"C'est une sélection à respecter. Ce n'est pas une punition". En quelques mots. Thierry Henry a résumé la trame de son mandat à venir. Présenté officiellement ce mardi, l'ancien attaquant a mis un point d'honneur à valoriser l'Équipe de France Espoirs et il a clairement fait passer le message aux jeunes joueurs. Attaché à ses principes, il entend faire renaître "l'esprit français" avec empathie et à force de discussions.
"J'ai beaucoup de pédagogie à faire"
Thierry Henry sait exactement de quoi il s'agit quand il évoque le respect à avoir pour cette sélection Espoirs qu'il a côtoyé même quand cela a pu être désagréable pour lui. Après la Coupe du monde 1998, il est "redescendu" et tout meilleur buteur tricolore lors du Mondial 98, il a considérablement aidé l'équipe dirigée par Raymond Domenech à se qualifier pour l'Euro 2000 auquel il n'a pas participé. Ainsi, il a de lui-même expérimenté les allers-retours entre l'équipe A et les moins de 21 ans et peut parler par expérience, ce qui n'est pas inutile pour capter l'attention de son auditoire qui avait à peine 2 ans quand il était la figure de proue des Invincibles d'Arsenal.
Le fiasco des JO de Tokyo en 2021, ainsi que l'échec en 1/4 de finale de l'Euro 2023 restent dans les têtes. Malheureusement, les choses n'ont pas évolué correctement, sur le terrain et en dehors. Privé d'une bonne partie des joueurs lors des Jeux, Sylvain Ripoll a dû compenser sans de bons éléments de son effectif. Cet été, une partie du problème auquel l'équipe a été confrontée résultait de sa non-collectivité. Ce qui est en passe de changer.
"Cette génération n'a pas connu ce qu'on a connu. Ma génération devait aller vers les anciens, maintenant elle doit venir vers les jeunes. Il faut s'adapter, connaître les codes. Il y a beaucoup de pédagogie dans tout ça. Par exemple, je savais que si j'étais en retard, je ne jouais pas le week-end. Maintenant, si le gars arrive en retard, il joue. Donc, oui, il faut savoir s'adapter", s'est exprimé le néo-sélectionneur ce midi.
Il a également affirmé s'être toujours bien entendu avec les jeunes des équipes qu'il a entraînées et espère pouvoir nouer le dialogue avec ceux qu'il appellera en Bleuets au prochain rassemblement (avec des matchs les 7 et 11 septembre) :"il va falloir travailler tous ensemble, créer un "esprit France". Chacun doit s'y identifier. J'ai beaucoup de pédagogie à faire".
Les Espoirs : un chantier de construction
En plus de devoir faire renaître l'étincelle pour la phase de qualification à l'Euro 2025 et les Jeux olympiques, Henry doit encore bûcher sur quelques points techniques. La première étape sera de composer sa liste pour le rassemblement de septembre, échanger avec les joueurs et se "mettre au travail".
Interrogé sur son style, le sélectionneur a fait état de caractéristiques offensifs, ce qui marquera une scission avec ce qui a été mis en place par Ripoll. "Je sais ce que je veux, qu'il y ait un pressing haut, qu'on ait la balle, qu'on puisse créer le surnombre", a-t-il énuméré, avant de rappeler qu'il n'était pas seul et que ce qui a été fait avant est aussi à prendre en compte.
Il aura à sa disposition la plupart des joueurs ayant disputé l'Euro 2023. Maxence Caqueret, Rayan Cherki, Khéphren Thuram, Lucas Chevalier ou encore Bradley Barcola pourraient figurer dans la première liste d'Henry. D'autres nouvelles têtes telles que Warren Zaïre-Emery ou Elye Wahi prétendent également à une place dans le groupe du nouveau sélectionneur.
Henry lui-même est face à un défi. Lui qui n'a pas forcément réussi à s'illustrer comme entraîneur principal avec l'AS Monaco en tant que coach, et qui est seulement passé par Montréal, doit enfin de lancer comme technicien. Adjoint de Roberto Martínez avec la Belgique, il n'avait pas convaincu les dirigeants des Diables rouges pour succéder à l'Espagnol. Pour l'ancien Gunner, cette arrivée sur le banc des Espoirs n'est pas une punition mais cela ressemble tout de même à un petit purgatoire.