Ce lundi 30 octobre, Lionel Messi a remporté son 8ᵉ Ballon d'Or, mais le méritait-il réellement ? La saison dernière, un certain Erling Haaland a fait le triplé avec Manchester City, a battu le record de buts sur une saison en Premier League, tout cela à 22 ans pour sa première saison en Angleterre. Des accomplissements qui l'auraient fait gagné dans la grande majorité des cas depuis 1956.
56 buts et 9 passes décisives en 57 matches toutes compétitions confondues, y compris en sélection, pour Erling Haaland en 2022-2023, 38 buts et 25 passes décisives en 54 matches toutes compétitions confondues, y compris en sélection, pour Leo Messi, les ratios sont quasiment similaires même si celui de la Pulga est légèrement supérieur (1,16 contre 1,14).
Il est donc difficile de dire qu'un des deux joueurs mérite davantage le trophée pour des raisons statistiques, à la différence près que ce qu'a accompli Haaland en Premier League est probablement plus fort, plus grand et plus prestigieux que ce qu'a accompli Messi durant la Coupe du monde 2022.
Oui, l'Argentin a réalisé un immense Mondial, il n'y a aucun doute là-dessus. En revanche, d'autres joueurs dans l'histoire l'ont déjà fait avant lui : Ronaldo en 2002, Diego Maradona en 1986, Johan Cruyff en 1974, Bobby Charlton ou Eusébio en 1966, Garrincha en 1962 ou encore Pelé en 1958… Sur le plan émotionnel - et dans l'imaginaire collectif -, ce qu'a réalisé Messi est exceptionnel.
Cependant, du point de vue de la performance, du terrain, du football, l'exploit de Haaland est encore plus impressionnant. En 30 ans de Premier League, seuls deux joueurs avaient atteint la marque des 34 buts – et il y avait plus de matches, car championnat à 22 clubs –, lui est parvenu à inscrire 36 pions (et 8 passes décisives) en 35 rencontres ! Il convient de s'apercevoir d'une telle prouesse.
Concernant le niveau de jeu affiché, Messi n'a brillé "qu'en" sélection. Oui, il a effectué une belle saison avec le PSG, mais n'est pas allé loin en Ligue des champions et n'a pas suffisamment pesé dans les résultats de son équipe. Tandis que son adversaire norvégien a été sensiblement aussi bon en C1. Il n'a certes pas marqué dans les matches les plus décisifs, mais n'a pas fait de mauvais matches pour autant. Surtout, il a dégagé cette impression de puissance durant plus de neuf mois, signe qu'il était probablement le meilleur joueur du monde.
Enfin, lorsqu'on regarde le palmarès de chacun, il est aujourd'hui crucial de comprendre que la Ligue des champions revêt une dimension sportive plus légitime et plus importante que la Coupe du monde. Depuis pas mal d'années désormais, il est plus difficile de remporter une C1 qu'un Mondial, surtout parce que le niveau affiché est bien plus élevé. Il suffit de les analyser par le prisme du jeu pour le réaliser.
Ainsi, faire le triplé Premier League - FA Cup - Ligue des champions est un accomplissement plus grand (qui n'avait été effectué qu'une fois dans l'histoire du football anglais, en 1999) que remporter une Coupe du monde de cette façon. C'est pourquoi Haaland aurait davantage mérité de remporter ce Ballon d'Or 2023.