Le rideau est tombé pour Pascal Martinot-Lagarde. Il a choisi sa sortie, aux championnats de France de Talence. S'il n'a pas pu terminer sur le podium et signer les minima pour les Mondiaux de Tokyo en septembre, le hurdleur a quitté la piste avec les honneurs dus à son rang, c'est-à-dire celui d'un athlète qui a collectionné 14 médailles internationales. Qualifié au temps pour la finale remportée avec classe par Just Kwaou-Matey en 12''99, PML a pris la 7ᵉ place. Anecdotique mais l'occasion de finir sur le devant de la scène.
Haie d'honneur
Les haies hautes en France, c'est une tradition. Certes, PML n'a pas été champion olympique comme Guy Drut ou champion du monde comme Ladji Doucouré, ni même médaillé olympique comme Patricia Girard et Dimitri Bascou. Mais comme Stéphane Caristan, il a été champion d'Europe et, au moment où il prend sa retraite sportive, il est toujours détenteur du record de France qui tient depuis 2014 malgré la forte densité sur 110 m haies avec Just Kwaou Matey, Sasha Zhoya et Wilhem Belocian.
Martinot-Lagarde, c'est au-delà de ce temps de référence, un homme de grands championnats. Il l'a été jusqu'à sa dernière course, car sa place en finale était loin d'être acquise. En fait, l'odeur du podium a toujours animé sa motivation et il a rarement déçu. Son palmarès plaide pour lui : quand il fallait aller chercher de la breloque et se bagarrer, l'équipe de France pouvait compter sur lui.
Et puis PML, c'est aussi une spontanéité orale qui a pu lui desservir par instants mais qui traduisait aussi une volonté de partager sa passion. Aux Europe de Zurich en 2014, alors qu'il est le meilleur performeur continental de la saison, il prend la 3ᵉ place après la disqualification de Bascou. Sur le plateau de France Télévisions, visiblement meurtri par la disqualification de son pote, il veut lui offrir sa médaille. Bascou, gêné, refuse poliment car, effectivement, cela ne se fait pas... Mais comment lui en vouloir ? Car il n'y a jamais eu de calcul chez PML, souvent sans filtre devant un micro, avec une tendance à en dire trop que pas assez. Ce côté bon client le rendait éminemment sympathique.
Malgré un corps qui l'a rarement laissé en paix, Martinot-Lagarde a toujours fait tout ce qui était en son pouvoir pour porter le maillot bleu, en salle comme en plein air. Sa longévité au haut niveau est quasiment inégalable dans l'athlétisme français, hormis Renaud Lavillenie. Dans une discipline traumatisante et parfois aléatoire, PML a empilé les médailles et même remporté la Ligue de Diamant, preuve de sa régularité face aux cadors.
Alors que la densité a toujours été importante en France, il détient toujours le meilleur chrono national, à seulement 15 centièmes du record du monde d'Aries Merritt. C'est bien un champion générationnel qui range les pointes.