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Le rugby se doit d'être "plus rapide et encore plus spectaculaire" pour le patron de la fédération néo-zélandaise

Mark Robinson à Wellington en mai 2024.
Mark Robinson à Wellington en mai 2024.HAGEN HOPKINS/Getty Images via AFP
Le rugby doit être encore plus "divertissant", "rapide" et "spectaculaire", si le sport veut devenir mondial, a assuré dans un entretien à l'AFP le directeur général de la fédération néo-zélandaise Mark Robinson, qui préconise aussi de limiter le recours à l'arbitrage vidéo.

QUESTION : On a beaucoup critiqué en Nouvelle-Zélande l'effectif du XV de France pour la tournée. Avez-vous été un peu rassuré de voir que le premier test-match était serré ?

RÉPONSE : "Les critiques sont venues de commentateurs médiatiques et d'anciens joueurs, pas de la Fédération. Nous avons toujours espéré que, pour nos fans, nous verrions des joueurs connus. Mais nous devons respecter le fait que la France a certaines contraintes liées à son championnat. Nous en avons discuté en privé et ces discussions resteront confidentielles. Mais nous n'avions aucun doute sur le fait qu'il s'agirait d'une équipe très compétitive."

Q : La France a refusé aussi de jouer un des matchs aux États-Unis. Pourquoi vouloir y délocaliser des rencontres ?

R : "Le rugby est contraint à l'intérieur de ses territoires traditionnels. Nous pensons qu'il existe des opportunités en Asie et en Amérique du Nord. La raison n'est pas seulement de montrer à quoi peut ressembler ce sport mais aussi d'encourager la pratique au niveau local (...) La France compte 65 millions d'habitants. C'est un marché commercial puissant en soi. Elle ne voit peut-être pas la même opportunité que les All Blacks, mais nous, nous avons une population de seulement 5 millions de personnes. Nous devons envisager autrement la façon de générer des revenus, différemment de certains grands pays."

Q : Quelles sont vos relations avec la Fédération française de rugby désormais ?

R : "Nous ne sommes pas d'accord sur tout, et c'est normal. Mais plus je passe de temps avec Jérémy (Lécha, DG de la FFR, NDLR) et Florian (Grill, président de la FFR), plus je comprends pourquoi ils défendent certaines positions. Leur modèle est différent. Nous, nous créons beaucoup de valeur grâce à la force de nos équipes nationales et à la notoriété de nos marques à l'international. Et le championnat des clubs fonctionne pour contribuer au succès de l'équipe nationale. La France a une obligation beaucoup plus grande envers le système des clubs, en raison de la propriété des clubs et de la façon dont les contrats des joueurs fonctionnent. Cela crée donc des obligations et des pressions différentes."

Q : France et Nouvelle-Zélande se sont aussi opposées sur le carton rouge de 20 minutes. Exclure définitivement un joueur est-il révolu ?

R : "Il y a trop d'exemples, par le passé, où des cartons rouges ont fait que le match est devenu quasiment joué d'avance ou plus déséquilibré (...) Les règles sont claires: on peut toujours donner un carton rouge définitif s'il s'agit d'un geste violent, intentionnel. Pour être honnête, cela n'existe plus depuis longtemps au rugby, grâce aux nombreuses caméras. Le carton rouge définitif, tel qu'on l'applique aujourd'hui, est trop sévère pour des incidents qui, dans la grande majorité, ne sont pas délibérés."

Q : Quelles autres mesures préconisez-vous ?

R : "Le spectacle doit rester toujours plus divertissant, plus enthousiasmant et créer davantage de liens avec les fans du monde entier. Il peut conserver sa force et sa puissance, mais nous pensons qu’il peut aussi devenir plus rapide et encore plus spectaculaire (...) Nous sommes inquiets au sujet de l'arbitrage vidéo. Nous pensons qu'actuellement, ce n'est pas cohérent. Cela devient déroutant pour les fans, et cela ralentit énormément le jeu (...) il faut moins d'arbitrage vidéo, plus de clarté sur les raisons pour lesquelles il est utilisé, et moins d'interventions."

Q : Comme en France, la Fédération néo-zélandaise de rugby est en déficit presque chaque année, est-ce un danger imminent ?

R : "Nous devons travailler davantage pour créer un modèle plus durable. Nous avons investi 40 millions de dollars auprès des provinces et de nos joueurs, ainsi que plus de 20 millions dans le numérique, le contenu pour les fans. Cela est présenté souvent sous l'angle de pertes financières, mais nous y voyons un investissement. Nous avons augmenté nos revenus, mais nous avons une structure de coûts qui augmente aussi (...) À mesure que l'activité se développe, elle doit évoluer."