Jusqu'ici, les Championnats du monde de judo n'ont pas réussi à l'équipe de France. En trois jours de compétitions, seules Amandine Buchard et Clarisse Agbegnenou sont allées chercher une médaille de bronze. Mais ce mercredi a souri aux Bleus, offrant une finale 100% tricolore chez les -70 kg femmes.
Dans le coin droit, Marie-Ève Gahié. Championne du monde dans cette catégorie en 2019, elle est l'élue de la Fédération Française pour les Jeux Olympiques. Un parcours sans faille, magnifié par un succès sur double waza-ari en 23 secondes en quart contre Kim Polling. Sûre de sa force, sûre de son judo.
Dans le coin droit, Margaux Pinot, qui était des JO de Tokyo. Jamais sacrée mondialement, mais présente de longue date au plus haut niveau. Et qui a livré une sacrée journée en sortant la Japonaise Shiho Tanaka après un combat intense, avant de prendre sa revanche sur sa tombeuse au Japon, Elisavet Teltsidou, claquant un ippon en moins de 20 secondes !
Mais une grande favorite : Gahié, qui avait remporté 4 des 5 confrontations directes. Les deux judokates se sont ruées à l'attaque d'entrée de combat, avec une lutte intense pour le kumikata. Puis beaucoup de passages au sol, sans succès, et les premières pénalités qui tombaient. Pinot était plus active, mais peu précise, et manquait de se faire contrer. Manquant d'allonge, elle prenait un deuxième shido pour fausse attaque et se retrouvait au bord de la défaite.
Juste avant la fin, la deuxième pénalité tombait aussi pour Gahié, mais les deux judokates devaient aller au Golden Score pour se départager. Mais il ne faudra que 20 secondes à Margaux Pinot pour placer un contre meurtrier sur tentative d'o-soto-gari de sa rivale, pour marquer le waza-ari libérateur.
À 30 ans, après une carrière déjà riche, Margaux Pinot touche au Graal et devient championne du monde pour la première fois. Une belle récompense pour une judokate parfois malchanceuse mais talentueuse au possible, et une nouvelle preuve de la densité retrouvée du judo féminin français. Gageons que cela donnera à Marie-Ève Gahié le carburant nécessaire pour briller à Paris cet été.
Malonga en bronze
Chez les -78 kg, la France avait également deux belles cartes : Madeleine Malonga - qui ira à Paris - et Audrey Tcheuméo, soit deux anciennes championnes du monde. Mais elles ont subi toutes deux la loi de l'Italienne Alice Bellandi - la première en demies et la deuxième en quarts - et se sont retrouvées précipitées dans un combat pour la troisième place.
Malonga a ouvert le bal contre Lee Jeong-yun, encaissant rapidement un waza-ari "évitable" mais gardant le fil de son combat pour faire tomber la troisième pénalité à dix secondes du terme et arracher une troisième médaille mondiale - une de chaque métal désormais. Contre Emma Reid, Tcheuméo était favorite, a placé waza-ari d'entrée et était au bord de finir en immobilisation, avant de se faire contrer et de finir elle-même immobilisée, perdant le combat dans la confusion. Une médaille de plus tout de même pour la France, avant les dernières épreuves individuelles demain et la compétition par équipes vendredi.