Victoire ou défaite contre l'Australie, 2025 est une année perdue pour le XV de France

2025 à oublier pour les Bleus ?
2025 à oublier pour les Bleus ?Photo par DAVID ROGERS / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP

Le XV de France termine 2025 ce soir au Stade de France contre l'Australie. Mais peu importe le résultat, les Bleus ne semblent pas avoir avancé d'un pouce cette année.

Le XV de France dispute ce soir contre l'Australie son 11e et dernier match de l'année 2025. Le bilan est simple : 5 victoires pour 5 défaites. Du résultat de ce soir dépend donc un bilan positif ou négatif pour les Bleus. Voilà pour le plan comptable. 

Néanmoins, et de façon surprenante, cette année ne restera pas dans les annales. Pourtant, la France a remporté ce qui est seulement son deuxième Tournoi des 6 Nations depuis 2010 au printemps. Sauf que dans un objectif Coupe du monde, on peut s'inquiéter de la capacité des Bleus à avancer vers un potentiel titre. 

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Pas de quoi pavoiser

C'est un paradoxe : avant de voir Antoine Dupont se blesser gravement au genou après 30 minutes en Irlande, la France ne semblait pas en mesure de venir gagner le Tournoi. La défaite en Angleterre, au terme d'un match clairement tremblant perdu sur une combinaison de juniors passée par la Rose, laissait planer le doute sur le niveau réel de ce XV. 

Néanmoins, la blessure de leur capitaine, leader, maître à jouer, et on en passe, a fait appel à l'orgueil des Bleus, qui ont gagné "pour Toto" comme mentionné en conférence de presse d'après match. Le fameux supplément d'âme qui a fait que les Français sont allés en coller 42 sur la pelouse des Verts, réalisant ainsi leur match le plus convaincant de l'année 2025... sans leur meilleur joueur ! 

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Car quand on y regarde de plus près : 5 victoires, Pays de Galles, Italie, Irlande, Écosse et les Fidji la semaine dernière. 5 défaites, Angleterre, Nouvelle-Zélande à trois reprises et Afrique du Sud. Des équipes qu'il faut battre quoi qu'il arrive pour être champion du monde. 

On peut arguer, à raison, que les trois défaites contre les Blacks ont été concédées sans les fameux joueurs "premium". Mais si l'on rentre dans le sujet des joueurs, l'année 2025 a été assez décevante. 

Loin d'un XV type

Seulement six joueurs qui seront titulaires ce soir l'étaient lors du premier match de l'année contre le Pays de Galles : Thomas Ramos, Louis Bielle-Biarrey, Romain Ntamack, Grégory Alldritt, Emmanuel Meafou et Jean-Baptiste Gros. Difficile de parler de continuité, même si, bien évidemment, les blessures jouent un rôle. 

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Mais aujourd'hui, de combien de titulaires indiscutables dispose le XV de France, quand ces joueurs sont à 100% ? Ramos, Bielle-Biarrey, Damian Penaud, DupontMeafou, Thibaud Flament, Uini Atonio, Peato Mauvaka. 8 joueurs donc, et à moins de deux ans de la Coupe du monde, on espérait mieux, quand on sait à quel point la continuité est indispensable pour durer au plus haut niveau. D'autant que trois joueurs de cette liste - Dupont, Atonio et Mauvaka - sont sur le carreau à l'instant T pour de lourdes blessures. 

Et à certains postes, cela devient très problématique. Notamment en matière de piliers. La France s'est fait désosser contre l'Afrique du Sud en mêlée fermée, Baptiste Erdocio et Régis Montagne étant clairement au mieux des n°2. Ancien point fort des Bleus, la paire Cyril Baille - Uini Atonio a vécu, le premier n'ayant jamais retrouvé son niveau de 2022, le deuxième étant logiquement de plus en plus souvent à l'infirmerie à 35 ans.

En troisième ligne en revanche, c'est une abondance de biens. Néanmoins, le trio François Cros - Charles Ollivon - Grégory Alldritt était clairement indiscutable à son zénith, mais le premier est sur la touche, le deuxième vient tout juste d'en sortir et la forme du troisième, pourtant parmi les leaders du XV de France, est totalement fluctuante. 

Le poste de centre reste également sensible, même si Nicolas Depoortère est attendu comme le futur. Mais l'éternel débat du XV, et même du rugby français, c'est le n°10 : Romain Ntamack brille en défense mais manque de tranchant en attaque, et c'est le contraire pour Matthieu Jalibert. Cette conversation a lieu depuis 40 ans et peut-être même plus. Le poste d'ouvreur est toujours le plus commenté, parce qu'on n'a pas eu la chance en France d'avoir un Dan Carter ou un Jonny Wilkinson. Mais le changer tous les trois matchs n'apportera jamais de bon. 

La France au point mort

Reste le débat sur le sélectionneur, encore pire que celui sur celui du poste d'ouvreur. Fabien Galthié est en poste depuis 2020. Il a remporté deux fois le Tournoi des Six Nations, ce qui fait donc un bien meilleur palmarès que ceux qui l'ont précédé dans les temps récents, Jacques Brunel, Guy Novès ou encore Philippe Saint-André. Mais la déception de ne pas avoir gagné la Coupe du monde à domicile prime sur tout le reste, et le jugement global sur lui est effroyable. Comme s'il était sur le terrain...

Comme si, surtout, il était interdit de replacer les choses dans leur contexte. Le XV de France est moins fort actuellement qu'en 2023, et cette année-là, il n'a pas réussi à aller au bout en Coupe du monde. Comment espérer un résultat différent en 2027 ? Certes, deux ans, c'est long, mais on l'a vu lors du dernier cycle, être la meilleure équipe du monde en 2022 n'a amené aucune garantie pour le grand rendez-vous. 

Le problème du XV de France, c'est qu'il est imprévisible. Et cela peut se transformer en problème pour l'adversaire. Une équipe capable de prendre 60 points à la maison contre l'Australie, et d'échouer à un point du titre mondial un an plus tard. Tous les sélectionneurs ont tenter de gommer cette imprévisibilité pour gagner en efficacité, mais on l'a encore vu en Irlande cette année, quand on ne l'attendait plus, il est ressorti de sa boîte. 

Ce n'est cependant pas un plan de jeu, et trouver l'équilibre entre imprévisibilité et efficacité est la charge du sélectionneur. En cela, Fabien Galthié a sa part de responsabilité. Mais le plus important est de faire progresser son équipe. Et si quelqu'un affirmait que le XV de France est moins fort actuellement qu'à la prise de fonction de l'actuel sélectionneur, ce serait parfaitement entendable. 

Une chose est sûre, il est moins fort que cet hiver. Ce qui fait que l'année n'a servi à rien dans le but de fabriquer un ensemble capable de gagner une Coupe du monde, ce qui restera toujours l'objectif ultime jusqu'à temps qu'il soit réalisé. Ce n'est pas un succès contre une Australie malade qui changera quoi que ce soit : Fabien Galthié n'ira pas au-delà de 2027, comme de nombreux joueurs du groupe. Il va clairement falloir montrer autre chose, dans les 24 mois à venir, pour qu'on croit en une chance de victoire finale. Pour 2025, c'est terminé.