemment à sa vitesse, mais aussi à un coup de reins dévastateur, et à une technique individuelle parfaite, que ce soit en tenue de balle, en défense, en plaquage, en qualité de passes, et surtout en placement.
Et quand on est le meilleur du monde à son poste, on empile les records. Certains pourraient tomber dès samedi. LBB a marqué sept essais dans cette édition du Tournoi des Six Nations, et la barre des huit n'a plus été atteinte depuis... 1925 ! Et ce ne serait que la troisième fois de l'histoire qu'une telle performance serait réalisée (et la première avec cinq matchs de surcroit).
D'autre part, Louis Bielle-Biarrey a inscrit au moins un essai dans chacun des matchs du Six Nations en 2025. Une performance qui n'a été accomplie qu'une fois depuis que le Tournoi a intégré en 2000 l'Italie. Et c'est un Français, Philippe Bernat-Salles, qui avait réussi cet exploit, en 2000 justement. Les deux pieds dans l'histoire, c'est ce qui l'attend ce samedi.
La suite ? Gagner des trophées. L'UBB est favorite à la fois en Champions Cup et en Top 14, et après la fameuse raclée dans cette dernière compétition la saison passée, il ne faudrait cette fois pas finir bredouille. C'est toujours mieux d'amorcer la pompe, et puisqu'il n'avait pas fait la Coupe du monde U20 2023, il n'a toujours aucun titre professionnel. Le premier lui tend les bras ce samedi, et il pourrait ouvrir la voie à une saison sensationnelle. Y'a plus qu'à.