De l'invention de la draisienne en 1817 au 3 août 2025, plus de deux siècles se sont écoulés. De cette première ébauche de bicyclette sans dérailleur sont nés différents modèles de locomotion à deux roues et rigoureusement tous ont été domptés par Pauline Ferrand-Prévot.
Cyclo-cross, VTT, gravel et, évidemment, route, PFP a absolument tout gagné, malaxé la concurrence pour s'imposer et dominer sa discipline. Championne du monde de tout, championne olympique l'an dernier devant son public, elle a ajouté cette saison Paris-Roubaix et le Tour de France dès sa première participation.
Dans un pays qui a longtemps voué un culte à Jeannie Longo, aussi populaire que controversée, prise dans le spectre du dopage (contrôle positif à l'éphédrine en 1987, son mari Patrice Ciprelli a été condamné pour avoir acheté de l'EPO entre 2008 et 2011, "pour sa femme" selon Joe Papp, chez qui il était allé se fournir) et guère encline à partager son expérience avec les nouvelles générations bien qu'elle cherche à se dédouaner alors que les avis sont unanimes la concernant, Pauline Ferrand-Prévot a définitivement mis son aînée dans le rétro.
Osons l'affirmer sans crainte : PFP n'a aucun équivalent dans toute l'histoire du cyclisme féminin en France. Au panthéon du sport féminin tricolore, elle tutoie les athlètes Marie-José Pérec et Micheline Ostermeyer ainsi que les judokates Lucie Decosse et Clarisse Agbegnenou. Dans son sport, seules les Néerlandaises Marianne Vos, Anna van der Breggen et Annemiek van Vleuten soutiennent la comparaison. Mais aucune d'entre elles n'a cumulé trois titres de championne du monde (cyclo-cross, VTT, route) au même moment comme PFP le fit en 2015, un exploit monumental. Sa longévité au très haut niveau dans une époque ultra-compétitive et millimétrée ainsi que la grande variété de ses défis n'ont pas d'égales.
Sa démonstration sur les pavés du Nord en avril ainsi que son entreprise de démolition dans le col de la Madeleine samedi ont propulsé PFP dans la dimension ultime. À 33 ans, elle est au firmament.