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Au bout d'un match curieux, le XV de France se fait crucifier par l'Angleterre à Twickenham

Défaite cruelle des Bleus.
Défaite cruelle des Bleus.Photo by Glyn KIRK / AFP

Après un match de faible qualité, la partie a fini par s'animer en fin de rencontre, au désavantage des Bleus, qui ont fini par craquer dans les derniers instants en Angleterre. Fin du rêve de Grand Chelem, et retour des doutes.

Après une entrée en matière aisée face au Pays de Galles dans ce Tournoi des 6 Nations, le XV de France passait en ce samedi son premier véritable test : l' Angleterre. Le Crunch, rendez-vous toujours à part, avec le souvenir de la démonstration tricolore lors de leur dernière venue à Twickenham voilà deux ans. Un affront que le XV de la Rose entendait bien effacer. 

Mais il fallait d'abord passer par un début de match stratégique mâtiné de jeu au pied peu concluant. Antoine Dupont n'avait pas réglé la mire, Fin Smith voyait son premier essai contré par Grégory Alldritt, avant qu'un premier décalage ne soit gâché par Louis Bielle-Biarrey (5e), puis un deuxième par Alexandre Roumat. Le tout haché par des arrêts de jeu incessants, entre blessures et pénalités.

Mais Thomas Ramos manquait inhabituellement la cible, les Bleus tombaient trop de ballons, et le score ne voulait toujours pas s'ouvrir. Ainsi, les esprits s'échauffaient naturellement, les Bleus rendaient trop facilement le ballon. Le match manquait de folie, alors Damian Penaud jouait une pénalité depuis ses 22, lançant une action mirifique magnifiée par un relais parfait de Ramos... et gaspillée par Dupont en bout de chaîne (21e). Avant un en-avant de Penaud sur un essai tout cuit sur l'action suivante. 

La première période était véritablement compliquée et peu enthousiasmante. Si les Bleus semblaient avoir mis le doigt dans le pot de vaseline, ils étaient de surcroit dominés dans les zones de ruck. Mais il suffisait d'un ballon gaspillé et renvoyé dans leur camp par des Anglais imprudents pour voir les Bleus enfin lancer une action d'envergure, quoique décousue, que Dupont bonifiait d'une remise intérieure pour Penaud qui envoyait au pied Louis Bielle-Biarrey enfin déflorer le planchot (31e). 

Pas de quoi faire renoncer les Anglais, qui passaient rapidement proches d'égaliser sur une relance signée Henry Slade, une percée de Tommy Freeman et un jeu au pied sauvé d'extrême justesse par... Jean-Baptiste Gros, qui passait par là. Mais la mêlée à 5 qui en découlait allait être fatale aux Bleus, la puissance anglaise (et un soupçon de réussite) voyait Ollie Lawrence égaliser entre les perches (36e). Suffisant pour renvoyer tout le monde dos-à-dos aux vestiaires (7-7). 

Pleins de bonnes intentions, les 30 acteurs n'avaient pas perdu leur incapacité à garder le ballon dans les mains, ce qui donnait une action ubuesque avec une interception de Bielle-Biarrey totalement vendangée par Peato Mauvaka. Déjà pas bien élevé, le niveau chutait encore par une surabondance de jeu au pied. Dans le marasme, Ramos remettait les Bleus devant au pied (49e) avant que ne débute le bal des remplacements.

Les Anglais, bien que vaillants, semblaient sur la corde raide, Ben Earl sauvant de justesse un essai à la course devant Bielle-Biarrey. Une mêlée effondrée plus tard, Ramos faisait passer l'avance à +6 (56e). Mais au lieu de respirer, la France perdait le ballon sur le coup d'envoi, et alors que le jeu anglais peinait à se mettre en place, Fin Smith envoyait Tommy Freeman manger la soupe sur la tête de Bielle-Biarrey pour ramener la Rose à une longueur, Marcus Smith n'ayant pas réglé la mire (58e). 

Heureusement, le réveil sonnait immédiatement, et les Bleus mettaient les Anglais sous pression, jouant l'avantage, pilonnant la ligne jusqu'à trouver le décalage pour Damian Penaud, qui pointait en coin (61e). Sauf qu'une fois encore, les Français se mettaient en difficulté, cette fois par un manque au plaquage, un Marcus Smith pas dans son assiette gâchant une belle occasion anglaise avant de rater une nouvelle pénalité largement dans ses cordes (68e). 

Alors les Anglais faisaient plus simple : pénaltouche, envoi des avants pilonner la ligne jusqu'à ce que Fin Baxter ne vienne aplatir. Avec la transformation de Fin Smith, la Rose passait devant d'un point (71e). Le moment de lâcher les chevaux, avec une accélération de Penaud sur son aile puis un coup de pied de recentrage, un soupçon de réussite, et un ballon qui filait jusqu'à l'aile de Louis Bielle-Biarrey qui semblait enfin sceller le sort du match (76e). 

Du moins le croyait-on. Les Bleus perdaient encore le renvoi, sauvaient une fois le coup, avant une dernière pénaltouche, un dernier ballon joué et une combinaison enfantine conclue par Elliott Daly qui a fait quelque chose de simple : prendre l'intervalle. Le XV de France s'incline donc 26-25, une défaite "evitable", mais à force de manquer de réalisme et de mordant, on ne peut pas gagner un match. À méditer pour la suite du tournoi.