À l'Inter, il n'y a pas que la doublette "ThuLa", le Goldorak ganté Yann Sommer ou le totem Francesco Acerbi, il y a aussi Nicolò Barella. Le Sarde, qui a fait ses classes à Cagliari entrecoupées par 6 mois en prêt à Côme en 2016, achève sa 6e saison sous les couleurs intéristes et son rendement en Ligue des Champions fait de lui la clef de voûte du collectif de Simone Inzaghi.
Discret mais indispensable en somme. D'après Flashscore Ratings, Barella a été d'une rare régularité en Ligue des Champions. Quand il a été titularisé par son entraîneur, soit 10 matches, il a été une seule fois sous la barre du 7, lors de la demi-finale aller contre le FC Barcelone (6.9). Sa moyenne est éloquente : 7,31 !

Influence et maturité
Si, dans les statistiques "visibles", cela se traduit "seulement" par deux passes décisives, l'influence de Barella sur le jeu est manifeste, à la manière d'un Pedri au Barça, d'un Declan Rice à Arsenal ou d'un Vitinha au PSG. Ce rôle d'organisateur, le numéro 23 nerazzurro l'a développé dans l'ombre, y compris avec la Nazionale.
Et peu importe s'il "stat" peu, comme il l'a avoué en octobre dernier dans une émission sur YouTube animée par Matteo Caccia : "je suis moins impulsif et j'essaie de m'amuser davantage. Avant, j'étais renfermé sur moi-même. Maintenant, je ne veux plus vivre comme ça, je m'amuse et je savoure ma chance. Avant, je voulais juste faire mes preuves, maintenant, si je peux en match, je m'efface et j'aide mes coéquipiers, même sans but ni passe décisive : l'année dernière, j'ai marqué deux buts et c'est l'année où j'ai été le plus heureux de ma vie".
Mais il y a de quoi avoir un peu de ressentiment quand on n'est pas jugé à sa juste valeur. Lors de l'Euro victorieux en 2021, il n'a que 22 ans mais il est un titulaire indiscutable. Malgré une passe décisive contre la Suisse lors du deuxième match de groupe (3-0) et surtout un but et une passe en quart de finale contre la Belgique (2-1), il est snobé au moment de bâtir l'équipe-type de la compétition alors que Gianluigi Donnarumma, Leonardo Bonucci, Jorginho et Federico Chiesa sont choisis.
À cette époque, le milieu a 22 ans et encore beaucoup à apprendre mais il fait partie du renouveau du football italien, principalement en club puisque la sélection manquera de nouveau le Mondial au Qatar. "J'ai beaucoup changé, expliquait-il. J'étais très coriace, j'aimais me disputer, faire la guerre et ce n'était bon ni pour moi ni pour les autres. Je cherchais des problèmes qui n'existaient pas. Maintenant, je suis beaucoup plus serein".
Pour autant, même la paternité ne l'a pas fait transiger sur certains aspects, comme pour tracer une ligne directrice à sa carrière : "je suis très dur et déterminé dans mes idées et ma façon d'être. Je ne me vends pas, je ne montre pas ce que je ne suis pas. Je peux aussi être désagréable, je le reconnais, je n'ai aucun problème avec ça. Je préfère faire des erreurs devant tout le monde plutôt que de me cacher". Prendre ses responsabilités dans les grands moments, quitte à ne pas être au centre des attentions, est un rôle qui convient à Barella, tout simplement parce qu'il bénéficie de la confiance des Nerazzurri et de la considération de ses rivaux : "ce qui me rend fier, c'est quand un adversaire me fait comprendre que je suis fort. Mes coéquipiers me font sentir comme Dieu. Quand je suis reconnu, j'en suis très heureux. Certains veulent mon maillot, même des joueurs forts".
Certainement parce qu'il est devenu une référence à son poste et que si l'Inter atteint une deuxième finale de Ligue des Champions en 3 saisons, elle le doit en grande partie à sa boussole sarde.
