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Particulier, capricieux, instable : l'"intriguant" plan d'eau de Marseille

Image d'illustration.
Image d'illustration.LIOT JEAN-MARIE/KMSP via AFP
Un vent changeant et difficile à prévoir, rendu fluctuant par les îles et les reliefs qui entourent la rade de Marseille : les participants aux épreuves de voile des JO 2024, interrogés par l'AFP, décrivent un plan d'eau olympique magnifique, mais extrêmement complexe.

"C'est tellement compliqué, avec tellement de variations, que si quelqu'un assure qu'il connaît parfaitement Marseille et les cinq ronds de navigation, je dis que c'est un menteur !", résume le planchiste français Nicolas Goyard, qui visera une médaille en IQFoil.

"Ça peut être très varié, que ce soit pour le vent ou pour les états de mer. Heureusement qu'il n'y a pas de marée et pas trop de courant, parce que sinon ça serait vraiment le bordel. Mais bon, c'est déjà assez comme ça", ajoute celui qui avait réussi à lire ce piégeux terrain de jeu l'an dernier lors de sa victoire au test-event.

N°1 mondial et favori en kitefoil, nouvelle discipline olympique, le Singapourien Maximilian Maeder apprécie pour sa part le plan d'eau marseillais car "il est juste".

"On a toutes les conditions, vent fort, faible, moyen, stable, changeant, mer agitée, plate… Vraiment tout. Et je trouve ça génial parce que ça donne à tout le monde une chance d'avoir des journées favorables et d'être performant", ajoute le double champion du monde.

"Le combo magique"

Si Marseille et sa rade offrent des conditions à ce point diverses, c'est essentiellement dû à la présence de reliefs, sur le continent et au large avec les îles du Frioul, mais pas seulement. "Il y a plusieurs paramètres qui peuvent perturber le vent. Et à Marseille, on les a tous", explique Jean-Baptiste Bernaz, spécialiste du dériveur Ilca 7, qui participera cet été à ses cinquièmes JO.

"Il y a du relief partout, autour de Marseille et avec les îles, même si elles sont relativement plates. On a la chauffe, le soleil, qui fait évaporer l'eau et qui perturbe toutes les molécules d'air. On a aussi un peu de courant avec le ligure (courant orienté est-ouest, ndlr). Si on y ajoute les différents flux de vent, les vagues croisées, voilà, c'est le combo magique", ajoute-t-il.

"Ça rend le terrain de jeu assez intrigant, parce qu'on ne sait jamais ce qu'il va faire. Si on se déplace de 100 mètres, il ne va pas être pareil", confirme Louise Cervera, sa collègue de l'Ilca 6.

"Hyper beau"

Même si cela ne garantit ni titre, ni podium, les Français engagés cet été dans les 10 disciplines de voile auront tout de même le petit avantage de bien connaître ce capricieux plan d'eau, sur lequel ils ont commencé à s'entraîner très régulièrement dès la fin des Jeux de Tokyo.

"On a pu étudier le plan d'eau et la météo, avoir beaucoup plus de temps de navigation sur site. C'est une force sur laquelle s'appuyer, même si on sait que ça va changer tous les jours, et même toutes les heures, et qu'on n'aura jamais deux manches identiques", juge ainsi la planchiste Hélène Noesmoen.

Au-delà du caractère incertain des conditions qui les attendent, les marins olympiques s'accordent aussi sur un autre point: le plan d'eau marseillais surpassera ses prédécesseurs olympiques au plan esthétique.

"C'est hyper beau", confirme Camille Lecointre, venue s'installer à Marseille en 2021 avec l'espoir de décrocher enfin l'or olympique en 470 après deux médailles de bronze. "J'espère qu'on pourra passer le plus proche possible des côtes, au ras des cailloux. Les images vont être vraiment chouettes", ajoute la Havraise. Et pour Lou Berthomieu, engagée en catamaran Nacra 17 avec Tim Mourniac, aucun doute : "Ça va être magnifique".