En attendant, l’un des tauliers du pack du Castres Olympique garde le rythme avec pour objectif, une progression sur les deux tableaux disputés par le club tarnais. Entre l'enchaînement des matches à une cadence infernale et ses axes de progression personnels, Gaëtan Barlot s’est livré pour Flashscore France.
Flashscore : Vous êtes l’un des joueurs de première ligne qui a joué le plus de minutes cette saison en Top 14 (589 après 14 journées) et vous semblez repartir sur les bases des saisons ayant précédé votre terrible blessure aux cervicales. L’enchaînement des rencontres n’est-il pas trop délicat ?
Gaëtan Barlot : C’est quand même dur, il faut bien gérer sa récupération en semaine parce qu’il faut être bon tous les week-ends. Il faut aussi trouver la ressource mentale pour avoir la motivation afin d’être bon à chaque match.
FS : C’est plus ou moins simple ?
GB : Quand il y a un match à enjeu comme la réception de Toulouse, on trouve la motivation facilement. Quand on joue à l’extérieur juste après, c’est là le plus dur. Être prêt mentalement à toujours enchaîner.
FS : L’intensité augmente inexorablement sur les pelouses et en tant qu’avant, vous êtes parmi les premiers concernés. Malgré l’explosion du nombre de cartons cette saison en Top 14, vous restez l’un des joueurs les moins sanctionnés. Votre dernier carton jaune en pro remonte même à la Pro D2 avec Colomiers, en 2020 !
GB : C’est vrai que je prends peu de cartons et fais peu de fautes en général (NDLR : 2 en Top 14 au moment de l’interview) et je pense que c’est surtout dû à une bonne formation à l’école de rugby sur la base du plaquage.
FS : Cela vous place d’ailleurs dans la liste des meilleurs plaqueurs du championnat…
GB : C’est la technique de plaquage qui me récompense !
FS : Début 2025, Xavier Sadourny a pris les commandes de l’encadrement technique du CO. Qu’est-ce qui a changé ?
GB : Cela ne change pas grand-chose jusqu’à maintenant. Ce que (Jeremy) Davidson gérait a été réparti entre Xavier et Steven (Setephano), le coach de la défense. Les tâches ont été partagées et Xavier Sadourny avait déjà l’attaque en main donc ça ne change pas grand-chose. Juste sur le management, c’est plus à sa sauce, cela change un petit peu, mais il n’y a pas non plus une grande révolution.
FS : Fin 2024 et avant ce changement, les trois défaites de rang ont fait sortir le CO des places qualificatives aux phases finales. Quelle sera la clé de la seconde partie de saison pour accrocher une première qualification depuis 2022 ?
GB : Il faut déjà assurer à domicile et accumuler des points à l’extérieur. Gagner en déplacement, c'est très dur, mais ce que l’on a pu retenir de la saison dernière, c’est qu’il faut mieux gérer les bonus. Que ce soit offensif ou défensif. Parfois dans le match, on croit que quatre points, c'est bien, mais c’est sûr que cinq sera toujours mieux. Et quand tu fais les comptes à la fin, tu vois que si tu avais pris un point par-ci par-là que tu aurais dû prendre, ils font la différence sur le classement à la fin de saison. Il faut vraiment avoir une régularité et apprendre à aller chercher un point de bonus qui peut être très important sur le plan comptable.
FS : Cette course aux phases finales est-elle compatible avec les ambitions européennes ? Cela fait belle lurette que l’on n’avait pas vu Castres aussi appliqué sur la scène continentale.
GB : Je pense que oui. Ce qui est très bien avec la coupe d’Europe, c’est de voir de nouvelles équipes et de nouveaux joueurs donc ça change notre style de jeu. Comme quand on joue les Bulls ou les Saracens bientôt.
Les Saracens c’est l’équipe avec le plus grand temps de jeu effectif en Europe et même en cas de défaite, on travaille sur la condition physique, sur la répétition des temps de jeu et sur la défense. Il n’y a qu'avec la coupe d’Europe que l’on peut travailler de cette façon parce qu’en Top 14 on a moins de temps de jeu effectif. C’est juste plus dur d’en avoir.
FS : Le travail est différent…
GB : Ça permet de travailler de nouveaux lancements et les longues séquences de jeu. Parce qu’en jouant toujours face aux mêmes équipes, on analyse et sur-analyse. Et après, c’est forcément plus difficile.
FS : Ce fameux temps de jeu effectif, il se rapproche de celui connu au niveau international ?
GB : Exactement. Par exemple à Castres, on a très peu de joueurs qui ont connu cette intensité-là et ça permet de découvrir le niveau international. Quand on joue La Rochelle ou Toulouse, on voit le travail qu’il nous reste à faire pour atteindre un tel niveau sur plusieurs années.
FS : En parlant de ce niveau international, que vous manque-t-il pour pouvoir retrouver le XV de France ? La concurrence est féroce au talon.
GB : Je pense que je dois faire plus d’actions personnelles sur le terrain. Plus de percées, être défensivement plus clair, peut-être mieux appuyer certains plaquages dans des moments clés. Et oui, je suis en concurrence au talon avec des joueurs issus d’équipes qui roulent sur tout le monde en ce moment. Comme Bordeaux, c’est forcément avantageux. Mais individuellement, je dois être plus régulier en conquête et faire plus d’actions tranchantes.
FS : C’est une auto-évaluation ou ce sont des axes de travail donnés par les membres du staff ?
GB : Je ne les ai pas eus, c’est une évaluation personnelle.
FS : À l’UBB, vous allez vous disputer une place avec Maxime Lamothe, toujours dans la short-list “premium” du XV de France, et le surprenant Connor Sa. Elle est excitante, cette future émulation ?
GB : Oui, c’est quelque chose qui m’excite, car je pars vraiment sur un nouveau challenge. Il y a la concurrence avec Maxime Lamothe et il ne faut pas oublier que Connor Sa fait un beau début de saison. On est trois au poste, ça va être une belle concurrence.
FS : Le CO vous avait proposé une prolongation de contrat, mais vous avez fait le choix de l’UBB. Comment l’expliquer ?
GB : Ça fait cinq ans à Castres que j’enchaîne beaucoup les matches et je pense que cela va être beaucoup plus dur à Bordeaux. Je ne vais pas arriver en tant que numéro un parce qu’il y a déjà deux gars au poste. C’est un vrai challenge qui est excitant à 27 ans : je vais dans une très, très belle équipe (sic) qui joue le haut du tableau en Top 14 et en coupe d’Europe. Jouer avec autant d’internationaux va aussi être quelque chose d’excitant et c’est un pari que j’ai pris. Ça peut relancer ma carrière avec l’équipe de France ou l’arrêter donc c’est avant tout pour le challenge. Je vais voir autre chose et rejoindre une équipe qui est, selon moi, un cran au-dessus actuellement.
L’absence de sélection internationale n’est pas synonyme de répit pour le talonneur castrais. Ce dimanche, le CO sera dans la banlieue londonienne pour y affronter les Saracens dans un match crucial de Champions Cup. Il s’agit du premier de trois déplacements avec, par la suite, l’ambition évidente de rester dans le bon wagon pour la course aux phases finales de Top 14 avec un périlleux déplacement à la Défense Arena du Racing 92. Une occasion supplémentaire pour Gaëtan Barlot de rester dans les petits papiers du staff de Fabien Galthié.