Alors oui, le format façon "Coupe du monde du tennis" est infâme mais, après tout, ce sont les meilleurs joueurs du monde qui ont eux-mêmes déprécié la Coupe Davis formule "home and away". Oui, jouer un Final 8 comme s'il s'agissait d'un tournoi comme les autres n'a pas beaucoup de sens mais, après tout, si ça ne leur convient pas, les joueurs peuvent aussi se prendre par la main pour proposer une véritable alternative.
Oui, tout ça, on sait déjà. Mais depuis son introduction en 2019, la nouvelle Coupe Davis n'a jamais souri aux Français. Peu importe le capitaine ou les joueurs, ça ne veut pas. Certes, les Bleus ont été privés de leurs deux meilleurs joueurs, Arthur Fils et Ugo Humbert, blessés, mais c'était l'année ou jamais pour aller soulever le saladier d'argent. Depuis 2017, la France attend et, à l'époque, le fait que la compétition soit désertée ne posait pas de problème tant que le flacon donnait l'ivresse.
Avec un tirage au sort clément et un duo Arthur Rinderknech (29e mondial) - Corentin Moutet (35e) qui était loin d'être hideux, la France pouvait viser haut, surtout que l'Italie, double tenante et potentielle rivale en demi-finale, arrivait sans Jannik Sinner ni Lorenzo Musetti, et que l'Espagne annonçait le forfait de Carlos Alcaraz.
La Belgique était un adversaire parfait pour se lancer, avec à la fois un bon niveau mais aussi une certaine marge si l'on se fiait aux classements de Zizou Bergs (43e) et Raphaël Collignon (85e). La rencontre avait bien commencé pour Moutet, qui a remporté le premier 6-2 contre Collignon après avoir débuté le match par un double break. C'était trop calme pour le gaucher qui a décidé de bazarder la deuxième manche à 6-5 en sa défaveur avec, en point d'orgue, une demi-volée entre les jambes loupée alors qu'il avait point gagné.
Être fantasque, ça peut aller pour les fans de hot shots et quand on joue pour soi. Pas quand on joue pour une équipe. Sur le banc, le capitaine Paul-Henri Mathieu n'a trouvé le bon discours pour à la fois demander à son joueur d'aller chercher le tie-break et d'apporter le premier point, mais aussi pour lui remonter sérieusement les bretelles après ce crime contre l'équipe pour reprendre une terminologie "Gérard-Houillesque". PHM a failli dans son rôle et il n'a pas davantage transmis de la sérénité et de la confiance à Rinderknech, battu par un Bergs survolté et drivé comme il se devait par Steve Darcis, spécialiste des matches décisifs quand il était joueur, seulement battu dans une 5e rencontre par... Lucas Pouille en 2017.
Incapables de se mettre au niveau attendu et de saisir une opportunité immense de gagner un grand titre, Moutet, Rinderknech et Mathieu attiseront une nouvelle fois les regrets et les critiques. Mais puisque le problème c'est le format, le coupable est tout trouvé pour continuer de se bercer d'illusions.
