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Lundi Olympique #2 : soupe à la grimace pour le fleuret au Challenge Mazars

Pas de rebond pour le fleuret français.
Pas de rebond pour le fleuret français.FIE / Flashscore
Tous les lundis, focus sur un athlète, une équipe de France ou une compétition en rapport avec les Jeux Olympiques en vue de Milan - Cortina 2026 et Los Angeles 2028. Le Challenge Mazars d'escrime avait lieu ce weekend à Paris, mais les fleurettistes, en quête de rachat, ont raté leur coup.

À l'heures des comptes après les Jeux Olympiques de Paris, le fleuret était clairement l'arme la plus faible de l'escrime française. Une seule médaille, le bronze par équipes arraché par les hommes, contre trois pour l'épée et le sabre. Certains viendront arguer sur les défaites à la mort subite de Maxime Pauty et Enzo Lefort en quarts de finale, où la perte sur blessure de Ysaora Thibus, mais les faits sont là. 

Pourtant, en 2022, rien ne laissait imaginer une telle déconfiture. Enzo Lefort (pour la deuxième fois) et Ysaora Thibus venaient d'être sacrés champions du monde en individuel, les deux équipes de France avaient pris le bronze par équipes, les hommes avaient été champions olympiques par équipes à Tokyo, la densité française faisait son oeuvre, le fleuret paraissait alors l'arme la plus solide de la France en vue des JO à domicile. Il n'en fut rien. 

Ainsi, un nouveau cycle est nécessaire pour arriver à Los Angeles avec de belles cartes en main.  À ce titre, le Challenge Mazars, manche de Coupe du monde de fleuret hommes, offrait l'occasion de briller à domicile. Problème, malgré une belle ambiance au Stade Pierre de Coubertin, les résultats n'ont pas été au rendez-vous. 

Un seul quart de finaliste en individuel, Pierre Loisel. À 26 ans, il sera dans la force de l'âge en 2028, mais ne compte toujours aucun podium en Coupe du monde. Il a dû faire un exploit en 8e de finale et a fait rugir la foule en sortant le n°2 mondial Nick Itkin, sauf que la répétition des efforts à haut niveau lui a coûté cher en quarts de finale contre Alexander Choupenitch en quarts, pour une défaite de deux points. 

Espoir de la discipline, Rafael Savin s'est lui arrêté en 8e de finale contre le champion olympique et du monde par équipes Kazuki Iimura. Là encore, il a chuté à la mort subite, mais c'est ce qui fait la différence entre les bons et les champions. Ce sont les seuls Bleus à avoir accompli une belle performance en individuel, mais on espérait surtout conclure dignement avec un podium par équipes. 

Peine perdue. Loisel, Savin, Maximilien Chastanet et Maxime Pauty ont pourtant résisté aux Italiens en demi-finales, avant de sombrer contre les Américains - qu'ils avaient pourtant écrabouillé pour aller chercher le bronze à Paris. Médaille en chocolat donc, pour un weekend mal commencé et mal fini. De quoi s'inquiéter pour le fleuret. 

Car à l'heure des comptes, encore une fois, le fleuret est la seule arme qui ne compte plus aucun représentant dans le Top 10 mondial. À l'heure où les deux n°1 mondiaux de sabre sont français avec un doublé olympique chez les femmes, à l'heure où l'épée a encore produit deux vice-champions olympiques en 2024, le fleuret est devenue le parent pauvre de l'escrime française. Et la majorité de ses leaders ont 30 ans ou plus.

Il reste du temps, certes, et 2028 n'est pas demain, mais la trajectoire d'une arme qui a fourni 10 médailles d'or individuelles olympiques à la France. La plupart au siècle dernier, oui, mais la tradition, dans un sport qui en est empreint, ça compte. Les Mondiaux cet été devront marquer une progression - sans parler de médaille, sous peine de sombrer définitivement à la troisième place.