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En pleine ascension, l'Union Bordeaux-Bègles doit valider sa transformation par un titre

Le sacre pour l'UBB ?
Le sacre pour l'UBB ?Alexandre Martins / Alexandre Martins / DPPI via AFP

Pour la première fois, l'Union Bordeaux-Bègles va disputer la finale de la Rugby Champions Cup. Contre Northampton, l'affaire ne sera pas aisée, mais l'UBB a besoin de ce premier titre pour matérialiser par un trophée tous les efforts entrepris depuis 20 ans.

Voilà désormais 19 ans que l' Union Bordeaux-Bègles existe officiellement. En 2006, le Stade Bordelais Université Club et le Club Athlétique Béglais unissaient leurs forces après des années de tentatives, de conflits larvés, et de guerres d'égo. Objectif : offrir à la vile de Bordeaux le grand club de rugby dont elle avait besoin. 

Entre l'équipe historique de Bègles, double championne de France et célèbre pour son paquet d'avants lors du titre de 1991, et le SBUC, qui avait remporté pas moins de sept titres nationaux entre 1899 et 1911, ce mariage de raison n'avait pas fait que des heureux à l'époque. Mais il était nécessaire, et s'il a finalement accouché d'un géant actuel du rugby français, c'est en partie grâce à un homme : Laurent Marti

L'entrepreneur s'est rapidement installé dans le fauteuil de président, et il y est toujours aujourd'hui. Cinq ans après cette fusion, l'UBB validait son accession en Top 14, et n'a plus jamais regardé en arrière. L'époque des premiers historiques de ce nouveau club, les Heini Adams, Matthew Clarkin, Ole Avei, Julien Rey, symboles d'un rugby qui n'a cessé de se transformer depuis.

Depuis, l'UBB n'a cessé de progresser pour devenir un mastodonte. Mais cela n'a pas été sans mal. La direction n'a eu de cesse que de placer de grands noms aux commandes, notamment sous la férule de Raphaël Ibañez. L'ancien capitaine du XV de France a multiplié les adjoints prestigieux, de Joe Worsley à Émile Ntamack, de Bruce Reihana à Vincent Etcheto en passant bien entendu par Jacques Brunel, qui allait ensuite prendre les commandes avant d'aller chercher sans succès le Graal à la tête du XV de France. Mais il faut rendre hommage à un homme en particulier : Christophe Urios

Demandez aux supporters de l'UBB quel est leur plus gros regret, ils ne vous parleront pas de la finale du Top 14 la saison passée, parce que la défaite 59-3 contre Toulouse parle d'elle-même. Non, ils vous parleront de la saison 2019/2020, la première sous la houlette d'Urios, champion en 2018 avec Castres, mais ce titre, on le qualifiait de circonstancié. Incompréhensible, quand on parle d'un homme qui était la figure de proue de l'US Oyonnax quand elle a décroché une qualification historique en barrages de Top 14, ne s'inclinant que d'un point contre le Stade Toulousain ! 

À peine parti de Castres, et après avoir vu son nom pour succéder à... Jacques Brunel à la tête du XV de France, Urios reprend en mains l'UBB, qui, depuis son accession au Top 14 neuf ans auparavant, n'avait jamais fait mieux que 8ème. Dès son arrivée, il transforme ce groupe en lui insufflant une mentalité de gagnant, et des vertus de combat. Le résultat est incroyable : 13 victoires en 17 matchs de Top 14, l'UBB est leader avec 8 points d'avance sur Lyon ! Mais le Covid allait passer par là, stoppant les compétitions : il n'y aurait pas de champions de France cette année-là. 

Une blessure, car si cette saison a installé l'UBB parmi les géants du Top 14 (elle vient d'enchaîner quatre demi-finales d'affilée), elle n'a pas, depuis, raflé ce titre qui lui manque tant. Et même si la première finale de son histoire la saison passée a permis de franchir une étape de plus, elle laisse un énorme goût d'inachevé quand on voit le scénario de la finale. 

Une leçon. Voire une boucherie. Les Bordelo-Béglais sont passés à côté de l'évènement. "Il faut que cette défaite nous nourrisse pour revenir avec beaucoup de certitudes la saison prochaine" déclarait Maxime Lucu après cette déroute. Le discours de Yannick Bru, nouveau maître du banc de l'UBB, ne tradusait pas autre chose. "À Bordeaux, on est encore dans une étape de construction. On était en avance sur les temps de passage mais on est arrivé sur les rotules en finale."

Cette fameuse construction chère aux équipes qui veulent aller loin. Les fameuses leçons de cette déroute ont-elles été apprises ? Car si cet après-midi, ce ne sera pas une première finale, ce sera la première au niveau Champions Cup. Et si le groupe n'a pas réellement bougé, est-il possible qu'il soit marqué par les cicatrices de juin 2024 ?

Car sur le papier, c'est du 50/50. Northampton a la hype et reste surtout sur une monstrueuse victoire au Leinster en demi-finale, ce qui lui confère énormément de crédit. L'UBB possède la meilleure attaque de la compétition (342 points et 50 essais marqués), domine dans toutes les catégories statistiques. Mais surtout, elle a fait tomber le Stade Toulousain en demi-finale, assumant son statut de favorite, au terme d'un match qui est resté dans les mémoires. 

Ne reste que la dernière marche, la plus dure à gravir. La Rochelle a dû en passer par deux défaites en finale (Europe et Top 14) contre Toulouse avant de réussir à soulever la Champions Cup, et attend encore un sacre sur le plan national. Le Racing 92 a échoué trois fois en finale en cinq ans, exactement comme l'ASM Clermont. N'est pas le Stade Toulousain qui veut.

Chaque finaliste a dominé en demie les deux références du rugby à XV sur le Vieux-Continent. De quoi considérer ce match comme un coin flip ? Une défaite ne remettrait pas en cause le projet de l'UBB, qui visera de plus le titre encore une fois en Top 14. Mais ce projet vieux de presque 20 ans peut trouver une première conclusion ce samedi. Et alors que c'est un club français qui a raflé la mise en Champions Cup sur les quatre dernières saisons (ce qui n'était jamais arrivé peu importe le pays), l'UBB a les moyens de rejoindre La Rochelle et Toulouse pour prolonger cette série exceptionnelle. Y'a plus qu'à...