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Le retour de Zoumana Camara au Vélodrome, 25 ans après son transfert à l'OM

Zoumana Camara contre Montpellier en juillet 2001
Zoumana Camara contre Montpellier en juillet 2001Pascal PAVANI / AFP
En 2000, Zoumana Camara signe à l'Olympique de Marseille. Le défenseur central, titulaire indiscutable, restera 18 mois. Une période marquée par le marasme sportif et institutionnel, ainsi que par le retour calamiteux de Bernard Tapie comme directeur sportif.

C'est une histoire qui a déjà un quart de siècle, une époque où les jeux vidéo voulaient ressembler le plus possible au football et pas l'inverse. Formé à Saint-Étienne, Zoumana Camara a été transféré à l'Inter en 1998, une époque où les Français ont la cote de l'autre côté des Alpes. Problème : il ne joue pas. Au bout de 6 mois, il est prêté à Empoli où il ne se relance pas. En 1999, il se relance à Bastia où il devient un titulaire indiscutable. Il suscite l'intérêt de l'Olympique de Marseille qui le recrute pour renforcer sa défense en vue de disputer la Ligue des Champions à deux phases de groupe. C'est un euphémisme : il ne sait absolument pas où il a mis les pieds. 

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Avant de lire les prochaines lignes, mieux vaut se munir d'une bombone d'oxygène parce que la dépressurisation de l'appareil est violente. 

Quand Camara signe, l'OM sort d'une saison 1999-2000 catastrophique, achevée sur un maintien pour... 2 buts. Un an après avoir été vice-champion de France et atteint la finale de la Coupe de l'UEFA, tout est à refaire parce que c'est l'exode. Robert Pires, Peter Luccin, Stéphane Dalmat et Stéphane Porato sont partis pendant l'été. Avant eux, Fabrizio Ravanelli et Christophe Dugarry avaient profité du mercato d'hiver pour déblayer.

Dans les bureaux, c'est la révolution permanente : en poste depuis 1996, Marcel Dib voit arriver Eric di Meco en février 2000... avant que le binôme ne soit écarté en novembre à la place de Jean-Christophe Cano, futur agent d'André-Pierre Gignac. Sur le banc, Bernard Casoni a été écarté avec un total de 23,1% de victoires. C'est le Brésilien Abel Braga qui le remplace. 

L'OM est irrégulier mais, après 6 journées, le club est 5e du championnat. Exclu à Monaco (2-0), Camara n'est pas de la défaite à Toulouse (2-0). Le début de la dégringolade. Malgré une victoire contre Metz (4-1), Braga est prié de partir alors que l'OM a perdu 6 fois lors des 10 derniers matches. Dib et Di Meco prennent la même charrette.

Zoumana Camara contre Lens en 2001
Zoumana Camara contre Lens en 2001DENIS CHARLET / AFP

Après un intérim d'Albert Emon et Christophe Galtier, le rigoriste Javier Clemente arrive. Mais rien n'évolue : l'OM terminera 14e. Et parce que c'est toujours le oaï en interne, un certain Bernard Tapie revient en avril 2001. Première mesure : virer Clemente pour rappeler Tomislav Ivic, 10 ans après que ce même Tapie l'a évincé après 4 mois. Mais BT n'est plus celui qui fut Ministre de la Ville, l'homme programmé pour devenir Maire de Marseille, celui qui a permis à l'OM de devenir champion d'Europe en 1993. L'affaire VA-OM a précipité sa chute et celle du club qui ne s'en est jamais vraiment remis au demeurant. 

Peu importe le coach, peu importe que la défense soit à 4 ou à 5, Camara est inamovible. Il finit même sur un but lors de la dernière journée contre Troyes (1-1), à mille lieues des espoirs suscités par la victoire inaugurale contre les Aubois en août (3-1). 

Difficile de faire pire ? Chiche ! Ivic est écarté en juillet 2001. José Anigo assure l'intérim. Deux nuls, deux défaites, un but marqué : il est remplacé par... Emon. L'intérim dure un match et se solde par une défaite à Bastia. Et là, Tapie rappelle encore Ivic ! Il faudra attendre la 8e journée pour assister à une victoire de l'OM, contre Nantes (2-0). Après une défaite à Auxerre (2-0), alors qu'il est toujours titulaire notamment au côté de Franck Leboeuf, Camara ne rejouera plus avec le maillot bleu et blanc, poussé vers la sortie par l'avènement de Daniel van Buyten.

En décembre, Ivic part pour la dernière fois, et Emon revient encore. Au mercato d'hiver, Camara quitte le marasme et monte à Lens. Il fait partie de la liste improbable des dizaines de transferts réalisés Il laisse derrière lui un club exsangue. L'OM se sauve pour 3 points, Emon laisse la place à Alain Perrin pendant que Tapie est écarté après cet échec retentissant.

Le plus incroyable, c'est que c'est à cette période que Camara a obtenu sa seule sélection avec les Bleus, lors de feu la Coupe des Confédérations en 2001. Cette expérience ne devrait pas lui être superflue au moment de relancer Montpellier, promis à des lendemains difficiles.