L’ancien deuxième-ligne va retrouver un cadre qu’il a connu sous presque toutes les coutures, mais avant d’endosser son nouveau costume, il reste rivé sur la fin de saison d’une équipe de Lyon revigorée depuis plusieurs semaines. Les ambitions du LOU, sa relation avec un Karim Ghezal légitimement salué dernièrement ou son futur staff à Nevers et ses objectifs : Coenraad "Coenie" Basson a profité de la courte trêve du Top 14 pour se livrer à Flashscore France.
Flashscore : Le visage du LOU a été totalement transformé depuis la prise de fonctions de Karim Ghezal. Son style sera-t-il une inspiration pour votre grande première en tant que manager général ? Vous avez salué son arrivée et ses actions.
Coenie Basson : La première chose, c’est rester celui que je suis, avec ma personnalité et mon expérience de joueur et de coach. Mais bien sûr, j’ai des entraîneurs qui m’inspirent. J’ai beaucoup de respect pour quelqu’un comme Pierre Mignoni, quelqu’un comme Karim (Ghezal), comme Jono Gibbes. Je pense aussi à Xavier Garbajosa et Fabien Gengenbacher. J’ai appris des choses à leurs côtés et je vais m’en servir. Et il y a bien sûr Xavier Péméja. Je le connais depuis 16 ans et il m’inspire beaucoup.
FS : Où peut s’arrêter le LOU ? Quel objectif pour la fin de saison ?
CB : On a vu notre capacité à gagner des matchs récemment. Je ne veux pas qu’on se fixe des limites ou se dire que l’on va viser le top 6 ou le top 4. On va prendre chaque match, l’un après l’autre, comme on fait depuis le début. Si on continue avec cette dynamique, ce groupe est capable de tout faire et aller le plus loin possible.
FS : Le "momentum" parle pour le LOU…
CB : La tendance est positive. On est surtout sur une situation où l’on se rend compte que l’on est capable de battre n’importe quelle équipe.
FS : Aviez-vous reçu d’autres propositions pour votre avenir ? Votre contrat au LOU prenait fin à la fin de la saison et le président Roubert vient de prolonger Ghezal pour trois ans. Aviez-vous été inclus dans les discussions ?
CB : Karim voulait continuer de travailler avec moi et on en a discuté avec le club. Forcément, j’étais vraiment pour l’idée de rester travailler à Lyon, car je crois dans ce projet, mais je ne pouvais pas refuser l’opportunité proposée par le président Dumange et Xavier Péméja. De par l’ambition que j’ai, mais aussi pour franchir un cap. Je pense avoir glané assez d’expérience en tant que joueur et que coach. C’était le moment de me lancer dans une autre dynamique.
FS : Votre arrivée était-elle soumise à certaines conditions, comme le maintien ?
CB : Non, non. Je crois fort en la capacité de cette équipe à se maintenir en Pro D2. Ils ont beaucoup de blessures malheureusement mais je n’ai jamais pensé à ça, je sais que cette équipe va s’en sortir.
FS : Le succès à Dax va en ce sens !
CB : Ça prouve aussi que le staff actuel fait du bon travail, avec de jeunes joueurs. La dynamique est dure, mais positive.
FS : À propos du staff actuel, Sébastien Fouassier et Guillaume Jan sont sur le départ. À quoi va ressembler l’organisation sportive la saison prochaine ?
CB : Manu (Manuel) Cabanes va prendre le relais pour l’attaque et Benjamin Thierry reste sur la défense. Moi, je prends plutôt le rôle sur les avants avec Phillip van Schalkwyk qui est déjà là et qui va entraîner la mêlée. Je cherche toujours quelqu’un pour épauler Manuel Cabanes, mais j’ai quelques pistes.
FS : En Top 14 ou en Pro D2 ?
CB : Les deux ! Autrement, je connais déjà le staff en place. Ce sont des gens avec de fortes capacités et je leur fais confiance. C’est facile de rentrer dans un groupe où je connais déjà la façon de travailler et le fonctionnement.
FS : Justement, les choses vont légèrement changer avec la nouvelle organisation. Comment va fonctionner votre binôme avec Xavier Péméja ? Souhaitez-vous vous inspirer de la relation actuelle entre Fabien Gengenbacher et Karim Ghezal au LOU ?
CB : Xavier va rester pour m’épauler. On est d’accord sur le fait que je doive apprendre certaines choses, rien que sur les contrats. Je veux aussi m’appuyer sur lui avec son expérience de manager. Je n’ai pas encore discuté avec Xavier pour le long-terme, je ne sais pas ce qu’il va faire, mais moi, je sais que c’est quelqu’un qui va rester attaché au club. Je ne le vois pas arrêter.
FS : Vous êtes déjà en contact fréquent ?
CB : On parle presque tous les jours. On a une très bonne relation, j’ai confiance en lui à 100 % et on verra où le chemin nous mènera.
FS : Au Midi Olympique, le président Régis Dumange avait déclaré que le successeur de Xavier Péméja devait être "son sosie". N’avez-vous pas peur d’être bridé ?
CB : Non, j’ai hâte de mettre ma patte et de mettre ma petite épice à l’intérieur (sic). Je veux aussi m’inspirer de Xavier, car c’est quelqu’un que je connais depuis 2008 quand il m’a fait venir en France. On a une relation très spéciale et j’ai énormément de respect pour lui. C’est quelqu’un de droit et d’honnête et je veux m’appuyer là-dessus.
Par contre, je veux vraiment apporter ma patte. Je réfléchis beaucoup à cette génération de joueurs et comment on peut l’amener plus haut grâce au management. J’ai hâte d’apporter ma touche, de tester, de tenter et de faire des choses avec le staff et les joueurs.
FS : Quels seront vos principaux chantiers à Nevers ? Le pack n’est plus aussi dominateur que par le passé et l’on devine que c’est quelque chose que vous souhaitez retrouver.
CB : Bien sûr, on sait très bien qu’en Pro D2 aujourd’hui, la base, c’est la conquête. C’est capital. Si tu n’as pas une base solide sur les fondamentaux, on sait très bien que c’est compliqué. Mais quand je regarde les matchs, je me rappelle à chaque fois que c’est un pack très jeune qui vit une année compliquée, mais qui va se forger un caractère très fort pour la suite. Ça, c'est excitant. L’année prochaine, je vais avoir un pack avec une moyenne très jeune, mais si on arrive à récupérer quelques mecs et réintégrer les blessés, on peut déjà construire quelque chose de fort.
FS : Certains jeunes joueurs s’affirment déjà…
CB : Il y a des joueurs qui ont moins de 23 ans et qui font déjà de très bons matchs. On a l’exemple d’Ugo Vignolles qui jouait avec nous à Lyon. Il est encore jeune, il progresse chaque semaine… Chris Gabriel aussi. Il y a des jeunes qui font déjà de gros matchs. C’est quelque chose de très positif pour l’avenir.
FS : En tant que technicien, quel est votre axe de progression personnel ? L’attaque ? Les lancements ?
CB : En tant que spécialiste de la défense, j’ai quand même une vision assez forte de l’attaque. Ça passe forcément par là dans l’analyse globale. Je regarde beaucoup de choses sur l’attaque depuis plusieurs années, mais l’axe de progression, c’est plus global et humain. Réussir à prendre le feeling (sic) de mes joueurs et de comprendre leur capacité à s’exprimer dans un système offensif ou défensif. Quand tu es fixé sur un secteur, tu as tendance à te focaliser sur les choses de ton domaine. Maintenant, je dois mélanger tout ça et trouver la bonne recette pour que tout le monde aille dans la bonne direction.
FS : En bon Sud-Africain, on se doute que vous resterez attaché à une base défensive forte. Cette saison, le LOU est l’équipe qui plaque le plus en Top 14 et de loin. Ce long temps passé sans le ballon à plaquer, à se consommer, à se fatiguer est-il compatible avec un jeu efficace en attaque ?
CB : On plaque énormément, mais il y a deux choses à voir là-dessus. Au début, avec Lyon, on encaissait beaucoup de points, plus de 30 par match. Vu le nombre de plaquages, cela veut dire qu’on perdait beaucoup de ballons. Tu uses surtout ton énergie quand tu récupères le ballon, que tu tapes en touche sur une pénalité et que derrière, tu perds directement la possession sur un contre. Et tu finis par toujours défendre et te fatiguer.
Aujourd’hui, on a un meilleur ratio. On encaisse moins de points et on fait moins de plaquages. On a un jeu plus offensif, mais ça veut aussi dire que tu peux perdre plus de ballons. Donc on travaille énormément sur la transition défensive.
FS : C’est aussi un plan de jeu que de jouer haut.
CB : Si on prend l’exemple de l’Afrique du Sud, ils ne font pas beaucoup de jeu, mais ils tapent énormément de ballons. Tu t’exposes moins et tu défends plus haut.
FS : Arthur Mathiron est indéboulonnable sur son aile et l’un des Nivernais les plus en vue cette saison, mais il devrait faire la route inverse et retourner à Lyon la saison prochaine. N’avez-vous pas envie de convaincre le président Roubert de le laisser à Nevers ?
CB : Chaque jour, je pose la question (rires) ! Bien sûr que j’aimerais garder ce joueur parce qu’il est électrique. Il est toujours bien placé, il marque des essais, il défend bien, il prend beaucoup d’expérience. Forcément, si je peux le garder, je le ferai avec plus grand plaisir.
FS : Quel objectif à court terme avec l'USON ? Retrouver les phases finales comme vous les avez connues en tant que joueur et entraîneur ?
CB : La première chose, c’est de mettre les joueurs en confiance. C'est le court terme. Ce groupe peut tout faire avec la confiance. Et au fur et à mesure, on va construire une équipe et essayer de grimper chaque année pour une place de plus et pour atteindre une finale d’accession. Je ne pense pas à dire que l’on fera ça ou même un Top 6 l’année prochaine. On va d’abord regagner la confiance dans le jeu que l’on va produire et dans nos fondamentaux. Derrière ça, on sait très bien que tout viendra naturellement. On va travailler très dur et on va forger notre place le plus haut possible.
FS : C’est un sacré défi avec souvent, beaucoup de départs d’une saison à l’autre…
CB : Chaque année, le club perd des joueurs très importants. C’est un challenge aussi de les garder à l’avenir, mais l'USON reste l’un des clubs de Pro D2 qui perd le plus grand nombre de joueurs chaque saison avec des départs vers le Top 14. Récemment, on a l’exemple avec Christian Ambadiang, Christiaan Van Der Merwe, Thomas Ceyte, Nemo Roelofse, Jannick Tarrit… Alors c’est une valorisation du travail du club, du staff et des joueurs, mais l’objectif doit devenir de garder nos meilleurs joueurs.