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Le XV de France joue son avenir dans le Six Nations contre l'Irlande, Romain Ntamack aussi ?

L'affaire est d'importance pour Romain Ntamack.
L'affaire est d'importance pour Romain Ntamack.Victor Joly / Victor Joly / DPPI via AFP
Si le XV de France ne s'impose pas en Irlande ce samedi, cela en sera fini de ses ambitions de victoire dans le Tournoi des Six Nations 2025. Les leaders sont attendus, et en particulier Romain Ntamack qui, entre blessures et suspension, n'a jamais vu son statut de demi d'ouverture n°1 aussi fragilisé.

Comptablement, c'est une finale. Irlande - France, c'est un sommet récent du Tournoi des Six Nations, entre les deux dernières nations lauréates. Si le XV du Trèfle s'impose, il fera un grand pas vers la victoire finale, puisqu'il ne restera plus "que" l'Italie pour aller chercher et le titre, et le Grand Chelem. Les Bleus, eux, seront mathématiquement hors du coup pour la victoire finale. 

Gagner en Irlande, ce n'est pas chose aisée : certes, la Nouvelle-Zélande y est parvenue à l'automne dernier, et au prix d'un énorme combat, mais c'était la première fois que les Verts cédaient à domicile depuis le Tournoi des Six Nations 2021, et une défaite contre... la France. Et c'est en se penchant sur la composition des Bleus quatre ans en arrière qu'on mesure le chemin parcouru. 

C'est bien simple, sur le XV de départ de 2021, seuls Antoine Dupont, Grégory Alldritt et Damian Penaud seront titulaires ce samedi. On pense souvent à tort que Fabien Galthié sclérose la composition de son groupe, mais il n'a jamais eu peur de faire bouger les lignes si nécessaire : 8 des 15 titulaires en 2021 ont joué le match d'ouverture de la Coupe du monde 2023, par exemple. Certains, malgré cet exploit, ont disparu du paysage pour diverses raisons (Mohamed Haouas, Arthur Vincent, Brice Dulin...).

Néanmoins, les contours du groupe qui avance lentement vers la Coupe du monde sont déjà visibles. Mais certains postes restent toujours dans une incertitude latente. Et parmi ces postes à l'instabilité chronique, celui de demi d'ouverture. Pour preuve les trois joueurs différents sur les trois premiers matchs de cette édition du Tournoi des Six Nations. Et ce alors que Romain Ntamack semble toujours, depuis 2022, le joueur idoine pour ce poste. 

Pour de bonnes raisons : il a montré qu'il avait le niveau international, il est le parfait complément d'Antoine Dupont, puisque les deux sont partenaires en club - et que tout le monde sait pertinemment qu'une charnière rodée est un avantage indéniable - et il a un degré d'imprévisibilité nécessaire pour entretenir le fameux French Flair, et ainsi contribuer à maintenir la réputation du XV de France au niveau mondial.

Mais voilà, depuis deux ans, c'est le désert. Les blessures ont frappé, dont la plus importante, au genou, l'a privé de la Coupe du monde 2023 en France. Et on ne saura jamais à quel point cela a joué un rôle dans l'échec des Bleus à domicile. Rééducation, nouvelle blessure pour manquer la tournée d'automne en 2024, avant un grand retour annoncé pour cette édition du Six Nations. Enfin, le débat autour du poste d'ouvreur allait arriver à son terme. 

Cela n'a été que le début. Son premier match contre le Pays de Galles l'a d'entrée remis dans le grand bain, et dans l'absolu, il a livré une copie propre, à défaut d'être géniale : il n'y avait de toute façon pas besoin de forcer son talent au vu du niveau de l'adversaire du soir. Mais tout est parti à vau-l'eau quand il a gratifié le Stade de France d'un plaquage aussi inutile que dangereux qui lui a valu un carton rouge bien mérité, et deux matchs de suspension. 

Du coup, il a regardé Matthieu Jalibert puis Thomas Ramos rappeler qu'ils étaient des options plus ou moins crédibles à ce poste. Son compère toulousain, indiscutable au poste d'arrière, avait déjà assuré l'intérim durant la tournée d'automne, et Jalibert reste l'Arlésienne, qu'on adore détester, ou qu'on déteste adorer, mais sur qui on prendra plaisir à taper, en témoigne le traitement qui lui a été réservé après la défaite à Twickenham. 

Néanmoins, ce sont deux joueurs qui peuvent prendre le poste de n°10 sans coup férir. Et ce carton rouge a raboté une partie du crédit dont disposait le Toulousain. Pour remettre les points sur les i, il faut une performance majeure, un de ces fameux "match référence". Ce déplacement en Irlande offre donc une occasion parfaite, puisqu'il sera titulaire, et probablement aussi contre l'Écosse pour le dernier match. 

Mais bien évidemment, c'est aussi important pour la suite. Car la Coupe du monde 2027 reste l'objectif principal. Il sera alors dans la force de l'âge, à 28 ans, mais la concurrence n'est jamais loin. Et ce joueur, qui semblait totalement intouchable en Bleu jusqu'à sa grosse blessure, va devoir montrer que derrière ses problèmes physiques et ses plaquages outranciers, reste un sacré joueur de rugby. Rendez-vous à l'Aviva Stadium pour, on l'espère, une réponse positive.