On sait bien que l'abonnement à DAZN n'a pas la cote mais on imagine que Didier Deschamps a cassé la tirelire pour suivre les matches de l'Olympique Lyonnais. Le doute est permis parce que si ça continue comme ça, la France se fera souffler Rayan Cherki par l'Algérie ou l'Italie qui sont particulièrement intéressées par le Gone qui doit certainement en avoir assez de recevoir des convocations pour les Espoirs. Avec 23 sélections pour 13 buts, sans oublier les 5 avec l'Equipe de France olympique, il a fait le tour de la question depuis bien longtemps.
En mars, l'excuse du sélectionneur était de "réserver" le milieu offensif à Gérald Baticle en prévision du prochain Euro U21. Une attitude qui frise la mauvaise foi. À une époque où des promesses plus jeunes ont accédé aux A (Warren Zaïre-Emery, Bradley Barcola, Désiré Doué), Cherki, lui, doit encore ronger son frein alors qu'on parle d'un joueur aux quasiment 200 matches professionnels qui a débuté sa carrière en 2019 et achève sa 5e saison complète à l'OL.
Une saison de leader
La progression cette saison de Cherki a démontré qu'il avait franchi un cap mental et physique. C'est d'autant plus louable qu'il était poussé vers la sortie par John Textor, carrément menacé de ne pas jouer du tout et hors du groupe jusqu'à la fin septembre. Finalement, il a été prolongé, revalorisé et il a démontré une régularité qu'on lui connaissait peu.
S'il a pu être frustrant pour ses coaches comme pour ses supporters, s'il a pu renâcler à défendre (un péché de jeunesse assez commun au demeurant), Cherki a gommé une bonne partie de ses défauts cette saison pour devenir au fur et à mesure de ses sorties, une des références à son poste en France. Ce n'est pas un hasard si l'OL est en lice pour se qualifier en demi-finale de la Ligue Europa et lancé vers le podium en championnat.
Son match dimanche contre Auxerre a démontré l'étendue de son talent, à la fois dans la qualité de passe quand Georges Mikautadze est allé chercher un penalty, et dans la finition, avec un enroulé du gauche pour conclure un mouvement collectif de grande classe. Depuis deux mois et demi, il survole les débats en championnat : 5 buts, 6 passes. Et c'est sans compter son influence sur le jeu lyonnais. Car il y a bien une équipe avec et une équipe sans Cherki.
En Ligue Europa, les matches à élimination directe le transcendent : quatres passes décisives contre le FCSB et un but immensément important dans les arrêts de jeu contre Manchester United. Dans une forme étincelante, l'ambidextre a franchi un cap important et s'il pourrait quitter l'OL d'ici quelques mois, il paraît investi d'une mission pour partir la tête haute, à moins qu'une qualification en Ligue des Champions ne le pousse à rester. Et peut-être qu'en septembre, il sera enfin appelé chez les Bleus... s'il n'est pas trop tard.