Le contexte
Voilà près de deux ans – et une victoire sur la Nouvelle-Zélande –, que l'on promet au XV de France le statut de favori de "sa" Coupe du monde. Un statut loin d'être usurpé, clairement, mais qui doit être tempéré. Non pas du fait du niveau des Bleus, qui ont encore prouvé en 2023 leur talent, mais par deux autres facteurs.
Les blessures tout d'abord. Romain Ntamack ne jouera pas cette édition. Un drame puisque la France a rarement abordé un Mondial avec une charnière de niveau élite. La semaine dernière, Paul Willemse a également dû renoncer. Cyril Baille et Jonathan Danty manquent également à l'appel de ce match d'ouverture, mais devraient rejoindre le groupe ensuite (dans quel état). Quatre titulaires indiscutables sur le carreau d'entrée, un mauvais augure.
La concurrence ensuite. L'Irlande est n°1 mondiale, l'Afrique du Sud est montée en régime, mais ce sont les Blacks qui nous intéressent. Voilà quelques jours, pour finir leur préparation, ils ont concédé rien de moins que la plus large défaite de leur histoire contre les Boks. Une équipe expérimentée et qui regorge de talent touchée dans son orgueil, voilà qui appelle à la méfiance.
Les compositions
France :
15. Thomas Ramos – 14. Damian Penaud, 13. Gaël Fickou, 12. Yoram Moefana, 11. Gabin Villière – 10. Matthieu Jalibert, 9. Antoine Dupont – 7. Charles Ollivon, 8. Grégory Alldritt, 6. François Cros – 5. Thibaud Flament, 4. Cameron Woki – 3. Uini Atonio, 2. Julien Marchand, 1. Reda Wardi.
Remplaçants : 16. Peato Mauvaka, 17. J-B Gros, 18. Dorian Aldegheri, 19. R. Taofifenua, 20. Paul Boudehent, 21. Maxime Lucu, 22. Arthur Vincent, 23. Melvyn Jaminet.
Nouvelle-Zélande
15-Beauden Barrett, 14-Will Jordan, 13-Rieko Ioane, 12-Anton Lienert-Brown, 11-Mark Telea, 10-Richie Mo'unga, 9-Aaron Smith, 8-Ardie Savea, 7-Sam Cane (capitaine), 6-Dalton Papali'i, 5-Scott Barrett, 4-Sam Whitelock, 3-Nepo Laulala, 2-Codie Taylor, 1-Ethan de Groot
Remplaçants : 16-Samisoni Taukei'aho, 17-Ofa Tu'ungafasi, 18-Fletcher Newell, 19-Tupou Vaa'i, 20-Luke Jacobson, 21-Finlay Christie, 22-David Havili, 23-Leicester Fainga'anuku
Le joueur à suivre : Damian Penaud
Le monde du rugby est dithyrambique avec l'ex-Clermontois. Top 3 ailier mondial, voilà ce que l'on entend à tue-tête. Logique, au vu du niveau du bonhomme, mais dans un match qui s'annonce épique, il va falloir le montrer à la terre entière.
D'abord en défense, où il y a parfois du laisser-aller, même s'il progresse sous les ballons hauts. Mais surtout, quand le XV de France aura besoin d'une étincelle, il doit être celui qui craquera l'allumette. Relanceur hors pair, finisseur d'élite, il n'aura peut-être pas tant de ballons que cela à exploiter au final, mais il devra tous les bonifier. La victoire est sans doute à ce prix.
La clé du match : la conquête
Avec un duo Woki - Flament en 2ᵉ ligne, Fabien Galthié a sans doute sacrifié une assise en mêlée fermée – déjà fragilisée par l'absence de Baille –, et misé gros sur la conquête en touche. On tient là deux preneurs de balle hors pair, sans même parler de Charles Ollivon. C'est un domaine où la France n'aura pas le droit d'être dominée ce soir.
Mais les Bleus risquent donc de souffrir en mêlée. Et il ne serait pas étonnant que Romain Taofifenua soit le premier à sortir du banc pour tenter de stabiliser l'affaire si le huit est chamboulé. Même si Antoine Dupont est un éjecteur de premier ordre, il ne peut pas tout faire tout seul, et de la tenue en mêlée dépendra une grande partie du résultat final.
Pronostic
On imagine mal les Bleus perdre le match d'ouverture d'un évènement qu'ils ont tant préparé. Mais c'était déjà le cas en 2017, et tout le monde sait comment cela a fini. Il n'est sans doute pas question de lire la lettre de Guy Môquet ici, mais commencer par le dessert est rarement une bonne idée.
Néanmoins, malgré les absents, le XV de France reste solide sur ses appuis. Des certitudes dans le jeu, et une emprise indéniable sur leur adversaire au vu de leur dernier affrontement. Une victoire de la France avec entre 5 et 15 points d'écart semble l'issue la plus probable. Place au jeu !