Bouchouari, l'avenir devant lui
C'est un but qui vaut cher dans la lutte pour le maintien et ce n'est finalement pas si étonnant s'il fut l'oeuvre de Benjamin Bouchouari. Le milieu de terrain, médaillé de bronze avec le Maroc lors des derniers JO, a inscrit le seul but de la rencontre Montpellier le 23 novembre dernier et c'est tout le peuple vert qui a mieux respiré... avant de retrouver une quinte de toux après le déplacement calamiteux à Rennes la semaine suivante (5-0).
Le rôle du joueur de 23 ans, natif de Borgerhout en Belgique et passé pro aux Pays-Bas, à Roda, est de plus en plus important. Absent lors des 4 premières journées, Bouchouari a disputé des bouts de matches, jusqu'à devenir titulaire en puissance depuis 6 semaines. Depuis son entrée dans le XI, Saint-Étienne fait le yo-yo, avec une défaite qui suit une victoire. De quoi envisager un succès contre l'OM ?
Une chose est certaine : il faut un joueur au volume de jeu conséquent pour colmater les brêches. Bouchouari est le joueur idoine pour Olivier dall'Oglio.
Même face à Rennes, il est parvenu à rendre une feuille de statistiques honorable avec 40 ballons touchés, 26 passes réussies sur 29 (90%), 3 ballons longs connectés sur 4, 2 tacles, 2 interceptions, 2 fautes provoquées, 4 duels remportés sur 8 pour 5 balles perdues et 1 faute commise.
Dans une équipe qui joue le contre, son positionnement central fait de lui une plaque tournante avec le ballon mais aussi un rempart essentiel. Lors du derby contre l'OL, il a par exemple remporté 7 duels sur 10 et complété 31 passes sur 35. Sa propreté dans la relance constitue une arme pour Saint-Étienne qui peut ensuite compter sur Zuriko Davitashvili, Aïmen Moueffek et Augustine Boakye pour accélérer les transitions.
Son travail se complète avec celui de Louis Mouton, plus décisif et clairement positionné à gauche, et de celui de Pierre Ekwah, polyvalent dans la répartition de ses efforts. Mais c'est bien Bouchouari qui surnage, tant sa qualité saute aux yeux. Un joueur différentiel sur qui compte dall'Oglio, qui serait certain de passer les fêtes dans le Forez avec une victoire de prestige contre Marseille.
Rongier, l'éternel retour en grâce
On s'est longtemps demandé quand Valentin Rongier retrouverait les terrains. Touché au genou début novembre 2023, il a manqué les deux tiers de la saison. Sans sa boussole au bouc de d'Artagnan, l'Olympique de Marseille s'est noyé. Dans un club où, selon un cliché, il faudrait forcément être un exalté pour être digne du maillot bleu et blanc, le milieu s'est imposé comme un capitaine respecté, statut acquis grâce à son travail, son calme et sa discrétion.
Néanmoins, on ne donnait pas cher de sa peau avec les arrivées de Pierre-Émile Höjbjerg et Adrien Rabiot. Et puis, comme à chaque fois, il est remonté dans la hiérarchie. Et il y a une statistique qui ne ment pas : chaque fois Rongier a joué, aussi bien comme titulaire que remplaçant (4 et 4), l'OM affiche un pourcentage de victoire de 100%.
En conférence de presse, Roberto de Zerbi l'a qualifié de "géomètre" de l'équipe. En l'espèce, difficile de ne pas considérer Rongier de la sorte. Avec une position moyenne axiale dans le rond central, il est la plaque tournante olympienne.
Contre Lens, le milieu n'a pas eu besoin de niveau à bulle pour se situer exactement au milieu.
Contre Monaco, dans un match où l'OM s'en est plutôt bien sorti vu le physionomie de la rencontre avec une faible production offensive, il s'est énormément proposé, avec un volume de jeu particulièrement conséquent comme en atteste sa carte des passes.
Il reste un point d'amélioration pour Rongier : ses statistiques. En 177 matches, il n'a marqué que 4 fois et adressé 10 passes décisives. La saison dernière, il a inscrit un but qui aurait pu changer le destin de l'OM et de Marcelino à Metz mais sa réalisation avait été annulée pour un hors-jeu initial qui n'a jamais été étayé malgré les promesses arbitrales de montrer les images inédites qui avait conduit à cette prise de décision (le 2-0 potentiel s'est finalement transformé en 2-2 et, fun fact, ce but refusé n'existe pas sur le résumé officiel). Il y a deux semaines à Lens, il a planté, et cette fois il n'y a pas eu de frustration lors de cette victoire essentielle à Bollaert (3-1).
Régulièrement critiqué pour son manque de projection dans le dernier tiers, Rongier est une valeur sûre de Ligue 1. Peut-être un peu trop. Car perdure toujours cette interrogation : est-ce Rongier qui augmente son niveau ou revient-il dans la boucle car le niveau escompté n'est pas si élevé ? Alors que Jordan Veretout et Mattéo Guendouzi ont participé à la Coupe du monde 2022 et ont été appelés régulièrement par Didier Deschamps malgré leur irrégularité, Rongier, lui, n'est jamais entré dans les plans du sélectionneur. Encensé par tous ses entraîneurs mais finalement considéré comme trop limité pour aller plus haut : Rongier est-il le symbole d'un OM qui peut être valeureux, parfois enthousiasmant, mais au bout du compte trop moyen pour viser les titres ?