AUDITORI 1899 - La défaite du Barça sur la pelouse du Rayo Vallecano mercredi soir (2-1) n'a pas altéré la bonne humeur de Joan Laporta, d'autant que la section basket a remporté avec la manière le match 1 des 1/4 de finale de l'Euroligue contre le Zalgiris Kaunas (91-69). Mais davantage que les résultats sportifs, le président du club blaugrana avait le sourire car il introduisait la conférence de presse de présentation du financement de l'Espai Barça, "le projet le plus important de toute l'histoire du club".
Le moment était aux grands mots et à l'optimisme car il formalise le début des grands travaux de la zone qui conduira la section masculine de football à s'exiler au stade olympique de Montjuïc pendant toute la saison 2023-2024, avec la promesse de retrouver sa maison, quoiqu'inachevée, avant la fin de l'année 2024 pour correspondre aux 125 ans de la fondation du club par Joan Gamper.
La marque Barça au centre du projet
Laporta a été formel : "il n'y aura jamais aucun risque sur l'avenir sportif du club". Nouveau Camp Nou et nouveau Palau Blaugrana sont les évolutions les plus notoires, même si le stade de football suscite évidemment toutes les attentions. "L'opération de financement est une preuve de la foi dans le Barça qui démontre la confiance nationale et internationale des organismes financiers. Le Barça en est sorti renforcé et nous en sommes très fiers", a martelé Laporta qui a ensuite donné la parole à Eduard Romeu, Maribel Meléndez et Manel del Río, triumvirat des dirigeants en charge de ce projet colossal qui doit, du moins sur le papier, propulser le club dans la modernité.
Pour Romeu, le vice-président économique du FCB, "nous avons augmenté la valeur de la marque Barça. Nous en avons eu la capacité. Il fallait en avoir le courage". Et si l'attaque en direction de Josep María Bartomeu, ex-président déchu et honni n'était pas assez claire, il a enfoncé le clou : "il y a ce qui a été mal fait, et parfois très mal fait. Mais pire, il y a ce qui n'a pas été fait. Il y avait la nécessité de mener à bien ce projet. L'Espai Barça a été une opération initiée par cette direction, pas par la précédente".
Les choses se sont accélérées depuis octobre 2021 avec l'approbation de l'assemblée pour une opération de financement de l'Espai Barça d'1,5 milliard d'euros, validé par 87,8 % des socios votants deux mois plus tard. Il y a un an, la mairie a donné son aval pour le début des travaux.
L'objectif affiché du club et exposé sur les écrans de l'Auditori 1899 est de garantir 100 % des coûts de construction et des intérêts pendant les travaux qui débuteront au terme de la saison, sans hypothèque du stade, sans garantie du club par rapport à sa dette, mais seulement sur les revenus généraux pour le projet du nouveau stade, sans affecter la prise de décision du club. Le taux d'intérêt fixe moyen est de 5,53 % avec une période de carence pour la période de construction qui s'étendra jusqu'en 2026. "Un succès notoire" pour del Río car le club veut atténuer les risques relatifs à la construction, au financement et à la commercialisation.
Multiplier les revenus par 3,5
"Exposer la marque Barça et tout ce qui l'entoure" a été le leitmotiv de Romeu. En l'espèce, le club blaugrana envisage, dans son "estimation prudente" pour reprendre les propos de Mélendez, de générer 247 millions d'euros de revenus supplémentaires par an à partir de la saison 2026-2027 avec ce "Nou Camp Nou", pour multiplier par 3,5 ce que peut rapporter sa version actuelle. Des chiffres qui ne prennent pas en compte l'éventualité d'un retour de Lionel Messi ou de l'émergence d'un crack absolu qui permettraient de capitaliser et de dépasser les attentes.
À l'heure actuelle, la possibilité d'accueillir d'autres événements que les matches de football de la section masculine est envisagé mais pas encore matérialisé. La priorité du moment est de "transmettre de la tranquillité aux socios par rapport au mode de gouvernance du club mais aussi par rapport à la compétitivité de l'équipe", a expliqué Romeu.
Près d'un demi-siècle après son inauguration, le Camp Nou fera peau neuve. Un lifting nécessaire vu la vétusté de l'enceinte. Reste à savoir si, par nécessité autant que par volonté, le Barça s'éloignera encore davantage du football populaire au profit de privilégiés capables d'augmenter la circonférence de la bulle dans laquelle l'essentiel des clubs s'enferment depuis longtemps.