Cette fois-ci, Emiliano Martínez n'a rien pu faire. Abandonné par sa défense sur les deux buts de Wout Weghorst, le gardien argentin n'a pas pu éviter une prolongation à l'Albiceleste alors qu'il avait pu bondir à temps pour détourner une frappe de Garang Kuol à la dernière seconde en 1/8 de finale contre l'Australie.
Sûre d'elle pendant l'essentiel de la rencontre, l'arrière-garde s'est lézardée alors qu'elle maîtrisait son sujet sans forcer jusque-là. Aussi bien à 4 comme face au Socceroos qu'à 5 comme face aux Pays-Bas, la solidité s'est transformée en fébrilité de manière inopinée et Lionel Scaloni n'a pas contribué à changer le cours des choses.
20 minutes de panique contre l'Australie
Contre l'Australie, le sélectionneur argentin a privilégié une défense à 4, avec une charnière Nico Otamendi-Cristián Romero. Une option qui a tenu à peine 50 minutes. Même si le score n'était que de 1-0 après l'ouverture du score de Lionel Messi (35e), Scaloni était-il déjà dans la gestion du match, certain que son équipe ferait la différence même avec un changement de système tactique ? Alors qu'il a proposé du poste pour poste par la suite, il a sorti Papu Gómez au profit de Lisandro Martínez. S'il est vrai que le Sévillan n'a pas été d'un grand apport, cette évolution défensive n'était peut-être pas indispensable.
Car au lieu de gagner en assise défensive, l'Argentine a paniqué après la réduction de l'écart australienne. Quoique venu de nulle part puisque c'est Enzo Fernández qui détourné involontairement une frappe manquée de Craig Goodwin (77e), le but a engendré 20 minutes de panique totale qui a failli aboutir à une égalisation in extremis. Simple péripétie ?
Désorganisation coupable contre les Oranje
Il semblerait que non. Contre des Pays-Bas incapables de cadrer le moindre tir et auteurs d'une seule tentative, les Argentins se sont de nouveau liquéfiés. Optant pour un système "miroir" pour coller au schéma de Louis van Gaal, Scaloni a aligné 3 centraux : Otamendi, Martínez et Romero. Averti à la 45e minute, Romero a laissé sa place à Germán Pezzella (76e) et Marcos Acuña, lui aussi sous la menace, a été remplacé par Nico Tagliafico. L'effet a été immédiat : pas encore organisée, la défense albiceleste a été prise de cours par le centre de Berghuis venu de la gauche et Weghorst, souverain dans les airs (83e).
Et comme face aux Socceroos, la tension s'est emparée du clan argentin. Le dernier coup franc obtenu par les Oranje est une résultante de ce vent de panique, tout comme le manque de concentration au moment de la combinaison initié par Teun Koopmeiners (90+12e). La conséquence a été de disputer 30 minutes de plus, avec tout ce que cela engendre pour le mental et les organismes, sans oublier la pesante séance de tirs au but. Un scenario totalement inimaginable pendant 90 % de la rencontre.
Dès lors, plusieurs questions restent en suspens. Tout d'abord, quelle composition et avec qui ? Avec un Nahuel Molina buteur contre les Pays-Bas et un Tagliafico porté vers l'avant, un système à 3 centraux pourrait être privilégié, ce qui éviterait aussi les maux de tête de Scaloni quant au choix des hommes. Avec une défense à 4, il faudrait mettre un central sur le banc, a priori Martínez.
Face à une attaque croate pas toujours productive, mais capable de beaucoup de réalisme comme ce fut le cas contre le Japon puis le Brésil, l'Albiceleste doit trouver les ressources psychologiques pour ne pas être rattrapée par ses émotions. La qualification en finale est à ce prix-là.