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Libéré de sa dépression, Ryan Garcia deviendra-t-il le nouveau Golden Boy de la boxe ?

Óscar de la Hoya et Ryan García, le Golden Boy et son successeur ?
Óscar de la Hoya et Ryan García, le Golden Boy et son successeur ? Profimedia
Samedi soir dans le ring de la T-Mobile Arena de Las Vegas, Ryan Garcia affronte Gervonta Davis pour un duel d'invaincus chez les poids légers. Si ce combat ne propose aucune ceinture en jeu, cette opposition entre deux énormes puncheurs est très attendue par les fans. Champion du monde à 22 ans, "KingRy" a connu les affres de la dépression et un changement d'entraîneur avant de revenir au premier plan. Outsider contre "Tank", réputé dilettante, le Californien à la belle gueule conservera-t-il son étiquette de nouveau Golden Boy de la boxe, lui dont le promoteur est un certain Óscar de la Hoya ?

Quand on est surnommé le "King", il faut adopter un comportement de souverain. Juché sur un trône brandi par plusieurs porteurs, couronne sur la tête, Ryan Garcia n'a pas fait les choses à moitié pour apparaître au public du MGM Grand de Las Vegas le 2 janvier 2021 avant d'affronter Luke Campbell. Mais au 2e round, le roi a failli tomber de son piédestal avec fracas. Le gaucher anglais trouve la faille et expédie son adversaire au tapis. Pour la première fois de sa carrière, l'Américain a été cueilli. "On va voir de quoi il est fait", lâche le commentateur de DAZN. Eh bien on a vu. "Ses bras étaient derrière son dos, a expliqué plus tard le Britannique. Mais s'est levé quand le décompte était à cinq, il avait complètement récupéré. J'ai connecté des adversaires avec la moitié de la puissance que ce coup avait et ils ne s'en étaient pas remis". Dominateur, Garcia finit par sécher Campbell avec un coup au foie à la 7e reprise. Respiration coupée, combat terminé. Garcia exulte comme jamais. Il s'empare de la ceinture WBC par intérim des poids légers à seulement 22 ans. Or la suite n'est pas exactement celle attendue. 

Dans les méandres de la dépression

Désormais paré de la ceinture WBC par intérim des poids légers, Garcia doit remonter dans le ring contre Javier Fortuna en juillet avec, en cas de victoire, un combat contre le champion WBC de l'époque Devin Haney (devenu depuis champion unifié des 4 ceintures majeures). Mais à quelques semaines du combat, il renonce. Le King a une belle gueule et un sourire désarmant mais intimement, le mal est profond : il souffre d'une profonde dépression et a besoin d'aide. Un cas qui fait évidemment penser à celui de Tyson Fury et qui pousse le poids léger à se soigner avant de revenir dans le ring un an plus tard. "Quand je suis arrivé au gymnase, j'ai éclaté en sanglots sans raison devant tout le monde et j'ai couru hors du gymnase. Canelo (Álvarez, Garcia était à l'époque entraîné par leur coach commun, Eddy Reynoso, ndlr), tout le monde, était là et J'essayais juste de m'entraîner et je ne pouvais tout simplement pas me retenir", s'est-il remémoré dans l'émission Inside Boxing Live. Quand j'étais au fond du trou, je ne pensais pas que j'allais vivre, j'étais tellement dépressif, j'ai pris de mauvaises habitudes. J'ai commencé à boire alors que je ne bois jamais et je me saoulais tout le temps. Je voulais me tuer. C'était si intense que j'ai pensé que je préférerais peut-être ne plus être ici. Je ne comprenais pas ce qui se passait. J'avais besoin d'une aide professionnelle".

Ryan Garcia n'a que 24 ans mais sa carrière professionnelle a débuté en 2016, dans un obscur bar de Tijuana. Avant cela, il avait été sacré 15 fois champion national et comptait plus de 250 combats amateurs. "KingRy" a déjà 23 combats au palmarès pour autant de victoires, dont 19 KO. Une ascension fulgurante vers les sommets de la hiérarchie des 135 livres qui a pris un coup d'arrêt brutal, mélange de lassitude physique, psychique et mentale : "mon corps s'est juste senti mal, tout s'est senti mal. J'avais juste l'impression de ne rien pouvoir faire".

À la recherche de calme, il s'est installé avec sa famille à San Diego, plus précisément à Chula Vista ("chouette vue" en espagnol)  dans une maison qui donne sur la mer, de sorte à retrouver la sérénité après les entraînements mais surtout hors de cette période chargée. "Quand j'ai un combat en prévision, je suis relax. Mais je ne boxe pas, je ne sais pas quoi faire de toute cette énergie, je réfléchis trop. J'ai des problèmes d'hyperactivité", expliquait-il à DAZN avant son combat contre Fortuna, finalement disputé le 16 juillet dernier (victoire par KO à la 6e reprise). 

Clash de fin avec le clan Canelo

Outre sa dépression Ryan Garcia a dû reporter son retour dans le ring une seconde fois, contre Joseph Díaz, cette fois pour une blessure à la main droite. Ce forfait s'est ajouté à la fin de sa collaboration avec Eddy Reynoso. Le "divorce" avec le mentor de Saúl Álvarez remonte au début de l'année 2022, après 5 ans de travail conjoint. KingRy réclamait davantage d'intérêt pour sa carrière mais devait aussi de l'argent à son coach. Des considérations qui n'ont guère plu au natif de Guadalajara qui a mis son ancien partenaire d'entraînement à l'index : "je ne sais pas pourquoi il pense cela. Il dit qu'il a besoin de davantage de temps ? Eddy a tout le temps qu'il faut pour lui. Eddy était avec lui pour Noël 2020, le Nouvel an 2021 quand il a affronté Campbell le 2 janvier. Ryan a beaucoup de talent mais il perd du temps et gaspille ce talent. Je le regarde et je ne le vois pas impliqué à 100%. Pour nous, c'est un mauvais signal". Des paroles qu'il faut recontextualiser : l'interview a été réalisée quelques heures avant... sa défaite contre Dmitry Bivol en mai 2022. Et pour le combat suivant, KingRy a franchi le Rubicon en préférant miser sur Gennady Golovkin plutôt que sur Canelo lors du 3e combat de la trilogie, finalement remporté par le Mexicain. La cicatrice ne semble pas refermée : Álvarez a confié voir Davis remporter le combat de samedi. En revanche, la relation entre Reynoso et Garcia semble plus apaisée, le premier évoquant "la main gauche de Ryan, une des plus fortes qu'il y ait", le second reconnaissant "l'impact d'Eddy sur ma carrière. Il me connaît mieux que personne, il m'a vu grandir. Il me comprend bien mieux que beaucoup de monde. C'est très bien de ne pas garder de rancoeur"

Ainsi depuis 2022, l'homme de confiance de Garcia est Joe Goossen. Tout sauf un inconnu ni pour les fans ni pour KingRy. Goossen est un entraîneur mythique, Hall of Famer, et qui connaît le Californien depuis ses débuts professionnels. L'homme de 69 ans perçoit le garçon de 24 ans comme du "nouveau Óscar de la Hoya". Les choses sont bien faites : le Golden Boy est le promoteur de King Ryan. Lui aussi a connu bien des tourments avant comme après sa carrière et il sait ce qu'a pu traverser son cadet. "Un entraîneur pour un boxeur est aussi comme un thérapeute, expliquait-il dans les colonnes du Los Angeles Times en mars 2022. Vous pouvez lui parler comme à un ami, vous pouvez lui dire des choses que vous ne pouvez pas dire à d'autres. C'est une relation très intime émotionnellement"

Joe Goossen
Joe GoossenProfimedia

Dans ce même article, écrit par Eduard Cauich, Goossen expliquait être "à 120%" au côté de Garcia, ce qui comporte une part hors-boxe plus importante qu'avec Reynoso : "quand on parle, ce n'est pas que de boxe, c'est aussi de la vie en général". Un lien de grand-père à petit-fils avec, tout de même, la présence du paternel Henry, lui aussi entraîneur. 

Depuis le combat contre Emmanuel Tagoe, KingRy essaie de battre en brèche sa réputation de dilettante du quadrilatère et la présence de Goossen n'est pas fortuite ."C'est de la comédie, personne n'en arrive là sans discipline, martelait le boxeur dans le Los Angeles Times. C'est dit par des gens bien assis et qui ne regardent rien d'autre, ce qu'il faut faire pour monter dans le ring et qui ne se rendent pas compte à quel point ce n'est pas facile". Le paternel renchérit : "tu ne parles pas de quelqu'un que tu ne connais pas très bien. Ce n'est pas un boxeur YouTube, il boxe depuis qu'il a 7 ans. D'ailleurs, à cette époque, YouTube n'existait même pas. Il faut le juger par rapport à ce qu'il fait dans le ring, pas en dehors".

Le changement d'entraîneur constitue un tournant dans la malgré tout jeune carrière Garcia, classé numéro 3 des légers par Ring Magazine. Goossen file la métaphore avec de la Hoya : "le style d'Óscar est différent de celui de Ryan, mais Óscar a perfectionné son style pendant les combats et avec les différents entraîneurs qui l'ont accompagné. Vous pouvez voir qu'au cours de sa carrière, son style a changé en fonction de son coach et en fonction de qui il affrontait. Ryan se rend compte que plus vous affrontez des adversaires de qualité, plus c'est difficile et plus il faut perfectionner ses armes. Je pense qu'il est dans le bon état d'esprit maintenant et nous avons travaillé avec lui, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain".

En mode De la Hoya pour battre Davis

La boxe est souvent critiquée en raison du manque d'attractivité des combats et de nombreux adversaires qui s'évitent. Ce n'est pas le cas cette fois-ci. Gervonta Davis, 28 ans, et Ryan Garcia, 24 ans, sont invaincus et se font face pour franchir un palier dans la catégorie des 135 livres... même si un catchweight a été établi à 136 livres, assorti d'une clause d'hydratation limitée à 10 livres imposer par Tank pour limiter la reprise de poids excessive de KingRy (une 2e pesée aura donc lieu samedi matin en plus de celle de la veille). 

Dans les colonnes de Ring Magazine, John David Jackson qui coache Errol Spence Jr, Jermell Charlo et Claressa Shields a livré ses prédictions pour le combat contre Gervonta Davis ce samedi s'il était en charge de l'entraînement de KingRy. "Tank essaiera de se rapprocher pour envoyer de gros coups, il faudra jouer avec la distance. Ryan a un très bon jab. Nous utiliserions ces heures supplémentaires d'entraînement pour préparer la main droite de Ryan car il oublie parfois qu'elle peut être dévastatrice. Si Joe peut lui faire utiliser ce coup plus droit, cela pourrait rendre le combat intéressant"

Là aussi, le parallèle avec de la Hoya se fait jour, le Golden Boy étant un expert de l'utilisation du jab. "Garcia devra utiliser ce coup comme une baguette", affirme Jackson qui insiste aussi sur les mouvements défensifs ainsi que l'utilisation du ring pour conserver de l'énergie en prévision de la 2e partie de combat car si Davis parvient à le cadrer, le danger sera immense. "Ryan a tendance à ne pas bouger la tête. Il doit le faire pour une meilleure défense. Même si Tank est plus petit, j'insisterais auprès de Ryan pour qu'il utilise son crochet gauche au corps"

Si Davis apparaît légèrement favori, les facultés de Garcia sont de nature à défier les pronostics, notamment quant à sa capacité à garder son sang froid dans les moments critiques. Campbell peut en attester et affirmer que "Ryan est plus rapide et frappe plus fort que Vasyl Lomachenko (classé numéro 1 des légers par Ring Magazine qui affrontera le champion Haney le 20 mai prochain, ndlr), le titre de champion toutes fédérations confondues étant attribué à Haney, ndlr), avec un meilleur timing"

Arrivé avec deux heures de retard et un accoutrement surréaliste à la première conférence de presse à New York (sa casquette "I love sex" lors du dernier affrontement verbal de vendredi n'est pas mal non plus dans son style) Davis a augmenté la pression lors de la 2e rencontre promotionnelle à Los Angeles en plaçant son poing sur le menton de Garcia lors du face-à-face. Le Pay-Per-View de Showtime agrémenté de plusieurs épisodes de All Access et autres capsules prouve que ce combat suscite une vraie attente chez les fans.

Gervonta Davis et Ryan Garcia
Gervonta Davis et Ryan GarciaProfimedia

De quoi enflammer les yeux d'Óscar de la Hoya : "les gens m'ont traité de fou quand j'ai dit que plus de 2 millions de PPV pouvaient être vendus. Je pense que cela peut dépasser la barre des 2,4 millions que Mayweather et moi avions franchie". À 84.99$ le PPV, soit 10$ de plus que pour Davis-Héctor Luis García en janvier dernier et le David Benavidez-Caleb Plant du 25 mars, l'affaire est très lucrative, sans oublier que certains sésames en bord de ring ont dépassé les...49.000$ ! 

Le vainqueur du combat aura un pouvoir d'attraction exceptionnel, même si Davis pourrait faire un tour par la case prison après son jugement pour diverses infractions le 5 mai prochain. Si Garcia l'emporte, son deuxième semestre 2023 pourrait le voir être opposé à Lomachenko ou Haney. Peu importe celui qui tromphera, la catégorie des poids légers à de très beaux jours à venir. 

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