Retour de Pauline Ferrand-Prévot et d'Anna van der Breggen, montée en puissance de l'équipe FDJ-Suez avec Demi Vollering, plus d'argent et plus de courses : la saison 2025 promet de donner un nouveau coup d'accélérateur au cyclisme féminin.
Quelques jours avant les hommes, les coureuses du World Tour, la première division, vont donner leurs premiers coups de pédale en compétition à partir de vendredi au Tour Down Under en Australie.
Si les grands noms sont encore pour la plupart en stage, c'est le coup d'envoi d'une saison qui doit confirmer un développement en plein essor.
Cette progression est à la fois d'ordre structurel, avec l'augmentation d'un salaire minimum passé de 15 000 euros en 2020 à 32 100 euros par an dans le World Tour et la création cette année d'une deuxième division (Pro teams) avec des coureuses salariées et rémunérées au moins 20 000 euros par an.
Même si l'édifice reste fragile, de nombreuses équipes sont désormais adossées à une structure masculine ce qui leur offre une stabilité plus importante. Et presque toutes les courses prestigieuses ont désormais une déclinaison féminine avec aussi le retour en 2025 d'un Milan-Sanremo femmes.
"Quand j'ai commencé le vélo, je gagnais 600 euros par mois. J'ai fait beaucoup d'années sans gagner ma vie", explique la coureuse française Coralie Demay, 32 ans. "Aujourd'hui toutes les petites filles qui regardent le Tour peuvent rêver d'un vrai projet. C'est incroyable à quelle vitesse tout a accéléré."
"Rêves de Tour de France"
"J'arrive à un bon moment", acquiesce la grande promesses française Marion Bunel, 20 ans, vainqueure du Tour de l'Avenir en 2024 et nouvelle recrue de Visma. "Depuis petite, mes rêves s'étaient surtout construits par rapport aux courses masculines et maintenant on peut rêver de Tour de France, ou même maintenant de Milan-Sanremo."
Épreuve phare du calendrier, le Tour de France féminin, qui aura lieu du 26 juillet au 3 août, épouse cette montée en puissance en passant de huit à neuf jours, en attendant de croître encore.
"On est dans un rôle d'accompagnement", souligne la directrice Marion Rousse. "Le niveau général a vraiment augmenté donc on peut proposer une course plus exigeante aussi."
La dernière édition a frappé les esprits par une dernière étape à suspense où la Polonaise Katarzyna Niewiadoma a sauvé son maillot jaune pour quatre petites secondes devant la Néerlandaise Demi Vollering.
Depuis, cette dernière a quitté l'armada néerlandaise SD Worx pour rejoindre l'équipe française FDJ-Suez dont la progression est visible notamment dans la récente signature d'un partenariat avec Nike pour fournir les tenues "lifestyle" de l'équipe. "On arrive dans un autre braquet au niveau de la visibilité", se félicite son manager Stephen Delcourt.
"Le panorama a complètement changé"
Sur le plan sportif, l'arrivée de Vollering chez FDJ-Suez qui aligne aussi Juliette Labous et Evita Muzic, soit les deux meilleures coureuses françaises de classement général, change les rapports de force au milieu d'un paysage fortement chamboulé cet hiver.
"Le panorama du cyclisme féminin a complètement changé", insiste Delcourt. "Ça faisait trois ans que SD Worx dominait tout et humiliait parfois les autres équipes. Mais là ils perdent Demi et Marlen Reusser et ça rebat les cartes, avec aussi Longo Borghini qui signe chez UAE."
"Et on ne sait pas le niveau que Pauline Ferrand-Prévot peut avoir chez Visma. Elle peut devenir l'ogre de notre sport vu son talent. Donc oui, ça va être très beau", ajoute-t-il.
Le retour sur route de "PFP", championne olympique de VTT à Paris, est la grande attraction de la saison, avec la sortie de retraite d'Anna van der Breggen, championne olympique à Rio en 2016 et ancienne directrice sportive de… Vollering.
Ferrand-Prévot affiche son "rêve" de remporter le Tour de France dans les trois ans. Mais elle dit aussi, dans un entretien à l'AFP, qu'elle ne s'attendait pas à trouver "un niveau aussi haut".
"Je me rappellerai toujours d'une phrase que j'ai dite à ma mère quand j'avais huit ans : j'aurais bien aimé être un garçon pour faire le Tour de France. Aujourd'hui, les jeunes filles ont une chance inouïe de pouvoir avoir le Tour de France comme rêve. C'est aussi pour ça je ne voulais pas arrêter ma carrière. Je voulais vivre ça."