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Norvège - Italie, un retour en 1/4 de finale après une absence anormale de 12 ans

Girelli face à Hansen.
Girelli face à Hansen.AFP/Flashscore
Un 1/4 de finale de l'Euro en 2013, un 1/4 de finale lors du Mondial 2019 et, au milieu de tout ça, pas grand chose, si ce n'est de la déception. La Norvège et l'Italie retrouvent le devant de la scène qu'elles n'auraient pas dû quitter, vu la tradition des deux pays en matière de football féminin.

Comme on se retrouve ! Douze ans après leur dernière participation aux 1/4 de finale de l'Euro, la Norvège et l'Italie sont de retour à ce stade de la compétition. Le pays scandinave a longtemps été perclus dans une crise interne qui a poussé sa Ballon d'Or Ada Hegerberg à se mettre en retrait de la sélection, une première fois en 2017 après un Euro déplorable, une seconde fois de 2020 à mars dernier. Quant aux Transalpines, elles n'ont jamais pu prendre leur envol international malgré un potentiel humain, social et culturel manifeste. 

La Norvège enfin de retour

Malgré l'absence d'Hegerberg pendant 8 ans, cela n'a pas empêché la Norvège d'accéder aux 1/4 de finale de la Coupe du monde 2019 en France, mais, depuis, on se demandait bien comment une Nation aussi bien pourvue pouvait à ce point reculer dans la hiérarchie continentale. Cette performance fut ponctuelle et, quand on rembobine jusqu'à l'Euro 2013 achevée en finale contre l'Allemagne, on peut constater l'évolution du rapport de force. En 1/4 de finale, la Norvège avait éliminé l'Espagne (3-1) qui n'avait pas été à pareille fête depuis la 3e place obtenue en 1997. À ce moment-là, la Selección n'avait encore jamais disputé la moindre Coupe du monde; elle a désormais une étoile sur le maillot. 

Précisément, lors du Mondial 2023, la situation est devenue invivable à l'intérieur du groupe, notamment en raison de la gestion humaine de Hege Riise qui, inexplicablement, laissait Caroline Graham Hansen sur le banc. La piteuse élimination dès la phase de groupes contre la Nouvelle-Zélande a achevé le ridicule de la situation et Riise a évidemment été écartée de son poste. Pour autant, tout n'est pas réglé : la Norvège s'appuie d'abord sur des individualités (à commencer par Graham Hansen), sans fil directeur collectif. 

Au niveau des clubs, le championnat fonctionne par cycles. Après Lillestrom, vainqueur 7 fois entre 2012 et 2019, ce sont Valerenga (2020, 2023 et 2024) et Brann (2021 et 2022) qui tiennent le haut du pavé. Mais face à la montée en puissance de plusieurs championnats au niveau économique (les six meilleures ligues européennes chez les hommes), la fuite des talents est inévitable, même si, depuis l'instauration de la nouvelle formule de la Ligue des champions, Brann a disputé les 1/4 de finale de la C1 en 2024 (élimination contre le FC Barcelone) et que le champion en titre et actuel leader Valerenga est parvenu à disputer la phase de groupes en 2025. Dans un groupe ultra-relevé avec Arsenal (tombeur de Rosenborg au 1ᵉʳ tour de qualifications), le Bayern et la Juventus, terminer avec un point est quasiment une bonne performance.

Pour autant, pérenniser sa place à ce niveau dans les compétitions de clubs garantirait aux meilleures joueuses de pouvoir grandir, progresser et côtoyer le très haut niveau avant de signer dans des clubs plus huppés. 

L'Italie, une nation forte...  d'un autre siècle

L'Italie a déjà signé de beaux résultats à l'Euro, mais c'était au siècle dernier, à une époque où, dans le meilleur des cas, il y avait 8 équipes qualifiées avec une finale en 1997. Comme la Norvège, la Nazionale a signé une performance remarquée en 2019 avec un 1/4 de finale, mais cela fut un épiphénomène, à l'image du 1/4 de finale lors de l'Euro 2013 (défaite 1-0 contre l'Allemagne, future lauréate contre... la Norvège). À l'instar des hommes, l'équipe féminine n'a pas de continuité : éliminée dès la phase de groupe du Mondial en 2023, absente en 2015, en 2011, en 2007, en 2003. 

Une incongruité tant l'Italie compte des institutions fortes et reconnaissables partout dans le monde. La dernière participation en 1/4 de finale de la Ligue des champions remonte déjà à 2023, avec la Roma, étrillée 6-1 en cumulé par le Barça. 

"Après 12 ans d'attente, c'est un rêve d'être de retour", a expliqué la polyglotte Elena Linari après la défaite contre l'Espagne (3-1) qui n'a pas empêché l'Italie de terminer 2e du groupe. La défenseure, passée notamment par l'Atlético et Bordeaux avant de revenir au pays en 2022 sous le maillot de la Roma a pu constater l'évolution de la discipline : "le football féminin s'est beaucoup amélioré, il y a eu de grandes choses faites en Europe et en Italie. On le mérite. On doit être fières de nous après tous ces efforts"

Une victoire italienne permettrait de redonner un coup de projecteur sur la Serie A Women, certes professionnelle depuis 2022, mais qui ne comporte que 10 équipes et se divise en deux parties après la 18e journée avec une poule Scudetto et une poule relégation. Parmi les meilleures ligues du continent, c'est celle qui comporte le moins de clubs (10 contre 12 pour l'Angleterre, l'Allemagne et la France et 16 pour l'Espagne). Un gain de compétitivité favoriserait un retour durable de l'Italie dans les compétitions internationales et ainsi éviter les éclipses de longue durée.