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Montse Tomé, symbole du passé amené à durer sur le banc de l'Espagne ?

Montse Tomé lors d'Espagne-Portugal
Montse Tomé lors d'Espagne-PortugalAlexander Hassenstein/Getty Images via AFP
Promue sélectionneuse de l'Espagne après l'éviction de Jorge Vilda et Luis Rubiales, Montse Tomé dispute son deuxième grand tournoi estival, après des JO achevés à une décevante 4e place. Mais même en cas d'échec à l'Euro, elle pourrait être prolongée.

Si "Perdre et gagner" est un titre d'Oxmo Puccino, "Gagner et perdre" pourrait être celui de Montse Tomé. Aux dernières nouvelles, la sélectionneuse de l'Espagne n'a pas prévu une incursion dans le hip hop, mais sa situation à la tête de la Roja féminine est celle, inextricable, d'une technicienne qui a enfilé le costume de numéro 1 par défaut et qui a peu de chances d'être reconnue comme un vecteur de succès.

Héritière de l'ancien monde

Adjointe de Jorge Vilda qui était déjà loin de faire l'unanimité malgré le titre de champion du monde (il faut dire que, dans l'organigramme de la fédération, il était... son propre supérieur hiérarchique !), Tomé a profité de la chute de Luis Rubiales pour être promue, alors que, comme Luis de la Fuentes, elle avait applaudi le discours hallucinant du président finalement déchu après son baiser forcé à Jenni Hermoso lors de la cérémonie de remise de la Coupe du monde. 

Jorge Vilda et Montse Tomé lors du Mondial 2023
Jorge Vilda et Montse Tomé lors du Mondial 2023Juan Manuel Serrano Arce/Getty Images via AFP

Mais avant le départ contraint de Rubiales et sa condamnation en première instance comme en appel, Tomé a tiré parti de la situation, poussée par des dirigeants qui n'avaient pas spécialement envie de tout changer et qui avaient validé la prolongation pour 4 ans de Vilda, malgré les propos de nombreuses joueuses sur son comportement paranoïaque, son absence de culture tactique et son manque d'encadrement. Une plainte qui avait pris une force toute particulière quand Alexia Putellas, alors Ballon d'Or en titre, s'était rompu les ligaments croisés quelques jours avant le début de l'Euro. Entré dans les staffs des équipes féminines par l'entremise de son père, Vilda est parti mais Tomé représentait une simple continuité de cet héritage et, disons-le, une forme de contre-pouvoir par rapport aux nombreuses joueuses du FC Barcelone incontestables, bien qu'elle ait joué deux saisons chez les Blaugranas (2010-2012). 

Stop ou encore ?

Les Jeux olympiques auraient pu assoir la supériorité de la Selección mais avec une ossature rôtie par plusieurs saisons sans guère de vacances, la 4e place obtenue pour la première participation de l'Espagne a été perçue comme un échec, ce qui démontre tout de même le niveau atteint en quelques années, depuis la première Coupe du monde achevée dès les groupes en 2015. 

Si la victoire en Ligue des Nations et la participation au prochain Final Four confirment plus que jamais la vigueur du football féminin espagnol, Tomé, à l'instar de Vilda, ne sera jamais perçue comme une coach capable de magnifier son effectif. Bien au contraire, elle comme lui sont considérés comme de faibles tacticiens, à la botte d'une fédération qui surfe sur la vague sans l'amplifier, laissant aux clubs, à commencer par le Barça désormais suivi par le Real Madrid dont la formation commence à porter ses fruits dans les catégories inférieures, la responsabilité du développement du haut niveau. 

Même en cas de victoire à l'Euro, la continuité de Tomé n'est pas assurée. Sous contrat jusqu'au 30 août, elle pourrait boucler la campagne de Ligue des Nations pour achever un cycle. Mais au sein d'une fédération qui a changé de président récemment, le besoin de continuité pourrait à nouveau prévaloir, même sans trophée au bout. Quitte à ralentir la progression d'une Nation qui a le vent dans le dos.