Vous avez affronté le "Big 3" (Federer, Nadal, Djokovic) au début de votre carrière et maintenant Jannik Sinner et Carlos Alcaraz. Est-ce frustrant de devoir affronter des adversaires d'un tel calibre ?
"Non, pas du tout. Ils exploitent (ou ont exploité, ndlr) au mieux leur potentiel, moi pas. Je sais que j'ai encore une marge d'amélioration, tout dépend de moi. Je dois me concentrer sur moi-même pour essayer d'apprendre comment utiliser davantage mon potentiel, et on verra ce qui arrivera".
Vous êtes connu pour la façon dont vous gérez vos émotions sur le court...
"Surtout pour la façon dont je n'arrive pas à les gérer (rires) !".
Avez-vous le sentiment de progressivement mieux les maîtriser ?
"J'essaie. Mais honnêtement, c'est un travail de longue haleine. Parfois tu progresses, tu progresses, puis tu régresses un petit peu. Il y a beaucoup d'éléments qui peuvent te faire dégoupiller et replonger dans tes vieilles habitudes. Bien sûr que je veux devenir le meilleur! Mais ça prend du temps".
Est-ce que l'écart avec Sinner ou Alcaraz est uniquement mental ?
"Il y a un peu de tout. Le principal aspect est bien sûr mental, mais il y aussi beaucoup d'aspects de mon jeu (à faire évoluer, ndlr). Je suis dans le top 10, mais je suis un des pires joueurs au filet ! Les autres joueurs du top 10 arrivent à remettre des balles depuis des positions difficiles ; les miennes atterrissent parfois en dehors du court. Donc j'essaie de travailler sur ce genre de détails, j'y consacre plus de temps qu'auparavant. Par le passé, j'étais obsédé seulement par mon coup droit ; aujourd'hui, je suis un peu plus ouvert à travailler d'autres choses à l'entraînement".
Après avoir gagné deux Masters 1000, la prochaine étape est de décrocher un Grand Chelem ?
"On verra. Maintenant que je m'entraîne un peu différemment, je suis curieux de voir ce que ça va donner. Je me fixe bien sûr des objectifs, mais pas en termes de titres à gagner".
Quels sont alors vos objectifs pour 2025 ?
"Il s'agit plus de m'améliorer sur certains aspects. Si j'y parviens, je deviendrai un meilleur joueur, qui gagnera plus de matches. En gagnant plus de matches, je gagnerai plus de tournois, et peut-être que l'un d'entre eux sera prestigieux".
Pensez-vous que la saison 2025 sera dominée par Jannik Sinner et Carlos Alcaraz, comme en 2024 ?
"Honnêtement, je ne m'en préoccupe pas. Ils gèrent leur propre vie, ce sont des super joueurs et ils ont totalement dominé 2024. Donc c'est à eux de se préoccuper de la façon dont ils entameront l'année prochaine. Si je dois me soucier de moi-même et d'eux en même temps, ma tête va exploser (rires) ! ".
Comment avez-vous réagi en apprenant fin août que Jannik Sinner avait été contrôlé positif au clostebol (un anabolisant) ?
"Tu ne peux souhaiter à aucun joueur de traverser ça. Je n'ose pas imaginer le stress ou l'anxiété qu'il a ressentis durant toute cette période. Il a très bien géré, il a continué à jouer à son meilleur niveau et a réussi à dominer malgré tout le circuit en gagnant des titres. C'est très impressionnant".
Les autorités antidopage ont été critiquées pour avoir tardé à révéler ce contrôle positif datant de mars et pour la légèreté des sanctions infligées. Partagez-vous ces critiques ?
"Je pense que le système antidopage devrait être un peu plus compréhensible. Dans le tennis, les règles sont super strictes, plus que dans d'autres sports. J'ai le sentiment que chaque petite erreur, même quand elle n'est pas intentionnelle, peut menacer ta carrière".