Plus

Rodri ou l'oublié magnifique du Ballon d'Or 2023

Rodri, seul buteur de la finale de la Ligue des chamipons 2022-2023.
Rodri, seul buteur de la finale de la Ligue des chamipons 2022-2023.AFP

Le meilleur loisir de la cérémonie du Ballon d'Or, c'est encore de critiquer les votants qui ont choisi le mauvais joueur. Cette édition ne dérogera pas à la règle. Si les noms d'Erling Haaland ou Kylian Mbappé reviennent souvent, que dire de Rodri, la pierre angulaire du Manchester City auteur du triplé ?

Il a marqué l'unique but de la finale de la Ligue des champions, ce qui n'est pas la portée du premier milieu défensif venu. Rodri sort d'une saison fabuleuse avec Manchester City, récompensée d'un triplé Ligue des Champions-Premier League-FA Cup, le premier depuis Manchester United en 1999. Ultra-présent dans chacun des matchs qu'il a disputé avec les Citizens, impliqué autant défensivement qu'offensivement et auteur de buts magiques (4 l'an passé), il a porté à lui-même son équipe. Mais, de par son poste, il lui est difficile de prétendre au trophée tant convoité.

Un indispensable de Guardiola

Tout suiveur de football anglais vous le dira. Rodri est l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur, milieux de terrain défensifs du monde, adroit dans ses tacles, puissant au duel, doté d'une lecture du jeu qui lui offre la capacité d'intercepter presque n'importe quel ballon. En constante progression, il est un élément incontournable de l'équipe mancunienne, mais aussi une valeur sûre sur laquelle se reposer. 

A tel point qu'hormis Erling Haaland, auteur de la plupart des buts de City en C1(12), il est considéré comme l'un des véritables artisans de la saison historique de son club. Nommé meilleur joueur de la compétition en 2022-23, et créateur d'occasions, il a été et demeure plus qu'utile. 

En Premier League, il a permis aussi à son équipe de devancer Arsenal (notamment lors du retournement de situation en Angleterre et la victoire de City, 4-1). Impérial, l'Espagnol n'a pas franchement démontré beaucoup de défauts dans son jeu la saison passée. Seuls quelques cartons jaunes viennent la ternir, mais ne justifient pas son évincement du titre de meilleur joueur de l'année. 

Une question de Coupe du Monde ou de poste ?

La plupart des arguments en faveur du sacre de Lionel Messi résident dans le fait qu'il a été exceptionnel au Qatar. Un fait que ne peut lui enlever Rodri. De son côté, le milieu de terrain reconverti défenseur central par Luis Enrique a fait tout son possible pour mener l'Espagne vers la victoire, mais n'en a pas eu l'occasion longtemps. Condamnée à une possession stérile, la Roja a été éliminée après une phase de poules difficile (défaite contre le Japon, 2-1, et un nul contre l'Allemagne, 1-1) et un 1/8 de finale très pauvre face au Maroc (0-0, 3 tab 0).

Mais puisqu'il faut juger l'individu et non son équipe pour déterminer son statut de joueur de l'année, l'Espagnol ne devrait pas être pénalisé. D'autant plus qu'après la Coupe du monde, il a été impeccable avec sa sélection et s'est rattrapé en Ligue des Nations (où il a été sacré meilleur joueur de la compétition). Homme de base de l'Espagne, il mérite donc d'être considéré à sa juste valeur après sa grande saison.

Rodri avec le trophée de la Ligue des Nations.
Rodri avec le trophée de la Ligue des Nations.AFP

Ce qui amène à remettre à nouveau en question la place des joueurs autrement qu'attaquant parmi les 30 nommés au Ballon d'Or. Le Trophée Yachine a été créé pour que les gardiens puissent finalement être récompensés. Mais, les défenseurs et milieux sont laissés sur la touche. Rodri n'a pas l'aura, ni le pouvoir médiatique d'Haaland ou de Mbappé. Il n'est pas ailier ou avant-centre. Il n'est même pas milieu relayeur. Seulement, son travail est total et sert de clef de voûte au bon fonctionnement des équipes dont il fait partie.

Et ce n'est pas Pep Guardiola qui dira le contraire. "Rodri a été incroyable. Nous le savions mais je peux vous assurer que nous avons un incroyable milieu de terrain pour la prochaine décennie, ou au moins tout le temps qu'il sera ici", disait-il déjà il y a quatre ans. Alors, combien de temps le numéro 16 de Manchester City doit-il encore être au top niveau pour enfin être reconnu à sa juste valeur ?