Aucun doute, la France est un pays de voile. C'est sans doute pour cela que les attentes étaient assez élevées au moment des Jeux Olympiques de Paris 2024. Au vu du domaine navigable, des résultats antérieurs dans les grosses compétitions, espérer un titre n'était pas farfelu.
Malheureusement, les Bleus n'auront récolté que deux médailles : l'argent pour Lauriane Nolot en Formula Kite, et le bronze pour Sarah Steyaert et Charline Picon en 49er FX. Certes, la France n'est pas repartie bredouille à domicile, mais la déception de ne pas ramener d'or de Marseille était réelle.
Louise Cervera était présente sur les compétitions de Laser Radial (dériveur). Après avoir démarré tambour battant en remportant la première régate, elle avait décliné, rencontrant quelques problèmes avec son embarcation, alternant le très bon et le médiocre (4 fois Top 5, 5 fois 18ème ou plus bas). Au final, une 10ème place et une réelle déception pour une navigatrice qui avait franchi les échelons un à un.
Les erreurs transformées en triomphe
Vice-championne d'Europe et médaillée de bronze aux Mondiaux jeunes en 2016, elle a lentement fait mûrir sa carrière. Elle échoue toutefois à se qualifier de peu pour les Jeux Olympiques de Tokyo, mais fait parler d'elle lors de la Semaine Olympique 2022 à Hyères, dont elle prendra la troisième place. Quelques semaines plus tard, elle termine 12ème des Mondiaux... en Chine.
Mais trois ans plus tard, la transformation a eu lieu. Avec une régularité sans failles, dans une épreuve pourtant raccourcie de par le fait de conditions météorologiques compliquées. Seulement six régates au lieu d'une dizaine habituellement. Mais deux régates remportées, et deux terminées à la quatrième place. La constance comme maître mot pour un sacre, et impossible de prétendre que son échec olympique n'y a pas "contribué", comme elle l'a avancé à RMC Sport.
"Après la première course des JO (1ère), j’étais en position de faire quelque chose. Je sais que j’ai manqué le podium à cause de petites erreurs. Je savais que je n’étais pas loin, que j’étais prête pour. Ca m’a prouvé que je pouvais faire des podiums internationaux. Après les JO, je voulais une victoire, des podiums sur un championnat du monde ou d’Europe. Je n’ai pas voulu faire de pause. Je suis directement repartie à l’entraînement pour aller chercher ce dont j’avais envie. Quelques mois après, c’est ce que j’ai obtenu. Les erreurs passées m’ont aidé. Je voulais trop bien faire. Il y a eu des courses où je faisais n’importe quoi. Sur ce Mondial, j’ai été beaucoup plus posée et mature sur la gestion de l’événement."
Être capable de tirer aussi rapidement profit de ses erreurs pour les transformer en or, c'est la marque des grands. Embarcation olympique, le Laser Radial n'avait connu qu'une seule championne du monde... Sarah Steyaert en 2008. Ou comment boucler la boucle. Louise Cervera aura 30 ans en 2028, l'âge de raison, et nul doute qu'à Los Angeles, elle aura également tiré les leçons de son échec parisien.