C'est évidemment une question rhétorique. Époques, budgets, joueurs : tout est différent entre le FC Nantes de 1994-1995 et le PSG de 2024-2025. En Division 1, les Canaris avaient été tout proches de la saison sans défaite. Un revers à la Meinau lors de la 33e journée (2-0) avait été la seule anicroche de 9 mois idéaux. Malgré les 10 points d'avance sur Lyon après 38 journées, le bilan était tout de même à édulcorer : Nantes avait été tenu en échec... 16 fois !
Mais avec une série de 32 matches sans défaite, le record a tenu jusqu'en 2016. Pour autant, avec une équipe essentiellement formée à la Jonelière, Nantes a réalisé une performance majuscule : meilleure attaque, meilleure défense, 10 victoires à la Beaujoire avec au moins trois buts inscrits.
En revanche, la saison avait été émaillée par de grandes déceptions, comme l'élimination en Coupe de France aux tirs au but par Saint-Leu (N1) ou celle en 1/4 de finale de la Coupe de l'UEFA où, par manque de gardiens de but disponibles, c'est... l'entraîneur des gardiens, Jean-Louis Garcia, qui avait joué le match aller contre le Bayer (défaite 5-1).
Le PSG égalera-t-il Nantes dans le souvenir laissé ?
C'est dans le niveau de jeu, dans l'envie d'aller vers l'avant que Nantes a révolutionné la D1 et laissé une empreinte durable et vivace. En sera-t-il de même pour le PSG ? Luis Enrique a lui aussi provoqué un changement quasiment ontologique dans l'histoire du club avec QSI : ne pas être dépendant d'une star incontestée en attaque. Malgré les critiques, sa décision d'utiliser Ousmane Dembélé en faux 9 a transformé le Moustique, jadis aussi réputé pour la qualité de ses dribbles que pour la faiblesse de sa finition.
Pour autant, la performance du PSG en Ligue 1 est à atténuer en partie par le niveau global du championnat. En 1995, les clubs français sont au firmament dans les compétitions européennes : l'OM a disputé deux finales de C1 en 1991 et 1993, Monaco celle de la Coupe des Coupes en 1992, le PSG a battu le Real Madrid en 1/4 de finale de Coupe de l'UEFA en 1994 avant de remporter la C2 en 1996 et de disputer la finale en 1997 et Bordeaux disputera la finale de la C3 en 1996.
En 2025, malgré quelques beaux parcours de concurrents hexagonaux, le PSG tient le haut du pavé de la manière la plus régulière. Sur la durée, il y a le PSG et les autres, ce qui tue très vite le suspense, notamment par l'incapacité des rivaux à être consistant d'un bout à l'autre de la saison.
Moins "romantique" que Nantes, le PSG pourrait réaliser une saison exceptionnelle, à plus d'un titre mais le souvenir de sa performance d'ensemble passera principalement par la Ligue des Champions, plus que par la Ligue 1. L'épicentre a changé car les exigences vis-à-vis de l'un n'ont plus rien à voir avec l'autre. Le mieux est l'ennemi du bien.