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Le futur du biathlon sera "plus incertain" et "audacieux", selon Martin Fourcade

Martin Fourcade au Grand-Bornand en décembre dernier.
Martin Fourcade au Grand-Bornand en décembre dernier.FLORIAN FRISON/DPPI via AFP
Venu à Oslo assister aux dernières courses du Norvégien Johannes Boe, l'ancienne gloire française Martin Fourcade n'est pas inquiet pour l'après-Boe, se réjouissant d'un futur du biathlon "un peu plus incertain" et "audacieux".

Question : Vous n'auriez manqué cette dernière étape de Coupe du monde à Oslo, avec Johannes Boe, pour rien au monde ?

Réponse : "Je crois que je ne me suis pas posé la question longtemps. J'ai pensé à ma dernière course en carrière et je me suis dit à quel point j'aurais aimé avoir mes plus grands rivaux qui puissent être là. Malheureusement, c'était pendant le Covid et je n'ai pas eu cette opportunité. J'avais envie d'être là, à la fois pour le célébrer, mais aussi comme un fan de biathlon, pour en profiter une dernière fois. C'était une belle course, une belle bataille. J'aurais aimé que ça aille au dernier tour et que ça ne se joue pas sur le dernier tir. Mais je crois que c'est aussi un beau message envoyé, celui d'une passation entre Johannes et Sturla (Laegreid, ndlr). Sturla montre à tout le monde avec la course d'aujourd'hui que ce premier globe ne lui a pas été offert, mais qu'il est allé le chercher et qu'il le mérite amplement."

Q : Justement, Sturla Laegreid disait que ça lui tenait vraiment à cœur de gagner avant que Johannes Boe prenne sa retraite, pour ne pas qu'on l'accuse d'avoir eu un titre au rabais. Vous comprenez cela ?

R : "Oui, je comprends que dans sa position, il n'avait qu'une envie, c'était de le battre. Il m'a fait une petite blague tout à l'heure quand je l'ai croisé. Il m'a dit 'Johannes ne t'a fait aucun cadeau sur ton dernier globe, je n'allais pas lui en faire aujourd'hui'. Toujours très sympa. Comme je le disais, une victoire méritée. Peut-être si je peux apporter une nuance, c'est qu'autant je pense qu'en 2020, quand j'arrête ma carrière, le futur est un peu écrit. Aujourd'hui, le futur du biathlon est un peu plus incertain, un peu plus audacieux. Parce qu'il y a des athlètes comme Tommaso Giacomel, Campbell Wright, comme Eric Perrot, qui vont toquer à la porte plus rapidement que d'autres n'ont pu le faire en 2020 quand j'ai pris ma retraite."

Q : Qu'est-ce que vous gardez de Johannes Boe, dans vos batailles sur la piste et puis en dehors ?

R : "C'est assez étonnant parce que je crois que c'est la première fois dans ma carrière que j'ai rencontré quelqu'un qui me ressemblait. Je veux dire par là qu'on avait des qualités qui étaient assez similaires, on avait les temps de ski qui se ressemblaient. On était tous les deux des tireurs couchés qui avaient besoin de temps et des tireurs debout plutôt agressifs. On était assez stable et donc j'avais l'impression qu'à chaque fois que j'essayais de l'affronter, j'avais en quelque sorte affaire à mon miroir. Pas dans une ressemblance, mais plus dans une façon de connaître à la fois ses qualités, mais aussi ses défauts. Ça a toujours été une relation sportive très particulière parce qu'on devait vraiment être à 100 %."

Q : Johannes Boe disait qu'il avait eu un peu de mal à gérer l'après Martin Fourcade. Ceux qui vont rester après lui aussi ?

R : "Non, je ne pense pas, parce que Johannes s'est construit aussi beaucoup dans notre rivalité. Là, il y a quand même du monde dans la place derrière et qu'il n'y a pas la marge sur les autres que Johannes avait en 2020. Donc je pense que le biathlon de demain est beaucoup moins écrit que celui d'hier, où on a eu des cycles quand même assez marqués. Entre Bjoerndalen qui a dominé pendant 10 ans, moi qui ai dominé les 10 années d'après et Johannes qui domine les 10 années suivantes. Là j'ai du mal à voir quelqu'un qui pour l'instant se détache autant pour les 10 prochaines années et je trouve que c'est une super chose pour le biathlon."