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Passation de témoin : Jannik Sinner écarte Novak Djokovic et se qualifie pour la finale

Jannik Sinner congratulé par Novak Djokovic
Jannik Sinner congratulé par Novak Djokovic JULIEN DE ROSA / AFP

Novak Djokovic a tout donné mais Jannik Sinner a pris la mesure du Serbe en demi-finale de Roland-Garros (6-4, 7-5, 7-6 (3)). Le numéro 1 mondial affrontera en finale Carlos Alcaraz, le tenant du titre.

Après que la première finale entre Carlos Alcaraz et Lorenzo Musetti s'est terminée prématurément en raison d'une blessure de l'Italien contractée en début de troisième set, il restait encore à connaître l'identité de l'adversaire du tenant du titre. 

Au terme de ce match, une impression diffuse a parcouru le Philippe-Chatrier : contre Jannik Sinner, Novak Djokovic est passé de l'autre côté du miroir, vaincu par lui-même mais en version rajeunie. En somme, Pikachu a affronté Raichu et il a perdu, avec les armes à la main (6-4, 7-5, 7-6 (3) en 3h18). 

Sinner en contrôle

À 38 ans, sonnés depuis deux semaines, Djokovic ne peut plus tenir la cadence sur la durée face à un rival, numéro 1 mondial, qui lui rend 15 piges. Contre Alexander Zverev, l'homme aux 24 Grands Chelems était parvenu à dérégler le grand échalas allemand, submergé par les variations du Serbe. Si Nole a montré qu'il n'était pas arrivé dans le dernier carré par hasard, la répétition des efforts face à un joueur aussi puissant et régulier l'a progressivement étouffé, même s'il s'est débattu comme un beau diable, prouvant qu'il demeurait une référence absolue. 

Sur sa première opportunité, Sinner a ainsi fait le break pour mener 4-2. Djokovic cherchait toujours à varier mais l'Italien n'était pas surpris par les amorties utilisées à bon escient pour raccourcir les échanges. Proche de concéder un double break, le Djoker a tenu son engagement, mais sans jamais voir poindre une opportunité de relancer le set (6-4). 

Longtemps anti-héros de Roland-Garros, Djokovic est devenu la dernière icône à supporter. Un rallye de 26 coups de raquette conclu par une volée salvatrice a fait bondir tout le public du Philippe-Chatrier, tout heureux de voir l'Immortel faire le match avec l'homme du Sud-Tyrol. Mais la réalité est cruelle. Même quand il a mené 0-30 à 3-3 dans le deuxième set, il n'a pu que constater la solidité de Sinner, son clone tennistique. S'il a pu sauver une première balle de break à 2-2 30-40, la second a été la bonne pour le Transalpin qui s'est à nouveau échappé (5-3).

Il y avait de quoi nourrir quelques regrets pour Djokovic car Sinner avait été en panne de première lors du premier acte (42% à peine, mais 90% de points pris) mais la qualité de la relance du numéro 1 mondial était nettement supérieure (39% de points derrière la première du Serbe). Cela s'est traduit par un ratio inversé : 14 points pour 9 fautes directes côté Sinner, 8 et 14 côté Djoko. Le deuxième set n'a pas été meilleur au service pour le Transalpin (55% de première, 11 points remportés sur 19 et à peine 9/16 derrière sa seconde). 

Oui, Sinner s'en sortait plutôt bien sur son engagement mais il a ouvert la porte quand on s'y attendait le moins. À 5-4, il a offert les deux premières balles de break à Djokovic. Il a magistralement sauvé la première mais, sur la seconde, il a envoyé un coup droit directement sur la bande du filet (5-5).

À 40-15 sur son service, le Serbe était sur le point d'enfin passer devant mais Sinner a remis la gomme avec trois points remportés consécutivement dont deux sur des fautes directes de Nole qui indiquaient une usure physique. S'il a sauvé la première balle de break de haute lutte, il n'a pu écarter la suivante (6-5). Au changement de côté, le kiné est venu lui masser la cuisse. 

L'Italien n'était pas souverain au service, il laissait des points en route mais dans les derniers soupirs de ce 12e jeu, il a planté deux aces, le premier carrément sur deuxième, avant de finir le boulot (7-5). 

Djokovic tient jusqu'au tie-break

Le kiné est revenu, cette fois plus longuement. Étendu sur une serviette, Djokovic était manipulé au niveau de la cuisse gauche. Et puis il est reparti à l'assaut de la montagne Sinner, un Mortirolo qui aurait avalé le Zoncolan. Le Serbe a obtenu une balle de break à 2-1 30-40 mais un service sur la ligne a remis l'Italien dans le bon sens. 

Le Djoker était toujours capable de remporter des points de très grande qualité, en atteste cette balle de break écartée à 2-2 30-40. Mais après quasiment 2h30 de jeu, son visage devenait aussi écarlate que sa tenue quand les efforts longs se répétaient. C'était au courage et, ça tombe bien, Djoko en avait à revendre. Alors il s'est mis en condition pour remporter sa mise en jeu, mener au score et provoquer l'erreur adverse. À 4-4, l'amortie a fait son grand comeback, tour de prestidigitation oubliée depuis plus d'une heure.

En arrivant à 5-4 service à suivre pour son adversaire, il était arrivé exactement là où il le voulait. Sinner a commis deux fautes directes. Les "Nole, Nole, Nole" poussaient le monument qui n'était clairement pas un vestige. À 15-30, il a fait reculer Sinner très loin derrière sa ligne et l'a contraint à jouer le coup en plus pour obtenir deux balles de set. Nerfs d'acier, l'Italien a recollé, avec autorité. Mais il a de nouveau été poussé à la faute, dans la diagonale revers. Après une excellente relance, Djokovic a tenté le coup droit gagnant long de ligne mais la balle a rebondi au milieu du couloir. À 40-A, le Serbe a décoché un revers croisé. Annoncé faute par le juge de ligne, l'arbitre est immédiatement descendu pour confirmer la décision, au grand dam du Djoker, calmé néanmoins par l'Italien. Sans conséquence puisque, à l'orgueil, il a égalisé... avant de céder deux points plus tard. 

Y aurait-il un contrecoup ? Son amortie parfaite pour mener 15-0 a été douchée par un smash facile claqué dans le couloir. À 15-15, Sinner a fixé son adversaire avant de le punir avec un coup droit gagnant dans la lucarne. L'Italien était proche de faire céder Djokovic mais c'est lui qui a envoyé la balle dans le filet. Reboosté, le Serbe a expédié une claque de coup droit imparable avant de servir un ace sur le T. À tour, Sinner s'est retrouvé à 30A, après avoir commis deux fautes directes grossières. Mais comme son rival avant lui, il n'a pas flanché. 

Le jeu décisif a commencé par un mini-break de Sinner consécutif à une faute directe en revers de la part de Djokovic. Le Serbe était au rupteur. À 2-0, il a eu un smash facile à exécuter mais la balle s'est fracassée dans le filet. Au changement de côté, l'Italien menait 4-2, à trois unités de la finale. Puis deux, après un retour décentré de son adversaire. Une nouvelle faute directe a permis au numéro 1 mondial d'avoir 4 balles de match. La première fut écartée sur le service de Djokovic. La seconde fut la bonne (6-4, 7-5, 7-6 (3) en 3h18). 

Dimanche, comme dans le tableau féminin, les têtes de série 1 et 2 s'affronteront pour le titre. Et dans un cas comme dans l'autre, le suspense est entier.