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La France peut-elle être un géant du rugby sans avoir gagné la Coupe du monde ?

La pression sur les Bleus.
La pression sur les Bleus.AFP
Des cinq pays dits "grandes nations de rugby", la France est la seule à ne jamais avoir soulevé le trophée William Webb Ellis. Une situation à laquelle les Bleus doivent remédier lors de cette édition, pour asseoir leur place dans le gotha.

Trois finales, toutes perdues. Une troisième place, deux quatrièmes places, et trois arrêts dès les quarts de finale. Voilà le bilan du XV de France en Coupe du monde. Une histoire légendaire, mais vierge de tous trophées, ce qui renforce l'image de perdant magnifique. 

Pourtant, la France est censée être une des cinq nations majeures, en compagnie de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, de l'Afrique du Sud et bien sûr de l'Angleterre. Soit les cinq nations qui ont disputé toutes les finales de la Coupe du monde depuis sa création. 

Sauf que c'est la seule qui ne l'a pas emporté. Et pourtant, c'est bien en Coupe du monde que le XV de France a bâti sa réputation sur des matchs légendaires. Les inoubliables succès sur les All Blacks en 1999 et 2007, et la finale perdue à l'arraché en 2011. La demi-finale sous des trombes d'eau en Afrique du Sud en 1995. Et on en passe. 

Mais jamais la coupe au bout. Et le temps presse. En France, on considère que notre championnat de clubs est le meilleur du monde. Le Top 14 retient les internationaux français et attire les internationaux, il a gagné plus de coupes d'Europe que les autres pays, c'est un fait. Mais cet éclat pourrait pâlir si les Bleus ne triomphent pas à domicile. 

Obligation de souler le trophée pour les Bleus ?
Obligation de souler le trophée pour les Bleus ?AFP

Car ainsi va l'image de l'Hexagone. Le French Flair, le jeu à la française, imprévisible, insaisissable, inarrêtable quand il est pratiqué de la bonne façon. Une Madeleine de Proust qui pousse les supporters, les suiveurs, à considérer n'importe quel match "gagnable", quel que soit l'adversaire. 

Une stratégie qui a valu beaucoup de déconvenues, et notamment de perdre contre les Tonga en poules en 2011. Mais là où le bât blesse, c'est que les Bleus restent sur deux éliminations en quarts de finale d'affilée. En 2015, malgré une phase de poule foirée, l'espoir était aussi grand face à la Nouvelle-Zélande que la déculottée qui a suivi. Et en 2019, les Bleus ont perdu un match amplement à leur portée. 

Il ne faut pas se voiler la face, un quart de finale contre l'Afrique du Sud ou l'Irlande pourrait déboucher sur une défaite. Et si ce ne serait clairement pas déshonorant, les conséquences pourraient être dramatiques. La France restera un géant du rugby, parce que sa réputation est unique par rapport à ses concurrents. Mais à force de ne pas saisir les occasions, les occasions pourraient ne plus se représenter. 

Pour, en termes de réputation et de charisme, rester devant l'Irlande, l'Argentine et les nations émergentes, il faut gagner, pas le choix. Gagner "mochement" comme les Blacks en 2011 à une époque où leur réputation était en danger. Ce qui a relancé la Fougère Argentée vers les sommets du rugby mondial. Là où doit être le XV de France