Neilson Powless vit à 26 ans la meilleure saison de sa carrière. Vainqueur du Grand Prix La Marseillaise en ouverture de saison au prix d'un festival dans la Gineste et de l'Etoile de Bessèges, 5e du Tour des Flandres, 6e de Paris-Nice et 7e de Milan-San Remo, le Californien installé à Nice (digne d'une chanson de Julien Clerc !) est chez lui sur le Tour de France. L'ambiance survoltée dans chaque côte du Pays basque avec un nombre considérable de fans agitant la fameuse ikurriña a rythmé ces trois premiers jours de course.
Powless a profité à fond de ce périple en Euskadi, lui qui a remporté la Clásica San Sebastián en 2021. Le maillot à pois n'était peut-être pas un objectif initial mais ce paletot est un vecteur de popularité et il offre des excroissances ailées à son porteur. Cette 3e étape ne pouvait pas sourire à un baroudeur, les sprinteurs réclamant leur dû après un weekend à aiguiser leurs canines dans le gruppetto. Néanmoins, il est parti faire les grimpeurs flanqué de Laurent Pichon, vétéran qui ne pouvait espérer meilleur compagnon de fugue.
Dans ce Barrachi de 100 bornes sur les routes espagnoles, le doyen français du peloton (36 ans) a laissé son compagnon prendre les points. Outre le fait qu'il n'avait aucun intérêt de lui faire la peau, Pichon a profité des qualités de showman du Amérindien (il est oneida, un peuple membre de la nation iroquoise), célébrant chaque passage au sommet en levant les bras avec un sourire jusqu'aux oreilles, histoire de remercier les milliers de personnes venus les encourager.
Et parce que c'était un peu Noël avant l'heure pour le coureur d'Arkéa-Samsic, Powless s'est relevé pour laisser Pichon profiter en solitaire du passage le long de la plage de la Concha de San-Sebastián. Bardé d'une musette et de quelques bidons pour ravitailler ses coéquipiers, l'Américain est rentré dans le peloton pour assurer le relais fraîcheur. Ça s'appelle la classe.